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DISCOURS


des écoles vétérinaires, des jardins de botanique, ailleurs que dans la capitale. MM. Duhamel[1], dont les noms ne doivent être prononcés qu’avec respect & reconnoissance, à cause des services qu’ils ont rendu aux arts & aux sciences, MM. Duhamel sont ceux qui ont le plus fait naître parmi nous le goût pour l’amélioration des terres, & sur-tout pour la culture des arbres étrangers. Ce goût s’est tellement accru & fortifié, qu’il n’y a pas de province en France, qui n’en ait éprouvé d’heureux effets. Des landes sont converties en terres labourables, des prairies, autrefois hérissées de joncs & de roseaux, donnent du foin de bonne qualité. Ici, on a arraché à la mer des plages qu’elle couvroit dans les hautes marées, & on en a fait des champs fertiles. Là, dans un sol, qu’on avoit regardé comme incapable de rien produire, on a planté des espèces de bois, qui s’y plaisent. Une partie des grands chemins est bordée d’arbres; l’approche des châteaux s’annonce par des plantations. Dans beaucoup d’endroits, aux arbres du pays, dont la végétation étoit foible, on en a substitué d’autres apportés des climats lointains. Par-tout les progrès de l’agriculture se manifestent dans plus d’un genre. On sçait mieux façonner la terre, corriger les vices du sol, y répandre les engrais convenables, semer, récolter & conserver le produit des récoltes.

Tel est le degré, où est parvenue l’agriculture en France. Tout annonce qu’elle s’y perfectionne de plus en plus. Dans quel moment peut-on en concevoir l’espérance flatteuse, si ce n’est dans celui où les idées de bonne culture, de produit des terres, occupent les têtes des hommes, qui forment la classe la plus distinguée de l’état? Les moyens d’amélioration sont devenus la matière d’une étude presque générale. Quelles ressources ne vont-ils pas acquérir par l’attention personnelle & directe du roi? Sa majesté daignant partager elle-même des travaux, dont sa sagesse apperçoit les avantages qui en résulteront pour ses peuples, a voulu que son domaine privé de Rambouillet fût sous ses yeux le centre de tous les essais & de toutes les observations que peut offrir l’agriculture, étendue à tous les genres & considérée sous ses rapports avec l’homme, les bestiaux & les manufactures. L’exécution de ces vues importantes ne peut appartenir qu’au roi, parce quelles exigent des dépenses, qui sont au-dessus de toutes

  1. L’un étoit M. Duhamel de Denainvilliers, & l’autre M. Duhamel du Monceau, deux frères aussi unis qu’ils étoient éclairés, consacrés par goût & par bienfaisance à des recherches de différens genres, & sur-tout en agriculture. M. Duhamel de Denainvilliers, le plus estimable comme le plus aimable des hommes, habitoit sa terre toute l’année, & suivoit avec la plus grande exactitude les expériences que son frère & lui avoient imaginées de faire. Sa modestie ne doit plus être respectée après sa mort; c’est à ceux qui, comme moi, ont connu les deux frères, à ne les point séparer & à leur rendre en commun un hommage qu’ils ont mérité également.