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PRÉLIMINAIRE.


en ont perdu beaucoup de maladies, parce qu’ils les ont, pour ainsi dire, entassé dans des étables ; qu’il eût fallu agrandir ou corriger auparavant. Ils ne s’étoient pas encore appliqués non plus à connoître les plantes qui pouvoient leur fournir des herbes ou des racines fraîches dans presque toutes les saisons de l’année. Leurs pertes les ayant rendu plus attentifs sur leurs véritables intérêts, il y a lieu d’espérer qu’ils entretiendront sainement de plus grands troupeaux de vaches, dont ils tireront plus d’engrais, plus de veaux & plus de laitage.

Quoique je sois persuadé qu’en général rien n’est plus propre à favoriser l’agriculture que la libre exportation des denrées, de quelque nature qu’elles soient, je crois cependant que la vente des agneaux, pour les boucheries, doit être rigoureusement défendue. C’est une denrée anticipée, introduite par le luxe des tables, & dont la privation n’est sujette à aucun inconvénient. Au contraire, l’usage qu’on en fait dans la capitale & dans les autres villes, nuit à la multiplication des moutons, & brebis, qui forment un aliment plus substantiel, fournissent des suifs & des laines de donnent les meilleurs engrais pour les terres. Ces motifs, sans doute, ont été la cause des réglemens, qu’on a renouvellés plus d’une fois relativement à la vente des agneaux. Le plus ancien que je connoisse, est une ordonnance de Charles IX[1]. Depuis cette époque il a été permis de tems en tems de tuer des agneaux, avec des restrictions dont on a toujours abusé. Au commencement de ce siècle, il y a eu encore quatre arrêts du conseil[2] pour le défendre entièrement. Il paroît que ces défenses ont été levées, puisque maintenant, dans la capitale, la vente des agneaux se fait librement. Puisse l’intérêt de l’agriculture & du commerce, préférable au luxe des tables, faire renouveller d’une manière permanente des défenses dont le gouvernement a tant de fois senti les avantages !

Trop souvent des épizooties meurtrières désolent les campagnes en enlevant des animaux nécessaires à l’agriculture ; trop souvent le laboureur infortuné voit périr ses chevaux, ses boeufs & ses moutons, sans pouvoir arrêter la cause du fléau qui l’afflige. C’est dans la vue de prévenir les effets de ces pertes, que, sous le règne dernier, on a établi deux écoles vétérinaires, l’une auprès de Paris & l’autre à Lyon. Le but qu’on se propofoit étoit d’y former des élèves capables de porter du secours aux bestiaux malades. Cette belle institution n’a pas encore acquis toute la perfection dont elle est susceptible. J’oserai me permettre ici quelques réflexions à ce sujet, afin de faire connoître ce

  1. 20 janvier 1563.
  2. 24 avrìl 1714; 19 janvier 1715; 4 avril 1720; 15 janvier 1726.