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et qui fut confirmée le 9 juin 1184 par le comte de Ponthieu. Le préambule de cette charte de confirmation expose la cause de l’insurrection populaire. « Lorsque mon aïeul Guillaume Talvas, disait le comte, eut vendu la commune aux bourgeois d’Abbeville, à cause des injustices et des vexations que les grands de sa terre leur faisaient subir fréquemment, etc. » Abbeville eut donc alors, comme les autres communes, son maire, ses échevins, ses arbalétriers, sa milice du guet, ses corporations d’arts et métiers, son beffroi, le droit de battre monnaie, une juridiction étendue, etc. Plus tard la charge de majeur anoblit celui qui en était revêtu. En 1789, le gouvernement anssi bien que la justice, la police et la milice de la ville et des habitants, appartenaient encore à ce magistrat.

Abbeville est aujourd’hui l’un des chefs-lieux d’arrondissement dn département de la Somme. L’hôtel de ville et l’église de Saint-Vulfran sont des monuments remarquables.

C’est dans cette ville que fut ratifié, en 1258, le traité par lequel Louis IX rendit à Henri III le Limousin, le Périgord, l’Agenois, le Quercy et une partie de la Saintonge, à charge par le monarque anglais de lui rendre hommage pour ces provinces et pour Bayonne, Bordeaux et la Guienne.

Abbeville est la patrie des géographes N. Sanson, Phil. Briet et Pierre Duval, des graveurs Cl. Mellan et Fr. de Poilly, du poëte Millevoye.

Histoire d’Abbeville, par M. Louandre, 2 vol. in-8o.

ABCÈS. (Médecine.) Dans l’état actuel de la science, on nomme abcès[1], toute collection de pus dans une poche circonscrite, quels que soient d’ailleurs le siége et l’origine de la matière purulente : que cette matière remplisse une cavité récemment formée, sous l’influence de la maladie, dans le tissu cellulaire ou dans un viscère quelconque ; qu’elle soit déposée dans une cavité naturelle, telle qu’une articulation, le sinus maxillaire, la caisse du tympan, le globe de l’œil, etc. ; ou bien, enfin, que dans une cavité naturelle, comme celle d’une veine, par exemple, elle occupe un espace circonscrit par des adhérences anormales. Cependant, toutes les fois qu’une quantité quelconque de pus se trouve réunie dans une des grandes cavités naturelles, comme la poitrine, l’abdomen, le crâne, elle constitue ce qu’on appelle un épanchement ; elle prend le nom d’infiltration ou de fusée quand le pus, plus ou moins abondant, est répandu entre les mailles du tissu d’une région ou d’un organe.

L’idée que fait naître généralement la présence d’un abcès est celle de la préexistence d’une inflammation : l’abcès n’est donc que le produit, que le résultat, et souvent même que la terminaison d’une maladie. Néanmoins, chirurgicalement parlant, il peut être considéré comme une maladie à part, exigeant un traitement spécial, indépendant de la cause qui lui a donné naissance.

Les abcès offrent de nombreuses variétés sous le rapport du volume, du nombre, du siége, du contenu, de la marche, etc.

Le volume peut varier depuis la grosseur d’un grain de millet jusqu’à celle de la tête, et même davantage. Plus l’abcès est volumineux, plus son diagnostic est grave. On conçoit, néanmoins, que cette proposition souffre quelques exceptions, et qu’un abcès de la cornée transparente, du globe de l’œil, du cerveau, soit toujours, malgré son peu de développement, une affection fort sérieuse.

Les abcès sont solitaires ou multiples. Dans ce dernier cas, ils se rattachent le plus souvent à une cause générale, et présentent peu de volume ; on en compte quelquefois vingt et trente chez le même individu. Les abcès multiples sont du ressort de la médecine, puisque, pour arriver à la guérison, il faut combattre la diathèse par des moyens généraux. Les abcès solitaires, plus fréquents, réclament plus particulièrement l’emploi des moyens chirurgicaux.

Les abcès peuvent naître dans tous les tissus de l’économie, à l’exception, toutefois, de l’épiderme et de ses appendices. Cette proposition est absolue, puisqu’il suffit qu’une partie soit enflammée à un certain degré (hyperphlogose, Lobstein) pour qu’il y ait sécrétion de pus. Cepeudant, le siége le plus ordinaire des abcès est le tissu cellulaire, et surtout le tissu cellulaire sous-cutané ; et ils sont d’autant plus fréquents dans une région que ce tissu y est plus abondant et plus lâche ; aussi est-ce au cou, à l’aisselle, à l’aine, aux environs de l’anus, qu’on les rencontre le plus ordinairement.

La richesse du réseau vasculaire favorise également la formation des abcès, mais il faut qu’à cette condition se réunisse la laxité des tissus ; et, en effet, les abcès ne se développent que très-rarement dans le tissu dense et serré de la langue, malgré l’abondance des vaisseaux sanguins qui s’y distribuent.

Il résulte de tout ce qui vient d’être dit que les abcès, pouvant naître dans toutes les parties du corps, sont superficiels ou profonds, c’est·à-dire, cutanés, sous-cutanés, sous-aponévrotiques, sous-musculaires, inter-osseux, sous-osseux, etc.

Si nous envisageons les abcès par rapport à leur contenu, ils seront simples, sanguins,

  1. Ce mot vient du latin abscessus, lequel n’est lui-même qu’une traduction du grec ἀπὸστημα, substantif formé du verbe ἀφίςταμαι, je me retire, je me sépare.