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PRELIMINAIRE.


est de faire remonter les rivières qui baignent le pied de ces côteaux jusqu’à des hauteurs considérables. Ce seroit une erreur de croire que les Chinois ne sont si laborieux, que parce qu’ils cultivent un sol naturellement fertile, qui les dédommage amplement des peines qu’ils se donnent pour le faire fructifier. On trouve à la Chine, comme dans tous les autres pays du monde, des terreins ingrats, qui ne produisent que parce qu’on les travaille avec opiniâtreté. Où le soc ne suffit pas, la bêche est employée. Les endroits maigres & sans substance sont couverts d’une terre nouvelle, souvent apportée de loin. Lorsque quelque montagne se refuse à la culture, on y plante des arbres, qui deviennent grands, forts & vigoureux, & dont le bois sert dans la suite ou pour la construction des vaisseaux ou pour la charpente des édifices. Toutes les productions de l’empire consistent en denrées de première nécessité. Les provinces du nord fournissent ordinairement le bled ; celles du midi donnent du ris en abondance & beaucoup de légumes. La vigne n’est point cultivée à la Chine. Le gouvernement la regarde comme propre à donner feulement une boisson agréable aux gens riches. Il ne veut pas qu’on s’en occupe. Toutes les vues politiques sont tournées sur les objets de futilité la plus directe. On n’y voit point de ces jardins de pur agrément, qui ne rapportent rien. Le charme des maisons de plaisance se réduit à une situation heureuse; on a des cultures agréablement diversifiées. Cet esprit économique, cet amour pour l’agriculture est soutenu, d’une part, par le penchant des Chinois pour le travail, & de l’autre, par les honneurs accordés à tous les laboureurs qui se distinguent dans leur profession. Si quelqu'un d’eux fait une découverte utile, s’il s’élève au-dessus des autres cultivateurs par son application & son intelligence, il est appelle a la cour pour éclairer l’empereur, il est revêtu de la dignité de mandarin, & l’état le fait voyager dans toutes les provinces pour former les peuples à sa nouvelle méthode. Dans cet empire, où l’on considère plus le mérite personnel que la noblesse héréditaire, la plupart des magistrats & des hommes destinés à occuper les premières charges sont choisis dans la classe des laboureurs. On conservera toujours à la la Chine un grand respect pour les fondateurs de l’empire, qui en ont fait consister le bonheur & la stabilité dans les productions de la terre. Le nom des empereurs, qui par leurs sages institutions ont contribué aux progrés de l’agriculture, y est en vénération.

La mémoire de Venin IV ne s’effacera jamais des esprits. Cet empereur avoit établi une fête solemnelle dans tous ses états pour rappeller à ses sujets le soin qu’ils devoient prendre de fart, regardé comme la source principale de la richesse. Cette cérémonie religieuse s’est perpétuée jusqu’à ce jour. La pompe, ayec laquelle on la célèbre encore

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