Page:Encyclopedie Methodique - Agriculture, T01, 1787.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée
36 DISCOURS

plantes contiennent beaucoup d'air & plus ou moins les unes que les autres, ajoutons ce qui se passe sous nos yeux dans la végétation. Les fleurs qui s'élèvent dans nos appartemens, où la portion de l'atmosphère qui y est renfermée est trop raréfiée par la chaleur, n'ont qu'une existence fragile & éphemère. On ne voit guère réussir les semis & plantations qu'on fait dans des endroits où l'air ne circule pas librement, comme au milieu d'un bois. En élaguant des arbres qui arrêtent le cours de l'air, ceux qui en étoient privés poussent avec plus de vigueur.

Il en est de l'air comme de l'eau à l'égard des plantes ; aux unes il en faut beaucoup, aux autres il en faut moins, quelques-unes n'en ont besoin que d'une petite quantité. Les graines, qu'on appelle céréales, ne viennent bien qu'en plein air: on voit, à la surface des eaux, les extrêmités de certaines plantes qui s'élèvent pour y pomper seulement un peu d'air ; des racines, telles que les trufles, grossissent dans la terre, où elles ne reçoivent qu'une foible impression de cet élément. L'air se modifie, condensé dans les plaines, humide au-dessus des marais, sec aux environs des terrains sablonneux, froid dans le nord & chaud dans le midi, il est approprié aux diverses plantes qu'on doit cultiver dans les climats & dans les positions où elles se plaisent. Car si un air de la même qualité ne convient pas à tous les hommes, il ne convient pas davantage à toutes les plantes. Je n'entrerai pas ici dans les distinctions que la chimie moderne fait des différens fluides qui composent l'air atmosphérique. Ce seroit m'éloigner de mon objet, lorsque je dois craindre déjà de trop m'en écarter.

Le feu, l'ame de la nature, est disséminé par-tout. Il se manifeste par la chaleur, qui a d'autant plus d'intensité, que les rayons du soleil frappent plus perpendiculairement la terre. Dans la zone torride, la chaleur, comme on fait, est toujours brûlante. Entre les tropiques, &, à mesure qu'on s'éloigne de l'équateur, elle diminue sensiblement, mais elle éprouve, sous ces zones, des variations annuelles qui dépendent de l'ascension du soleil. La végétation est subordonnée aux mouvemens apparens de cet astre, ou, ce qui est la même chose, à la chaleur plus ou moins forte que son approche excite, selon la distance des climats. Il y a des pays que le soleil ne peut jamais échauffer ou n'échauffe que très-peu ; il y a qu'il échauffe une grande partie de l'année. Sans nous écarter de la France, nos provinces du nord ont des hivers de plusieurs mois, tandis que celles du midi n'en éprouvent que de très-courts. Ordinairement c'est vers l'équinoxe de printems que le froid, totalement retiré, est remplacé par un commencement de chaleur ; la végétation se renouvelle alors ; elle est dans sa