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PRÉLIMINAIRE.


Si l’on en excepte un ouvrage de M. Vitet, médecin de Lyon, & les notes de Bourgelat sur Barberet, les autres livres qui traitent de la médecine vétérinaire ne méritoient que peu d’attention. Avec d’aussi foibles secours on ne pouvoit enseigner l’art de guérir les épizooties. Il n’y avoit d’autre parti à prendre que d’accoutumer les premiers élèves à la manière d’observer & de rendre compte de leurs observations. En les envoyant au milieu des bestiaux malades, ils eussent acquis des connoissances qu’on auroit employées avantageusement à l’instruction de ceux qui leur succédèrent dans les écoles. En peu d’années la médecine vétérinaire, qui n’étoit qu’au berceau, eût pris un accroissement sensible & eût rempli le vœu de ses fondateurs & celui de toute la nation. Mais, pour adopter cette marche, il eût fallu convenir qu’on ne savoit rien, & cet aveu coûta trop à faire. On préféra d’apprendre aux élèves des Traités de maladies de bestiaux, calqués sur ceux des maladies des hommes; on leur dicta des formules de médicamens, plus ou moins compliquées & tirées des matières médicales, faites par des médecins, sans penser que malgré les rapports apparens de la constitution de l’homme avec celle de l’animal, il pouvoit y avoir des différences infinies, qui exigeoient d’autres moyens de guérir.

Mais le mal est facile à réparer. L’école vétérinaire établie auprès de Paris, & la seule qui subsiste des deux, est à portée de conseils sages, capables d’en diriger les études & de les faire tourner toutes à l’avantage des campagnes. Si on y donne aux élèves, sur-tout à ceux qui annoncent d’heureuses dispositions, quelques notions de physique en les y retenant plus de trois ans ; si on ne met entre leurs mains qu’une physiologie dégagée de systêmes; si on les éclaire sur l’art de conserver la santé autant que sur celui de la rétablir ; si on leur persuade d’étudier les maladies dans les étables & dans les écuries avec plus d’assiduité que dans les livres, & de n’employer que des remèdes simples, d’un prix proportionné à la valeur des animaux, l’agriculture aura à l’école vétérinaire l’obligation la plus grande, puisqu’elle lui devra la multiplication & la conservation de ses troupeaux. Au reste, nous vivons dans un siècle où rien de ce qui touche à l’intérêt public n’est étranger. Les savans ne dédaignent plus de s’occuper d’objets que nos pères regardoient comme indignes d’eux. On en voit se livrer à l’étude de toutes les branches de l’agriculture. Ce qui concerne la santé des bestiaux n’échappe pas à leurs recherches; c’est un second foyer, d’où partira une seconde lumière qui, à l’avantage d’être épurée dans le creuset de la saine physique, joindra celui d’être enfantée par l’observation & l’expérience.

Je ne dois pas passer sous silence les sociétés d’agriculture, instituées pour la perfection de l’art. Il s’en est établi dans presque toutes Agriculture. Tome I.
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