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DISCOURS


qui en retarde les progrès, & ce qui pourrait la mettre en état de répondre aux intentions de ses instituteurs.

La marche qu’on suit dans l’étude de la médecine relative au corps humain fut suivie dans les écoles vétérinaires, & l’on ne pouvoit prendre un meilleur modèle. Avant de connoître les dérangemens qui surviennent au corps de l’animal, il falloit savoir le détail des parties qui le constituent. On fit donc dans les écoles vétérinaires des démonstrations anatomiques sur les corps du cheval, du bœuf & du mouton, que les élèves s’exercèrent à disséquer : on leur expliqua l’action & le jeu de ces parties les unes sur les autres, mais on ne les garantit pas assez de l’esprit de systême, qui veut tout plier sous le joug de l’opinion, &, qui, loin d’avancer la science, met les plus grands obstacles à ses progrès. Cette faute avoit été commise dans les écoles des facultés; elle le fut dans les écoles vétérinaires.

La science qu’on devoit étudier après l’anatomie est celle qui traite des fonctions, connue sous le nom de physiologie, & après elle l’hygiène ou la manière d’entretenir les bestiaux dans un bon état de santé. Cette dernière consiste dans la connoissance de l’air qu’ils doivent respirer, des alimens qui leur conviennent, des soins qu’on doit leur donner, selon leur âge, le climat, le sol & selon un grand nombre de circonstances trop longues à rapporter. Les précautions sages qu’on prend pour prévenir les maladies sont d’un prix infini, parce qu’elles tendent à la multiplication & à l’amélioration des espèces & de leurs produits. Il me semble qu’on n’a pas assez insisté sur cet objet dans les écoles vétérinaires, & peut-être n’en faut-il chercher la raison que dans la difficulté qu’il y avoit d’enseigner une science toute physique à des élèves sortis des régimens ou des campagnes, & qui ne consacroient que peu d’années à des travaux qui en exigeoient davantage.

Les maladies des bestiaux, comme celles des hommes, peuvent être divisées en maladies externes ou chirurgicales, & en maladies internes. Dans le traitement des premières, il faut, pour porter le fer ou le feu, selon l’occasion, l’adresse d’une main guidée par des préceptes. Soit qu’on se soit plus appliqué à cette partie qu’à toute autre, soit qu’il fût plus facile de l’enseigner & de l’apprendre, il est sorti des écoles vétérinaires des élèves qui la possèdent d’une manière distinguée. On doit donc convenir que la chirurgie; vétérinaire a fait de grands progrès. Mais quelqu important qu’il soit de guérir les maladies externes des bestiaux, le tort quelles feroient si on les abandonnoit à elles-mêmes, n’est pas comparable à celui que causent les épizooties. Ces dernières étoient l’objet principal dans le plan d’établissement. Toutes les autres parties n’en devoient être que des accessoires.