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40 DISCOURS

Plus les plantes ont de la facilité à pousser leurs tiges en dehors, plus elles s’inclinent aisément à la lumière.

L’inclinaison des plantes à la lumière est donc en raison composée de leur jeunesse, de la distance où elles sont de la lumière, de la manière dont leurs germes sont posés, de la couleur des corps devant lesquels on les élève, & du plus ou moins de facilité que leurs tiges trouvent à sortir de terre. Il y a telle circonstance où cette inclinaison est de plus de quatre-vingt degrés, comme je m’en suis assure en les mesurant dans un grand nombre de plantes.

Des faits, dont ce qui précède est extrait, j’en déduis encore les conséquences qui suivent :

1.° De quelque côté qu’on place des plantes qu’on élève, elles se tournent vers la lumière ; si on les dérange de leur penchant naturel en plaçant les vases en sens contraire, d’abord leurs extrêmité, plus tendre que le reste, se retourne ; le surplus de la tige prend, mais lentement & successivement, la même direction. Les feuilles se renversent lorsqu’elles sont à une certaine hauteur, & la plupart du côté de la lumière. Si on coupe les tiges jusqu’à la racine, elles repoussent de nouveau ; mais il n’y en a que quelques-unes qui s’inclinent, parce qu’elles acquièrent plus de force.

2.° Que ce soit à la surface de la terre, ou dans des caves ; que ce soit dans des appartemens très-éclairés, ou dans des endroits sombres, qu’on semé des graines, les plantes qu’elles produisent se penchent toujours vers la lumière, parce qu’il paroît que les végétaux en ont besoin. Ce besoin se manifeste singulièrement à l’égard des arbres des forêts. On voit ceux qui se trouvent sur les bords se pencher du côté le plus frappé de lumière ; ceux qui les avoisinent s’en rapprochent, & ceux qui sont environnés de beaucoup d’autres, s’élèvent au-dessus pour recevoir l’impression de la lumière, ou périssent s’ils ne peuvent y parvenir. C’est peut-être autant en facilitant la distribution de la lumière, qu’en procurant des courans d’air, que des percées faites dans les bois en favorisent la végétation.

3.° Comme la lumière est une, & que ses différentes modifications n’altèrent point son essence ni ses propriétés, les plantes, qui croissent devant la lumière réfléchie par des miroirs, s’y inclinent aussi, non pas, à la vérité, aussi fortement que vers la lumière directe. La flamme d’une chandelle ne me paroît être autre chose que la lumière du jour dans un état différent ; il n’est pas étonnant que j’aie vu des plantes s’incliner vers cette espèce de lumière, moins fortement, sans doute, que vers la lumière du jour réfléchie. Au reste, si j’avois employé une flamme plus considérable, l'inclinaison auroit, sans doute, été plus grande.