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PRÉLIMINAIRE.


fortune particulière. Sa Majesté se plaît sur-tout à considérer sa possession de Rambouillet par le parti qu’elle en peut tirer pour l’utilité publique. Déja depuis deux ans on y a vu végéter une multitude de plantes, dont les graines ont été rassemblées des diverses parties du royaume & des pays étrangers, pour y être examinées, comparées entr’elles & distinguées d’une manière utile à la botanique de à l’économie rurale. Aussi-tôt que les établissemens ordonnés par le roi pour ce qui est culture en grand, seront terminés, on en usera pour acclimater les productions avantageuses, qu’on peut tirer des régions lointaines, & particulièrement de l’Amérique septentrionale. Sa Majesté a envoyé dans cette partie du nouveau monde un sçavant, qui réunit les connoissances d’un botaniste & d’un agriculteur, afin qu’il choisisse & rassemble toutes les espèces d’arbres de de plantes qui pourront se naturaliser parmi nous & augmenter nos richesses dans tous les genres de productions. Il y a même acquis un terrein, dont il a formé une pépinière, précaution nécessaire pour ne rien faire passer en Europe que dans les saisons & de la manière convenables.

Sa Majesté a daigné m’honorer d’une portion de sa confiance & me charger de diriger les expériences, dont elle veut suivre le cours à Rambouillet. J’en profiterai pour étudier avec plus d’ardeur tous les détails du plus intéressant de tous les arts. J’ose espérer que la partie de l’encyclopédie, que je dois traiter, s’en ressentira, & que je pourrai contribuer à détruire plusieurs préjugés des cultivateurs, & à donner une juste défiance des charlatans, dont l’agriculture n’est pas exempte. Je proteste que je n’épargnerai rien pour faire luire par-tout, autant qu’il sera en moi, le flambeau de la vérité.

Ce seroit ici le lieu de parler de l’agriculture des autres parties de l’Europe, & sur-tout de celle de l’Angleterre, où elle fait de très-grands progrès; mais, n’ayant point parcouru ce royaume, je craindrois, en m’en rapportant à de simples relations, de n’en pas donner une idée exacte. Je me contenterai de tracer légèrement quelques-uns des avantages que la France retire de l’agriculture par rapport à la population & au commerce[1], & j’exposerai les moyens qui me paroissent les plus propres à augmenter ces avantages.

Laissez languir l’agriculture, bientôt la population s’affoiblira. Les hommes qui se livrent aux travaux des champs, sont ordinairement robustes de sains, capables de donner naissance à un grand nombre d’enfans, auxquels ils transmettent pour principal héritage le sang pur qu’ils ont reçu de leurs pères. De cette pépinière se tirent les bons

  1. Ces objets sont traités d’une manière plus étendue & sous un point de vue intéressant dans le dictionnaire d’économie politique & diplomatique.