Page:Encyclopedie Methodique - Agriculture, T07, 1821.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée
230
BUI BUI

roient des branches qui rivalisent de grosseur avec celle qui est la plus directe ; alors on les couperoit à quelque distance du tronc, à deux ou trois pouces, par exemple. Par cette opération, qui reporte dans la tige la plus droite la séve qui en étoit déviée, on accélère singulièrement le grossissement de ce tronc. Voyez Taille en crochet.

Tout buis coupé est exposé à se fendre, & lorsqu’il l’est pendant qu’il est en végétation, il se fend bien plus. On diminue les effets de ce grave inconvénient en le déposant, immédiatement après, qu’il est coupé, dans une cave obscure pendant trois, quatre & cinq ans, après quoi on le débarrasse de son aubier & on le garde dans des magasins également obscurs, jusqu’au moment de son emploi.

Souvent aussi on fait tremper le buis dans l’eau, soit froide, soit chaude, pour l’empêcher de se fendre ou de se déjeter, & cette opération remplit presque toujours son objet.

Le bois de buis est jaune, d’un grain très-fin, susceptible du plus beau poli. Il pèse vert 80 liv. 7 onces, & sec, 68 liv. 12 onces 2 gros le pied cube.

Le buis de Mahon croît naturellement dans les îles Baléares, & probablement sur la côte d’Espagne qui en est voisine, car il vient de Cadix un buis d’un jaune plus vif qui en provient sans doute, & les îles Baléares ne sont pas assez étendues pour le fournir seules au commerce. Ce buis se distingue du commun par ses feuilles plus grandes & plus roides, par ses rameaux toujours érigés, & parce qu’il craint beaucoup plus les gelées du climat de Paris, où on le cultive beaucoup depuis une quarantaine d’années. Ses effets dans les jardins paysagers ne sont pas si agréables que ceux de celui dont il vient d’être question : aussi se contente-t-on d’y en planter quelques pieds. On le multiplie presqu’exclusivement de boutures faites dans des pots sur couche & sous châssis, boutures qui s’enracinent dans les deux premiers mois, & qu’on peut repiquer, à cette époque, dans d’autres pots qu’on rentré dans l’orangerie aux approches de l’hiver. Ce n’est qu’à leur troisième année qu’on doit hasarder de mettre ces pieds en pleine terre.

Comme cette espèce paroît croître plus rapidement & s’élever davantage que le buis commun, il seroit probablement d’un grand intérêt national d’en entreprendre la culture sur les côtes françaises de la Méditerranée, où il prospéreroit sans doute.

BUISSON (Arbres en). C’est ainsi que les jardiniers appellent les arbres à fruits dont la tige est basse & dont les branches sont disposées par la taille, de maniéré à représenter un entonnoir. Les Poiriers & les Pommiers d’abord, puis les Abricotiers, sont ceux qui se prêtent le mieux à cette disposition.

On donne le nom d’Arbres vases & d’Arbres gobelets à des formes qui diffèrent peu de celles-ci, & qui se dirigent de même dans toute la durée de leur existence.

Nos pères faisoient un grand cas des arbres en buisson, & les vieux jardins en sont encore garnis ; mais comme ils tiennent beaucoup de place, donnent beaucoup d’ombre, offrent beaucoup de difficultés dans leur taille & sont peu agréables à l’œil, quand ils sont trop rapprochés dans les carrés, on les remplace presque partout aujourd’hui par des demi-tiges à tête naturelle ou peu altérée, par des Quenouilles, des Pyramides, des Nains. Cela est fâcheux, parce qu’ils sont très-productifs.

Quoi qu’il en soit, il m’est indispensable de donner ici les règles de la première formation des arbres en buisson, & de la taille qu’ils exigent lorsqu’ils sont formés.

Pour disposer un arbre à cette forme, on choisit, dans la pépinière, les sujets greffés depuis deux ans, soit à quelques pouces, soit à quelques pieds de terre, selon l’objet qu’on a en vue, dont la pousse est la plus vigoureuse ; on en coupe la tige à cinq ou six yeux au-dessus de la greffe ; l’année suivante ces yeux ont poussé autant de bourgeons, dont on ne conserve que quatre ou cinq, en supprimant le plus bas ou le plus haut selon la disposition des autres. Ces bourgeons tenus écartés du tronc, & les uns des autres, au moyen d’un cercle de bois, devenus branches, après avoir été, l’hiver suivant, taillés sur deux yeux, donnent huit ou dit bourgeons également écartés du tronc, & entr’eux, par un second cercle plus grand que le premier, & ils sont également taillés à deux yeux l’hiver d’après, ce qui donne seize ou vingt bourgeons qu’on soumet aux mêmes opérations, après quoi l’arbre n’a plus besoin que des tailles annuelles, parfaitement analogues à celles qui se donnent aux Espaliers, Pyramides, &c. Arrivé à ce point on ne conserve les cercles, & principalement le dernier, que pour assurer la constance de la direction forcée des branches.

Tous ces cercles sont successivement attachés à des pieux fichés en terre, d’autant plus loin du tronc qu’on veut donner au buisson une plus grande ouverture. Cette ouverture varie selon le terrain, suivant l’espèce ou la variété, ainsi que suivant le sujet. Ainsi, elle est plus grande dans les bons terrains, pour les poiriers en général, pour ceux qui sont greffés sur franc.

Les attaches des jeunes branches à ces cercles doivent n’être pas assez serrées pour les étrangler. Lorsqu’on est obligé de leur donner une direction trop forcée, on les garantit de l’action de ces attaches au moyen d’un tampon de mousse.

Pendant les quatre années on donne un fort labour d’hiver & deux d’été, au terrain où ces arbres sont plantés.

Mais il ne suffit pas, les deux dernières de ces