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PRELIMINAIRE. 7

ces productions étrangères & beaucoup d’autres sont parvenues jusqu’à nous par l’entremise des Grecs. Les Romains ayant conquis la Grèce, transportèrent en Italie tous les arbres qu’ils y trouvèrent. On doit rapporter à ce tems-là l’introduction des oliviers à Rome, puisque, selon Fenestella, sous le règne de Tarquin on n’en avoit vu aucun, ni en Italie, ni en Espagne, ni même en Attique. On doute si Tamandier étoit connu dans le pays latin du tems de Caton & s’il n’y fut point apporté, lors de la conquête de la Grèce. Il est certain que le cerisier y étoit inconnu l’an 680 de la fondation de Rome, & que Lucullus l’apporta du Pont après la défaite de Mithridate. Les premiers pistachiers ont été apportes de Syrie par L. Vitellius, sous le règne de Tibère.

Dans ces jours heureux, où les Grecs ne pensoient qu’à cultiver leurs champs & à faire fleurir l’agriculture, ils devinrent puissans & redoutables ; on n’osa plus les attaquer. Mais cette gloire ne fut que passagère. Ce peuple ingénieux & porté à tout ce qui est du ressort de l’imagination, négligea bientôt des occupations importantes pour s’attacher aux subtilités de l’esprit. Les arts d’agrément remplacèrent l’agriculture, au point que les magistrats étoient chargés de leur faire venir du bled du pays étranger. Les Spartiates, dont on vante encore la vertu sauvage, laissoient aux Ilotes, qu’ils traitoient comme des esclaves, le soin de les nourrir. Cette décadence entraîna la ruine de la Grèce. Affoiblie par la mollesse & par la volupté, un roi de Macédoine en subjugua une partie; son fils en acheva la conquête.

Lorsque les sciences eurent commencé à fleurir à Athènes, la Grèce fut bientôt enrichie d’un grand nombre d’ouvrages de toute espèce. Les Lacédémoniens n’eurent poiht de livres ; ils s’exprimoient d’une façon si concise que l’écriture leur paraissoit superflue ; la mémoire leur surfisoit pour leur rappeller tout ce qu’ils avoient besoin de savoir. Les Athéniens au contraire écrivirent beaucoup. Pisistrate recueillit tous les ouvrages des sçavans de la nation & fonda une bibliothèque, qui s’accrut prodigieusement après la mort de ce tyran. Mais, Xercès s’étant rendu maître d’Athènes, emporta tous ces livres en Perse, ou la plupart se sont perdus. Il n’en reste que des fragmens.

Les Romains ont singulièrement honoré l’agriculture. Le premier soin de leur fondateur fut d’instituer douze prêtres, pour offrir aux dieux les prémices de la terre & pour leur demander des récoltes abondantes. On les nomma arvales, de arva, champs. Un d’eux étant mort, Romulus prit sa place, & dans sa fuite cette dignité ne fut accordée qu’à ceux qui pouvoient prouver une naissance illustre. Numa Pompilius, l’un des plus sages rois de l’antiquité, avoit partagé le territoire de Rome en différens cantons. On lui rendoit un compte exact