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38 DISCOURS

tité. Le froid resserre les arbres ; ce ne peut être que parce qu’il en soustrait une partie de la matière ignée ; on est assuré que ces végétaux conservent toujours quelques degrés de chaleur, quand l’atmosphère même est très-refroidie. Dans le tems où la terre, auparavant saisie par la gelée, est couverte de neige, on voit souvent au pied des gros arbres un espace circulaire où elle fond presque assi-tôt ; ne peut-on pas croire que la cause en soit un peu de restée dans les racines ? Un jour viendra que quelque physicien trouvera le moyen de calculer la quantité de matière ignée contenue dans les végétaux comme principe nutritif. Le travail ne sera pas facile à cause de la subtilité de cet agent qui, en s’échappant d’un corps, pénètre aussi-tôt tout ce qui l’environne.

L’éthiolement des plantes privées de la lumière, & le penchant qu’on voit à celles qui en sont éloignées pour se diriger vers cet élément, ont fait connoître aux physiciens observateurs qu’il influoit sur la végétation. Ray a parlé un des premiers de l’éthiolement des plantes & de sa cause. MM. Bonnet, Duhamel & Meesse ont fait des expériences pour éclaircir ces deux phénomènes ; j’apprends que M. Senebier s’en est aussi occupé ; mais les recherches des premiers n’ayant pas été poussées aussi loin qu’elles pouvoient l’être, j’ai cru devoir suppléer au moins à une partie de ce qui leur manquoit. Je me contenterai de rapporter ici les simples résultats de mes expériences

Les feuilles des plantes qui croissent à la lumière du jour sont en général vertes, à moins que la chaleur ou quelques circonstances de culture ou de maladie, n’en changent ou n’en altèrent la couleur. Celles qu’on élève dans les souterreins s’y éthiolent, c’est-à-dire, y sont d’autant moins vertes qu’il s’y introduit moins de lumière, ou qu’elle y parvient plus obliquement.

Dans les souterreins, les plantes qui reçoivent la lumière directe du jour d’intensité que la lumière directe ou réfléchie. A la réflexion de la lumière d’une lampe, la couleur verte s’affoiblit encore. Peut-être qu’en employant de fortes mêches pour la lampe, on parviendroit à conserver aux plantes une verdeur aussi durable que celle qu’elles ont à la lumière du jour réfléchie. Je ne l’ai pas essayé.

Il n’est pas nécessaire qu’une plante soit très-éloignée de la lumière pour être décolorée, il suffit que la lumière ne tombe pas sur elle.