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PRELIMINAIRE. 37

force du solstice d’été, quand la grande chaleur se fait sentir ; elle décline & s’éteint vers l’équinoxe d’automne, parce que les nuits sont déjà froides. Dans cet intervalle, d’environ six mois, les plantes annuelles, telles que la plupart de celles qui nous nourrissent, accomplissent toute leur végétation ; car celles qu’on sème avant l’hiver restent presque sans végéter pendant cette saison. Les vivaces au printems augmentent leur accroissement, qu’elles suspendent en hiver pour le continuer ensuite.

Il ne faut pas à toutes les plantes le même degré de chaleur ; aussi ne peut-on les cultiver toutes dans le même climat. L’art est parvenu en cela à imiter la nature, autant qu’il est en lui, en faisant croître, d’une manière imparfaite sans doute, des plantes de tous les pays du monde, à l’aide de la chaleur diversement graduée. Hales a placé dans sa statique des végétaux une table de degrés de chaleur qui conviennent en Angleterre à un certain nombre de plantes étrangères, originaires des pays chauds. Une belle remarque, qui ne sera pas déplacée ici, & qu’on trouve dans un mémoire de M. Laurent de Jussieu, troisième volume des mémoires de la société de médecine, c’est que sous les mêmes parallèles du globe, soit en comparant chacun des deux continens avec lui-même, soit en comparant l’un avec l’autre, on retrouve une partie des mêmes plantes, comme on en a des preuves à l’égard des environs de Pékin comparés aux environs de Paris, à l’égard de l’Isle de France, en Afrique, comparée avec l’Isle de Saint-Domingue, en Amérique ; à l’égard du Canada, situé au nord de cette dernière partie du monde, & du détroit de Magellan, qui est à la même distance dans l’hémisphère austral. On en conçoit la raison, c’est que, sous les mêmes parallèles, la même chaleur a lieu. Dans un climat de température égale, il y a des plantes qu’il faut placer au midi, d’autres au levant, d’autres au nord, parce qu’elles ont encore besoin qu’on nuance pour elles les degrés de chaleur ; il y en a qu’on semeroit inutilement de bonne-heure au printems, elles ne lèvent que quand la terre est suffisamment échauffée : on y supplée quelquefois, pour les avancer, en les faisants venir sur des couches de fumier chaud, & sous les cloches qui concentrent les rayons du soleil. On peut établir cette vérité, que sans chaleur, point de végétation. J’ai vu dans le mois de juin, par des jours chauds, des tiges de froment s’élever de deux pouces en vingt-quatre heures. La vigne, à cete époque, croît encore avec une rapidité plus sensible.

La matière du feu s’introduit par-tout. Quoiqu’il n’y ait pas d’expériences qui constatent qu’elle entre dans la composition des végétaux, parce qu’on ne peut l’en retirer comme l’air & le principe aqueux, néanmoins on ne doute pas qu’elle n’y soit répandue en grande qua-