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difficile, parce qu’on ne se procure pas des reines quand on veut.

Selon M. du Carne de Blangi, on forme des essaims, en transvasant seulement des ruches très-peuplées ; on les renverse ; on met dessus des ruches vides, bien nettoyées, & frottées de feuilles de mélisse, ou plutôt de miel, que je crois préférable. En frappant un petit coup sur les ruches pleines une partie des abeilles monte dans les ruches vides. Quand la reine y est entrée, ce qu’on reconnoît au bourdonnement fort & continuel qu’on entend, on remet les mères-ruches à leur place ; on couvre les autres d’un linge, & on les éloigne le plus qu’on peut. Le défaut de reines dans les anciennes niches, n’est point un obstacle, parce qu’il en naît bientôt du couvain. Ce procédé peut convenir pour toute espèce de ruches.

Le suivant, imaginé par le même auteur, n’est applicable qu’aux ruches composées de hausses ; si le nombre des hausses est pair, on les divise également ; s’il est impair, on en laisse une de plus à la partie qui reste sur la table ; on sépare la ruche par le moyen d’un fil de fer ; on emporte dans un endroit obscur la partie supérieure, dont on couvre une hausse vide ; celle-ci se place sur une planche, qui a vers son milieu une ouverture grillée, de trois à quatre pouces, par ou il entre de l’air, sans que les abeilles puissent sortir ; on adapte un couvercle à la partie inférieure, qu’on laissé en place ; le lendemain ou le surlendemain on rapporte, au milieu du jour, la partie supérieure, pour la mettre à la place de la partie inférieure, après en avoir ôté la planche percée, & avoir débouché les ouvertures ; les abeilles qui reviennent des champs y entrent sans difficulté ; s’il ne s’y en trouvoit pas assez, en secouant l’autre portion de ruche, il en tomberoit, qui ne manqueroient pas de grossir le nombre. On enlève à son tour la partie inférieure, qu’on pose sur une hausse vide, sous laquelle est aussi une planche percée comme la première ; on la transporte également dans un endroit obscur, & après soleil couché, on l’éloigne le plus qu’il est possible, afin d’empêcher les abeilles d’aller à la partie de la ruche qui est restée.

Pour obtenir un essaim, M. de Gelieu, pasteur de Lignières, qui a inventé des ruches, dont je parlerai, assuré qu’une ruche est bien peuplée, enlève doucement, avec la pointe d’un couteau, la matière gommeuse appliquée à la jonction latérale des demi-ruches, & celle qui attache au support la moitié qu’il veut ôter ; il coupe les liens, & sépare en deux la ruche, en plaçant à côté de l’une & de l’autre une demi-ruche vide ; on les lie alors fortement, & on enduit les ouvertures. La moitié où se trouvera la reine, sera plus garnie d’abeilles que l’autre ; c’est elle qu’il faut éloigner. M. de Gelieu pense que cet éloignement doit être peu considérable, afin que de cette ruche il puisse venir une partie des abeilles à celle qui n’a pas de reine. L’autre moitié donnera bientôt naissance à une jeune reine, & à une population nombreuse. On distinguera la moitié où sera la reine, à la tranquillité des abeilles, comparée avec le trouble de celles qui occuperont l’autre moitié.

La méthode de M. de Gelieu est fondée sur deux principes : 1.° les abeilles qui n’ont pas de reine, peuvent bientôt s’en former une, pourvu qu’elles aient des trois sortes de couvain, du miel & de la cire. 2.° Les abeilles placent ordinairement leur miel au haut de la ruche ; le couvain au milieu, & les gâteaux de pure cire en bas. D’après les procédés de M. de Gelieu, on est assuré qu’il y a du couvain, du miel & de la cire dans les deux demi-ruches, au lieu que dans la méthode de M. du Carne de Blangi, en séparant la partie supérieure d’une ruche de l’inférieure, il est incertain que la première contienne du couvain. Il faut avouer que M. de Gelieu a été conduit à l’invention de sa ruche, par la manière dont M. Schirach forme ses essaims artificiels.

Du travail des Abeilles.

J’exposerai d’abord le travail des abeilles hors de la ruche, & ensuite celui qu’elles font dans la ruche.

Le premier consiste dans la récolte du miel & de la cire qu’elles trouvent sur les fleurs des arbres & des plantes, & quelles apportent dans leurs ruches.

Le second a pour objet l’entretien de la propreté, la fabrication des gâteaux, & les soins que les abeilles ont de nourrir le couvain qui est éclos.

Travail des Abeilles hors de la ruche.

Pendant l’hiver les abeilles sont dans un état d’engourdissement dont elles ne se réveillent qu’aux approches du printems. Alors tout se ranime dans la ruche, bientôt les ouvrières vont aux champs, d’où elles apportent d’abord la matière de la cire, qui leur sert pour élever le jeune couvain & former des alvéoles ; ensuite elles ramassent le miel qu’elles y doivent déposer.

On assure que les abeilles tuent celles d’entr’elles qui sont paresseuses ; mais on peut douter de cette assertion. Souvent elles s’écartent très-loin pour trouver des fleurs. On a reconnu aux poussières des étamines de certaines plantes qu’elles alloient jusqu’au delà de quatre lieues. Celles sur lesquelles elles ont recueilli de la cire ou du miel n’en sont pas endommagées. Les abeilles font plusieurs voyages par jour & reviennent chargées plusieurs fois, ce qui dépend du tems & de l’éloignement où elles sont des fleurs qui leur conviennent. Ordinairement, pendant les fraîcheurs du printems & de l’automne, elles ne sortent pas avant le lever du soleil & rentrent avant son coucher. Mais à commencer au mois de mai jusqu’au mois d’août, elles sortent & rentrent depuis une heure après

Agriculture. Tome I. I.re Partie Ss