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PRÉLIMINAIRE.


vie; on tire ces derniers objets particulièrement de nos côtes & des pays voisins ; ils passent dans tout le nord de l’Europe & dans l’Amérique.

Le lin, que produisent la Bretagne, la Normandie, la Flandres, le Hainault & plusieurs autres provinces, occupe les métiers de toiles fines, de batiste, de linon, de dentelle. Le chanvre, qu’on cultive dans beaucoup de nos provinces, avec plus d’avantage encore, sert aux fabriques de toiles communes, de voiles de moulins à vent & de vaisseaux, & pour les corderies, si utiles aux arts & à la marine.

On fait en France des huiles avec les fruits de l’olivier, du noyer & du hêtre, avec les graines d’un grand nombre de plantes; telles que le chanvre, le lin, le colzat, le pavot ou œillet : on en mange une partie ; différens arts en emploient une autre ; le reste sert pour la fabrication des savons. Si l’alkali contenu dans l’eau de la mer, peut en être séparé, & suppléer la soude qu’on achette de l’Espagne, les manufactures de savon, ainsi que les verreries, auront une ressource indépendante de l’étranger. On nous flatte que nous touchons à ce moment. Nos laines ne sont ni assez abondantes, ni assez belles pour entretenir seules nos manufactures de draps fins, qui emploient en outre des laines d’Espagne & d’Angleterre; mais elles suffisent pour les étoffes grossières, dont la consommation est la plus considérable. Au reste, ce ne seroit péut-être qu’aux dépens d’un revenu plus avantageux qu’on augmenteroit le produit en laine; en multipliant les moutons d’une manière particulière, parce qu’il faudrait convertir en prairies des terres où l’on récolte des objets plus profitables. Cultivons, récoltons, vendpns des blés & des vins, & achetons une partie des laines dont nous avons besoin. Cependant on peut chercher à améliorer la qualité de celles de France. M. Daubenton nous apprend qu’avec des soins on aura dans tout le royaume des laines courtes de superfines comme en Espagne; celles du Languedoc, du Roussillon, du Berri & de la Sologne n’en sont pas très-éloignées. Il y a lieu de croire qu’on parviendra aussi à égaler les laines longues à peigner de l’Angleterre.

Le pastel & la garence réussissent dans la plupart de nos terreins. Si les couleurs, qu’on en tire, n’approchent pas de celles de l’indigo, production végétale d’Amérique, ni de celle de la cochenille, insecte qu’on y élève sur une espèce de raquette, elles ont un degré de solidité qui dédommage du brillant & de l’éclat, & sont propres aux teintures communes. Au reste, l’indigo croît dans nos colonies, & si l’on sçait profiter des peines de feu M. Thierry, botaniste, la cochenille doit se multiplier dans les possessions françoises du nouveau monde, comme dans celles des Espagnols.

En encourageant les plantations de mûriers blancs, on a trouvé le moyen de produire une soie nationale, moins belle à la vérité queAgriculture, Tome I.
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