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Troisieme situation.

La troisieme situation est de travers, parce que la plume placée presque de côté, produit un aplomb de gauche à droite en descendant. Les lignes A B obliques paralleles qui renferment le jambage, démontrent combien la plume doit être tournée sur le côté du pouce, & les lignes horisontales C D sont voir que l’angle des doigts 1. est élevé considérablement sur celui du pouce, de même que celui du pouce 2. descend en même proportion au-dessous de celui des doigts.

Cette troisieme situation, qui n’est propre à aucune écriture, est cependant utile pour plusieurs lettres tant mineures que majeures, & pour placer les pleins, soit courbes ou quarrés en-dessus & en-dessous, comme j’aurai soin de le faire connoître dans les occasions.

C’en est assez sur les situations de la plume que l’usage & un peu d’application rendront familieres, si l’on observe la position du corps & la tenue de la plume suivant les regles décrites aux explications des premieres planches.

Sur les pleins, les deliés & les liaisons.

La connoissance des effets de la plume dépend de la distinction des pleins, des déliés & des liaisons. On appelle plein, tout ce qui n’est pas produit du tranchant de la plume; il n’importe de quelle situation ce plein soit formé. On nomme délié le trait le plus menu que la plume produise. On appelle liaisons tous les traits fins qui attachent les lettres les unes aux autres. Il est aisé de concevoir que le délié & la liaison ne sont pas la même chose. Les maîtres de l’art les distinguent en considérant que le délié fait partie de la lettre même, au lieu que la liaison ne sert que pour la commencer, la finir & la joindre. Les liaisons dans l’écriture ne doivent point être négligées; elles sont à cet art ce que l’ame est au corps. Sans les liaisons point de mouvement, point de feu, point de cette vivacité qui fait le mérite de l’écriture expédiée.

Toutes les liaisons & quelques-uns des déliés sont produits par l’action du pouce & par l’angle de la plume qui appartient à ce même doigt. Comme cet angle fatigue le plus dans la construction des lettres, c’est par cette raison qu’il est plus long & plus large dans la taille de la plume. Suivant mon principe, toutes les liaisons sont courbes, & elles ont plus de grace que toutes celles qui sont produites par la ligne diagonale. Il y a toutes sortes de liaisons, de rondeurs à jambages, de jambages â rondeurs, de rondeurs à rondeurs, de jambages à jambages, de piés en têtes, & plusieurs autres que l’on pourra remarquer dans les pieces d’écritures & les alphabets liés.

PLANCHE VI.
Des figures radicales.

L’art d’écrire a des élémens primitifs, dont la pratique est indispensable pour acquerir la construction de ceux qui composent tout son ensemble. Ces élémens se réduisent, ainsi que dans le dessein, à deux lignes, qui sont la droite & la courbe; ce sont elles qui servent à produire toutes les formes que l’esprit peut fournir, & que la main peut exécuter.

Sur les deux lignes radicales.

La premiere démonstration expose au trait simple, tant pour la ronde que pour la batarde, entre les deux lignes horisontales A B, les deux élémens qui sont la source de tous les autres; c’est-à-dire les lignes courbes & droites. La premiere C est une ligne droite descendante depuis 1. jusqu’à 2. La seconde D est une partie courbe descendante depuis 3. jusqu’à 4. La troisieme E est une autre partie courbe en remontant depuis 5. jusqu’à 6. Enfin la quatrieme F est encore une ligne droite en remontant depuis 7. jusqu’à 8. On a choisi avant d’en venir aux effets de la plume, la démonstration du trait simple, comme étant celle qui peut donner une idée plus précise de ces deux lignes primordiales.

De la réduction des deux lignes aux pleins.

Pour réduire ces lignes originaires aux pleins conve-

nables, il faut les exécuter suivant l’art. Cette exécution est aussi simple que naturelle. De toutes les figures renfermées dans les lignes horisontales A B, on commence par celle du C, qui est droite pour la ronde & penchée pour la batarde & la coulée, & au chiffre 1. en descendant & en pliant verticalement les doigts, la plume étant dans la situation requise à l’écriture que l’on veut tracer, pour finir au nombre 2. La figure D courbe se commence par le trait délié 3. de droite à gauche en descendant & en pliant les doigts, observant à l’étoile qui est au centre & où se trouve le plein de la plume, de retirer insensiblement sur la droite (plus pour la ronde que pour la batarde & la coulée) en pliant les doigts sur le poignet pour arrondir & finir par le trait délié 4. La figure E courbe se commence par le trait délié 5. en remontant & en allongeant les doigts, de maniere qu’à l’étoile placée au centre, on arrondit davantage sur la gauche en y poussant la plume avec modération (plus pour la ronde que pour les autres écritures), pour terminer enfin par le trait délié 6. La figure F est une ligne droite qui prend sa naissance au nombre 7. & qui va en remontant & en allongeant les doigts pour finir au chiffre 8.

C’est de tous ces élémens que dérivent les caracteres de l’écriture; & il est de l’ordre des choses de faire connoître que c’est de l’attention que l’on aura eu de les bien peindre, que résulte un caractere régulier. Il n’est pas besoin d’expliquer combien l’usage en est essentiel. A la vue d’un simple alphabet, on distinguera que toutes les lettres en sortent; que tout jambage perpendieulaire ou penché naît des figures droites; que toutes parties concaves ou convexes, soit droites ou penchées, proviennent des figures courbes. Que de la jonction des deux lignes radicales sont émanées aussi toutes les lettres mineures à têtes & à queues, passant au-dessus & au-dessous d’un corps d’écriture, & que les majeures mêmes en tirent leur origine.

Sur la démonstration de la ligne mixte.

La ligne mixte n’est point une figure radicale comme plusieurs l’ont prétendu. Tous les Géometres la définissent une ligne composée de parties droites & courbes. Suivant ce raisonnement, cette ligne ne peut être radicale, puisque les lignes courbes & droites en font l’essence. Quoi qu’il en soit, il faut convenir que l’exercice de cette figure après celles dont je viens de parler, est très-propre à conduire aux lettres majeures, parce qu’elle donne de la fléxibilité aux doigts. Pour parvenir à l’exécution de cette ligne, on doit la considérer sous trois formes entre quatre lignes horisontales A B: dans son rapport avec les figures radicales; dans la disjonction de ses parties, & dans sa construction totale. Expliquons mieux tous ces objets. Dans le premier exemple C la ligne mixte qui est au simple trait se trouve dans la démonstration conforme à son origine. On voit que la courbe du haut 1. produit un cercle sur la droite, de même que la courbe du bas 2. produit un cercle sur la gauche. Le centre 3. expose la ligne droite qui est très-nécessaire à cette figure. La démonstration simple de cette ligne étoit à sa place; elle sert de préparation à l’exemple D, où les trois parties distinctes & au plein de la plume font plus d’impression. Dans l’exemple E la ligne est rendue dans tout son effet. Elle commence par un trait délié 1. de droite à gauche, en courbant & en formant dans la descente sans cesser de plier les doigts l’aplomb 2. pour arrondir ensuite insensiblement sur la gauche, & terminer par le trait délié 3. On observera que dans la ronde la ligne mixte doit être perpendiculaire & penchée, ou sur la ligne oblique dans les autres écritures.

Sur le mouvement que la main doit conserver en écrivant.

La vîtesse dans l’écriture est l’ouvrage de la pratique & du tems. Une main qui commence à écrire ne doit pas se précipiter; elle ne doit pas non plus agir avec trop de lenteur. Ces deux contrastes produisent un effet également dangereux. La précipitation donne une écriture inégale & sans principes; la grande lenteur, un caractere pesant, tatonné, & quelquefois tremblé. Il faut donc