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PRELIMINAIRE. 39

Toutes les plantes n’ont pas une égale disposition à être élevées dans les souterreins, qui sont les endroits qu’on peut rendre les plus obscurs. Il y en a qui n’y croissent pas, d’autres ne peuvent s’y soutenir, d’autres enfin s’y élèvent plus facilement.

La lumière de la lune entretient dans les végétaux la couleur verte qu’ils reçoivent de la lumière du jour, puisque des plantes qui avoient passé les nuits dans des lieux très-obscurs étoient moins vertes que celles qui étoient exposées la nuit à la lumière de la lune.

Des plantes ayant végété devant des verres, dont trois colorés, celles qui étoient devant un verre blanc ont paru les plus vertes ; celles qui avoient poussé devant un verre jaune foncé se trouvoient moins verres que celles qui étoient devant un carreau de verre jaune clair de un carreau bleu, parce que ces derniers laissoient passer plus de lumière que le carreau jaune foncé.

Si c’est en raison du plus ou moins de lumière que les plantes sont plus ou moins vertes, pourquoi, dira-t-on, quand le vent du nord souffle, long-tems en été, les bleds sont-ils plus verds que quand d’autres vents soufflent ? dans, ce cas il n’y a pas plus de lumière ; pourquoi des plantes situées au nord, ou à l'ombre des arbres, sont-elles plus vertes, quoiqu’elles reçoivent moins de lumière ? Je répondrai qu’indépendamment de la lumière, la verdeur des plantes est dûe aussi au rallentissement de leur végétation & à la fraîcheur dans laquelle se trouvent leurs racines. Tant que le vent du nord souffle, la végétation ne fait pas de progrès vers la maturité, époque de la dessiccation de de la décoloration. Il faut, outre la lumière, une certaine humidité, sans laquelle la couleur verte ne se soutient pas.

A l’égard du second phénomène, de celui de l'inclinaison des plantes vers la lumière appellée nutation, il résulte de mes expériences nombreuses & variées, les vérités suivantes :

Plus les tiges des plantes sont près de leur naissance, plus elles s’inclinent vers la lumière.

Plus celles qu’on élève dans des vases sont éloignées de la lumière, plus elles ont de penchant pour s’y porter.

Celles qui croissent devant des corps dont les couleurs absorbent ou réfléchissent peu les rayons de la lumière, ont vers elle une inclinaison plus considérable.

La position du germe des semences est encore une des causes de la différence de l'inclinaison de leurs tiges vers la lumière : dans le froment, par exemple, la jeune tige qui sort du germe se prolonge le long de la rondeur. Il arrive de-là que si l’on dispose des grains sur la rainure, le germe étant opposé à une fenêtre, ils ont naturellement du penchant pour s’y diriger.