chefs-d’œuvre n’en ont point; ils auroient occupé moins utilement la place des trésors qu’ils contiennent, & par conséquent auroient privé l’homme de goût des productions des grands maîtres qui s’y remarquent. Il est vrai qu’il n’en est pas de même d’un appartement d’habitation, principalement de celui destiné à une princesse. Aussi M. Contant en a-t-il usé, mais avec cette discrétion qui décele l’homme de génie & l’homme instruit de la convenance de son art & des grands principes de sa profession.
Cette décoration est du meilleur genre. De belles parties, des détails heureux, des matieres précieuses, des étoffes de prix, tout concourt à procurer à cette piece une très-grande magnificence; les ornemens d’ailleurs nous ont paru assez intéressans, pour que nous en donnassions la plus grande partie dans les Planches XXXVI. & XXXVII. mais ce que nous n’avons pu rendre, sont les beautés de l’exécution considérées séparément dans chaque genre, & qui doivent exciter la curiosité des amateurs & des artistes élairés.
Cette Planche fera connoître une des meilleures décorations en ce genre, qui se soit vûe jusqu’à présent dans l’intérieur de nos appartemens. Les quatre colonnes qui se remarquent ici, dont deux placées sur un plan différent, donnent à cette ordonnance un caractere grave, qui n’ôte cependant rien à son élégance. La forme du plan (voyez ce plan, Pl. XXXV.) contribue même à ajouter de la beauté à cette décoration, & à contenir le lit avec la dignité qui lui convient; d’ailleurs la forme de ce lit, la richesse de ces étoffes, la balustrade qui le renferme, les glaces qui sont placées dans les pans coupés, la forme ingénieuse des chapiteaux & des cannelures de l’ordre, enfin l’exacte régularité de chaque partie, tout dans ce dessein fait le plus grand plaisir. Cette belle piece est terminée par une corniche composée d’ornemens d’un excellent genre, & dont on trouvera les desseins pour la plus grande partie, Planche XXXVII.
La forme des plans contribuant essentiellement à la beauté de la décoration intérieure, nous avons rassemblé sur la même Planche les trois plans des décorations précédentes. Ces trois plans font connoître les difficultés que M. Contant a été obligé de vaincre, pour rendre ces décorations régulieres dans autant de cages irrégulieres; obstacle qui exige dans un architecte le génie de son art, pour procurer en particulier à chacune de ces pieces les commodités qui leur sont nécessaires; commodités qui font aujourd’hui une des parties essentielles de notre distribution.
Le genre mâle que la plûpart de nos architectes cherchent aujourd’hui à donner à nos ornemens, leur a semblé néanmoins ne pas devoir exiger ce caractere de pesanteur que nos anciens ont affecté dans les dedans des appartemens, ni cette prodigalité de petites parties que nous avons déjà reprochée à la plûpart de nos sculpteurs en bois, mais un juste milieu entre ces deux excès, parce qu’ils ont senti enfin que les décorations intérieures doivent être agréables; que rien n’y doit paroître lourd ni dans les masses ni dans les détails; que même il étoit nécessaire de réveiller leur ordonnance par un peu de contraste, pourvu qu’il ne fût point outré; le contraste dont plusieurs ont abusé quelquefois, n’ayant en-
Ces deux dernieres Planches offrent les plans & les décorations intérieures d’un escalier bâti sur les desseins de M. Franque, architecte du roi, à l’abbaye de Vaux-luisant. La simplicité qui regne dans son ordonnance, sans être pauvre, la proportion des membres qui y président, un certain caractere de fermeté qui se remarque dans les profils, la forme ingénieuse des rampes & du contour des marches qu’il a fallu assujettir à la hauteur du premier étage, en conservant un palier au milieu, sont les motifs qui nous ont portés à préférer cet exemple à tout autre d’une distribution plus compliquée. D ailleurs l’Architecture françoise offrira à nos lecteurs plus d’un modele en ce genre, & plusieurs monumens considérables, qui accompagnés des descriptions que nous avons été chargés d’en faire, pourront contribuer à développer les connoissances des jeunes artistes. Au reste, ce sera au public éclairé à juger des observations répandues dans l’un & l’autre ouvrage; au-moins l’assûrons-nous de notre impartialité. La meilleure preuve que nous en puissions donner, c’est le choix des productions que nous lui offrons ici, & la réputation que se sont acquis les habiles artistes qui ont la meilleure part en cette collection.
Fig. 1. Voûte annulaire dont le plan est un cercle.
2. Arc rampant dont les impostes ne sont point de niveau.
3. Arc de cloître. A, B, C, portions de berceaux.
4. Voûte d’arrête.
5. Arriere-voussure de la porte Saint Antoine.
6. Arriere-voussure de Montpellier.
7. Ceinture pour soutenir les voussoirs pendant la construction d’une voûte. A B, entrait qui répond au niveau des impostes. C, poinçon qui répond au dessous de la clé; les autres pieces servent à soutenir les dosses sur lesquelles on construit la voûte.
8. Compas d’appareilleur. A E, la branche femelle, fendue depuis A jusqu’en B, pour recevoir la partie A D de l’autre branche A C.
9. Dégauchissement d’une pierre; il se fait avec les deux regles A B, C D, que l’on place dans des ciselures pratiquées à la pierre dont on taille toute la surface selon la direction du fond de ces ciselures.
10. Développement. A, doele. B, paneaux de lit. C, paneaux de tête.
Fig. 11. Double coupe de la plate-bande A B C D d’un pallier. P, point de concours des joints m n, m n. R, point de concours des joints n o, n o. G, point de concours des joints de lit des claveaux du plat-fond.
12. n. 1. Epure d’un berceau cylindrique.
12. n. 2. Epure d’un claveau de voûte cylindrique. c, d, g, h, la doele entourée des paneaux de lit & de tête, désignés par les autres lettres.
13. Fausse coupe dans un berceau cylindrique.
14. Bonne coupe d’une plate-bande A B.
15. n. 1. Fausse coupe apparente d’une des plates-bandes des fenêtres & portes du Louvre.
15. n. 2. Clé de la plate-bande en perspective.
15. n. 3. Un des autres voussoirs.
16. Direction que doit avoir le fil ou lit de la pierre dans un voussoir.
17. Liaisons des pierres dans un mur.
18. Voûte gothique: les nervures qui répondent au--