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Les arrosemens sur une terre trop altérée ne produisent que peu d’effet ; l’eau coule sur la surface sans la pénétrer, ou s’insinue dans les gersures, & descend à une trop grande profondeur pour quelle puisse profiter aux racines des plantes ; dans ces circonstances, il convient de bassiner légèrement la terre à plusieurs reprises avec l’arrosoir à pomme, & particulièrement le soir. La couche végétale s’imbibe alors beaucoup plus aisément, & conserve plus long-tems l’humidité.

Les tems de sécheresse & les froids altèrent les fruits & leur font perdre de leur grosseur & de leur qualité ; la quantité même dont un arbre est chargé produit aussi le même effet. Dans les jardins, on est souvent à portée de remédier à ces inconvéniens en arrosant à propos, en couvrant les plantes pendant l’hiver, & sur-tout vers la fin, & en éclaircissant les fruits à leur naissance sur les arbres qui en sont trop chargés.

A l’égard de l’altération causée au jeune bois par des grêles, des froids tardifs, &c. il n’y a guère d’autre remède que de supprimer les branches altérées. Cependant, si ces plaies ne sont pas trop nombreuses, on peut quelquefois parvenir à les guérir en les couvrant de ferre franche mêlée avec de la fiente de vache ; mais cette opération minutieuse ne peut guère être employée que pour des végétaux rares & précieux. (M. Thouin.)

ALTERNANTE. Alternanthera, nouveau genre de plante établi par Forskaoel, & qui fait partie de la famille des Amaranthes. Il n’est encore composé que d’une espèce.

Alternante triandique.

Alternanthera triandra. La M. Dict.

C’est une plante rampante dont les fleurs sont rassemblées en petites têtes, & viennent dans les aisselles des feuilles ; elles sont d’un blanc roussâtre peu agréable. Cette plante croît en Arabie & en Egypte, dans les environs de Rosette. Elle n’a point encore été cultivée en Europe. (M. Thouin.)

ALTERNER.

Ce mot signifie faire des choses différentes, tour-à-tour, ou les unes après les autres. On le trouve depuis quelque tems dans les livres d’agriculture, où il est employé seulement pour exprimer la conversion des prairies en terres labourables, & celles des terres labourables en prairies.

Je distingue en agriculture plusieurs manières d’alterner. La première est celle par laquelle, dans le même champ, on cultive des grains de diverse nature, de façon que les uns succèdent aux autres & reviennent à leur tour, soit sans interruption, soit après une ou quelques années de repos. Je n’examinerai point ici si la suppression des jachères est par-tout praticable & avantageuse ; cet objet sera discuté & approfondi en son lieu. Mais je me contenterai d’exposer comment on alterne dans différens pays & terreins.

Il y a en France des cantons, où tous les ans les terres sont ensemencées. J’en connois même qui produisent deux récoltes dans la même année. On conçoit qu’elles doivent avoir du fond, ou qu’on n’y épargne pas les engrais. Ces cantons sont privilégiés & peu nombreux, les fermages y sont fort chers & les impôts considérables. Les pays de culture commune ont aussi quelques champs qui ne se reposent qu’après un certain tems, ou qui ne se reposent jamais. Ce sont des terreins où il y avoit du bois, qu’on a arraché, ou des terreins situés auprès des habitations appellés courtils, ouches, &c., leur proximité est favorable poiir le transport des engrais : sans frais on y conduit & on y jette toutes les ordures de la maison, & ce qu’on ramasse dans les cours &,dans les rues. Les grains y viennent si forts qu’on est souvent obligé de les effaner, afin qu’ils ne versent pas. Parmi ces champs, les uns rapportent du froment plusieurs années de suite ; les autres produisent sans cesse différentes sortes de plantes. Dans un canton de la vallée d’Anjou, après qu’on a récolté dans un champ toutes les raves d’hiver, on y sème du chanvre au mois de mai, & en automne du froment ; quelquefois deux années de suite du froment, puis, une espèce de latyrus, ou gesse, appellée Jarosse, que les bestiaux mangent en vert, & sans perdre de tems du blé de Turquie, qu’on nomme Italie dans le pays.

Dans la châtellenie de Lille en Frandres, la première année c’est de l’avoine, la seconde du lin, la troisième du froment, la quatrième de l’hivernage, c’est-à-dire, un mélange de vesce & de seigle, qu’on sème avant l’hiver, la cinquième du colsat, & la sixième du froment, avec lequel on sème ou de la tranaine, qui est le trèfle, ou du sainfoin, ou de la luzerne ; ces dernières plantes ne restent en terre que l’année suivante, & sont remplacées par l’avoine. Ce cercle se répète & varie quelquefois, puisqu’on combine de diverses manières les grains que je viens de désigner, & qu’on cultive en outre dans ces riches terreins, les fèves, l’oliette, les choux & les navets. Plusieurs autres parties de la Flandres, &, à ce qu’on assure, une grande partie du Brabant, de la Normandie, de l’Angleterre, du Tirol, du Piémont, de la Lombardie, de la Toscane, ne laissent point reposer leurs terres.

Les cultivateurs des environs de la Châtre en Berry, sèment deux fois de suite du froment dans la même terre. Communément la première année ils retirent soixante-dix boisseaux, mesure de Paris, d’un arpent de 100 perches, la perche étant de 24 pieds. La seconde récolte leur en donne 40. En réunissant ces deux produits, celui de chaque année est de 55 boisseaux, qui font quatre setiers & trois quarts de setier, L’orge de mars, appellée