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ALPHABETS ANCIENS. 17

La langue chinoise, nonobstant plusieurs défectuosités qu’on peut y remarquer, est belle & très-expressive ; sa beauté consiste principalement dans un laconisme, qui à la vérité n’est pas peu embarrassant pour un étranger, mais elle mérite d’être apprise, & son étude même est amusante pour un philosophe qui cherche à approfondir la maniere dont les choses ont été perçues par des hommes séparés de nous, de tout l’hémisphere. Elle le mérite encore davantage par le nombre d’excellens ouvrages en tout genre qu’elle peut nous procurer, & dont nous avons déja un assez grand nombre à la bibliotheque du roi. Cette langue, par la maniere dont elle est construite, pourroit être adoptée pour une langue universelle, & sans doute que M. Leibnitz n’en eût pas cherché d’autre, s’il l’eût connue.

Un Chinois, nommé Hoang-ge, par ordre de Louis XIV. avoit commencé une grammaire & un dictionnaire de cette langue ; mais ces travaux demeurerent imparfaits par sa mort arrivée en 1716. Feu M. Fourmont l’aîné chargé de les continuer, publia en 1737 les Meditationes Sinicæ, dont nous avons parlé, & en 1742 une grammaire chinoise

fort ample. Reste le dictionnaire qui est plus essentiel encore pour l’intelligence de cette langue ; il y a lieu d’espérer que la paix dont nous jouissons, nous en procurera la publication ; la magnificence du roi a déja levé tous les obstacles ; la gravure de plus de 200000 caracteres, exécutée sous les yeux de M. Fourmont, y est plus que suffisante pour y parvenir.

C’est à M. des Hauterayes que nous sommes redevables de ces explications, & de la plus grande partie des alphabets contenus dans nos Planches. La moindre reconnoissance que nous puissions lui donner, c’est d’avouer toutes les obligations que nous lui avons. Il a veillé même à la gravure des Planches ; & ceux qui ont quelque idée de ce travail, savent combien il est pénible. Si on compare notre collection, ou plûtôt la sienne, avec ce qu’on a publié jusqu’à présent, soit en France, soit en Angleterre, & qu’on ait quelque égard à la difficulté de se procurer des matériaux certains, & de s’assurer qu’ils le sont, & à la loi que M. des Hautrayes s’est imposée, de n’enfler ce recueil d’aucun alphabet particulier, fictif ou hasardé, j’espere qu’on le trouvera plus riche qu’on ne pouvoit l’espérer.