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DÉSINFECTION - DÉSIR


récemment formée pour entreprendre la désinfection préventive des fosses d’aisances de Paris à forfait et à tant par tête d’habitants.

Ce procédé a le grand avantage de conserver aux matières fécales toutes leurs propriétés comme engrais, et d’en rendre l’emploi beaucoup plus facile.

MM. Suquet et Kraft, de Paris ; M. Schattenmann, directeur des mines de Bouxvillers, ont, de leur coté, imaginé des procédés de désinfection basés sur les mêmes principes que celui de M. Siret, et dont l’emploi a eu un égal succès.

Depuis 1826 M. Salmon fabriquait une poudre désinfectante, en calcinant dans des cylindres de fonte la vase ou la boue des rivières, étangs ou fossés,qui renferme naturellement une assez grande quantité de substances organiques. En 1835 à ce charbon il en substitua un autre, composé de terre argHeuse mé)angée d’un dixième de son poids d’une substance animale quelconque, de matière fécale, par exemple, calcinée ensuite et pulvérisée au moyen de cylindres cannelés. L’emploi en grand de cette poudre à la désinfection des vidanges a obtenu un plein succès.

Les travaux de M. Desrone méritent aussi d’être mentionnés. Enfin, MM. Huguin et compagnie ont encore imaginé un nouveau procédé, qui paratt réunir aussi toutes les conditions de succès ; mais ils n’ont pas fait connattre la composition du mélange qu’ils emploient.

Guyton de Mortean. Traite det moyens de dettn. /e< :<erra<r ;ta<M,)n-c’ Labarraque, De remploi <~ eA~orMret d’oxyde de Md~um et de chaux ; tass, in-e’ Manière de se tert’ty du chlorure <o.<<< de MdiMm, soit pour panser les ptaiM de mauvaise nature, t«ft comme moyen d’<MM<ntMemen< de. ~feua*<M~M&re<et de de<t) !/<eti<mde< matières an<m<t ;M ; têts, tn-t". Parent-Duchatetct, Hygiène publique. ~nncttM d’A~~feneet de medec<M légale ; divers artlclea de MM. Parent-DnchMetet, VtUermt, Or-Bfa, etc. Michel Lévy, Traité d’AMtene publique etpffoee,-Paris, )s<4. )n-o°. Dictionnaire technologique, art. DMmFEcnoN. Dictionnaire dM arts et manufactures, art. DÉ-SOFECTtOH.

DÉSIR. (Philosophie) Tendance naturelle et spontanée, application involontaire et instinctive de l'amour à un objet déterminé, en vue de se l'approprier ou de s'y unir.

Tout être a dans l'ensemble du monde un but déterminé par sa nature : il est pourvu en conséquence des forces, des moyens et de l'intelligence nécessaires pour l'atteindre ; et il se trouve mis à son insu, par ses besoins et ses facultés, en rapport fatal avec les êtres et les objets au sein desquels doivent s'exercer l'action et la réaction qui constituent sa vie.

En ce sens, tous les êtres sont réellement


prédestinés, et prédisposés à la base de leur constitution en vue de leur destinée. Aussi, à des destinations diverses correspondent nécessairement des natures diverses ; car c'est parce que tous les êtres sont diff²éremment doués par la nature qu'ils sont comme entraînés vers des fins multipliées, et y tendent plus ou moins irrésistiblement.

Chaque être a donc devant sa vie un cercle d'activité qu'il lui est impossible de franchir. Dans ce rayon, il entre en communion ou en solidarité avec un plus ou moins grand nombre d'êtres et d'objets, selon son degré dans l'échelle des existences les uns pour se les approprier, les autres pour en être dominés ; d'autres pour communiquer fraternellement ou entrer en communauté de jouissance avec eux sur le pied d'égalité.

A cette fin et pour que le plan providentiel ne soit point éludé. et d'ailleurs comme moyen de félicité, comme mobile d'action, de fortes attaches le retiennent dans ce cercle ; des attractions puissantes, des besoins incompressibles, des inclinations ou penchants irrésistibles très-variés, l'impulsionnent incessamment, et le font graviter, et en quelque sorte tomber continuellement de ce côté où l'appelle sa destinée. Le nom générique de cette force commune à tous les êtres, qui constitue les attraits, les inclinations, c'est l'amour, tant qu'il reste à l'état indéterminé et qu'il fait comme le fond et la source permanente d'où jaillit la tendance et où se repose l'usage ; mais dès que l'amour vient à s'appliquer à un objet déterminé il s'appelle désir, comme il a été défini ci-dessus. On a pu également définir le désir : « le mouvement de l'amour vers un bien auquel l'être tend à s'unir et n'est pas encore actuellement uni (1) [1] ; « ou bien encore l'idée d'un bien que l'on ne possède pas, mais que l'on espère de posséder (2) [2]. »

Tout le monde en a l'expérience : le propre du désir est d'aspirer à la jouissance de l'objet désiré, d'être heureux de sa possession, et de souffrir dans son attente ou sa privation c'est pourquoi l'objet désiré est appelé notre bien. Il y a plus, le mal-être précéde et suit la satisfaction du désir seul, l'instant toujours trop rapide et trop fugitif de la satisfaction est accompagné de bonheur. Le désir non satisfait nous jette dans l'impatience, l'anxiété, le désespoir ; le désir repu nous fait ressentir l'ennui, la tristesse, un vague insupportable ; de telle sorte que l'être, y ayant toujours un intérêt prochain, est toujours occupé, soit à appeler les désirs, soit à les satisfaire, soit à en chercher la satisfaction.

Le désir a deux moments fort distincts l'état où il s'ignore, c'est celui des êtres

  1. (1) Lamennais.
  2. (2) Malebranche.