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NOI NOI


à ce qu’il m’a paru, dans le calcaire, & ses fruits sont meilleurs & plus abondans au levant & au midi. Vingt ou trente pieds de haut, sur six-pouces de diamètre, sont le maximum de sa croissance, qui est très-accélérée dans sa jeunesse & fort retardée dans sa vieillesse. Son bois, qui pèse quarante-heuf livres un gros par pied cube, est rougeâtre, peu susceptible de poli, mais très-élastique. On l’emploie principalement à brûler, à faire des cerceaux, des échalas, des harts. Son altération à l’air & dans l’eau est très-rapide. Le feu qu’il donne est peu actif. Son charbon est très-propre à la fabrication de la poudre de guerre.

Malgré les services que l’économie rurale peut retirer du noisetier, il doit être regardé comme un arbre nuisible, parce qu’il prend la place des arbres d’un usage plus avantageux & qu’il les empêche de se reproduire par son ombre. Arracher ses trochées est extrêmement coûteux ; c’est cependant le seul moyen de l’extirper lorsqu’il est dominant, & il l’est souvent ; aussi l’emploie-t-on rarement. Il est plus facile de le détruire, lorsqu’il est moins multiplié que le chêne, que le hêtre, que le charme, que le frêne, parce qu’en le coupant plusieurs fois dans l’intervalle d’une recrue de ces derniers, il est étouffé par l’ombre toujours croissante de cette recrue. Des glands, & encore mieux des faînes, semés entre ses trochées, l’année qui précède sa coupe, est encore un bon moyende le détruire, mais il est plus lent. Je dis des faînes, parce qu’il m’a paru qu’il prospéroit moins dans les bois composés de hêtres que dans les autres.

Le dernier arbre qui se conserve dans les forêts détruites par le gaspillage des arbres & par la dent des bestiaux, est le noisetier ; c’est pourquoi on le voit couvrir presqu’exclusivement tant de montagnes jadis boisées & aujourd’hui abandonnées au parcours. Là il ne s’élève pas au delà de quelques pieds, mais il donne en abondance d’excellentes noisettes, & il peut se couper avantageusement pour chauffer le four, cuire là chaux, &c., tous les cinq a six ans. Les moutons & les chèvres mangent ses feuilles au printemps, mais il paroît que les vaches & les chevaux n’y touchent jamais. Plus le terrain est mauvais, plus il convient de le couper souvent. Ce n’est que dans les grands bois en bon fonds qu’il devient propre à la fabrication des cercles. On prétend qu’il est meilleur coupé en automne que pendant l’hiver.

Il est agréable & utile de planter beaucoup de noisetiers dans les massifs des jardins paysagers ; en ce qu’ils font décoration & que leurs fruits font plaisir aux promeneurs. Quelques pieds en buisson, au milieu des gazons ou sur le bord des allées, n’y sont jamais de trop. Leurs chatons mâles sont d’un aspect élégant à la fin de l’hiver, lorsqu’ils pendent avec grâce à l’extrémité des plus foibles rameaux.

Dans les jardins français, les noisetiers ne trouvent de place que contre les mûrs exposés au nord ; ils en cachent la nudité, & donnent, en les laissant monter, une abondante récolte de noisettes, mais alors on préfère l’espèce suivante, comme portant des fruits plus agréables au goût & plus faciles à casser.

On trouve dans les bois un grand nombre de variétés de noisettes, auxquelles on fait généralement peu d’attentions ; mais on a toujours régardé comme en faisant partie les déux espèces suivantes.

Je ne citerai donc ici, comme variétés de celle-ci, que la noisette à trochets ou à grappes, fort peu importante, & la noisette d’Espagne, qui est quelquefois grosse comme le pouce, mais qui le plus souvent ne contient pas d’amande.

Tout le monde aime la noisette, surtout quand elle est fraîche ; en effet, elle est une des productions alimentaires de l’Europe la plus agréable au goût. Les enfans sont toujours heureux lorsqu’ils en ont à leur disposition, principalement lorsqu’ils vont à sa recherche dans les bois. Cependant elle est d’une digestion difficile, & les estomacs affoiblis doivent s’en priver. Lorsqu’elle est sèche, la pellicule qui la recouvre excite dans le gosier un picotement fatigant. On en retire une huile douce, qu’on utilise comme celle de l’Amande. Voyez ce mot.

Les noisettes qu’on veut conserver pendant l’hiver, doivent n’être cueillies qu’à leur extrême maturité, qu’on réconnoît à la couleur de leur coque, alors devenue brune, & à la facilité avec laquelle elles se séparent de leur cupule. C’est dans du sable exposé en plein air qu’elles s’altèrent le plus lentement. Lorsque, ainsi que cela a cependant lieu le plus généralement, on les dépose dans des sacs, non-seulement elles prennent avec plus d’intensité l’âcreté dont je viens de parler, mais elles rancissent, ce qui les rend impropres à être mangées.

La larve d’un charançon vit aux dépens des noisettes, & en fait perdre, certaines années, d’immenses quantités.

La multiplication du noisetier a lieu dans nos jardins prèsqu’exclusivement par les rejets, qui poussent toujours en grande quantité du collet de ses racines, & qui suffisent bien au-delà aux besoins du commerce. Il peut fêtre avec la mèmé facilité par ses marcottes, qui, faites avec du bois de l’année précédente, prennent racines dans le courant de l’été, pour peu que le terrain soit humide & chaud, & par des tronçons de ses moyennes racines. La voie du semis est la moins fréquemment employée, parce que ses résultats se sont attendre plus long-temps ; cependant, c’est celle qu’on doit préférer lorsqu’on veut couvrir un terrain de noisetiers, puisqu’elle est la moins coûteuse, & que ses produits étant pourvus d’un pivot, vont chercher leur nourriture à une plus grande profondeur. On l’effectue, ou au moment de la chute des noisettes, & alors on a à