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tion des mots de la langue, la rendirent moins célèbre que les
talents et la réputation de ses membres. L’académie devint
bientôt la pépinière des flatteurs de Louis XIV. Les grands
seigneurs eurent l’ambition d’y pénétrer, et d’y remplacer
des hommes de génie ^ ce qui fit dire à Patru « que lorsqu’il
se brisait une corde à la lyre » on en remettait une d’argent
qui ne rendait aucun son. » Cependant Louis* Xiy
voulut « à l’exemple de Charlemagne » que l’égalité entre
les membres fût la première règle de l’académie ; et le
cardinal d’Ëstrées, comme prince de l’église, s’étant fait
apporter un fauteuil, le roi en fit donner à tous les acadéiniciens.
L’abbé Bignon, pour mettre la compagnie sous la dépeudance
du ministère et se rendre maître des nominations*
offrit de lui accorder des jetons d’or qui auraient pu valoir
1 fioo francs de rente à chacun des membres ; maïs les plus
pauvres mêmes, que leurs successeurs actuels n’ont guère
imités, donnèrent le noble et inutile exemple de préférer
leur indépendance à des pensions. Le n^rite ne décida pas
toujours du choix des candidats : Molière ne fut point admis
parce qu’il était com ; édien ; Pascal, les deux Rousseau,
Diderot et plusieurs autres, furent constamment repoussés ;
Corneille n^^e ne fut reçu que lorsqu’il se présenta pour
la troisième fois. L’académie a cependant contribué puissamment
à la prospérité des lettres ; les prix qu’elle a décernés
ont enflammé les jeunes littérateurs, et l’espoir de
parvenir dans son sein a sans cesse entretenu l’émulation
parmi les écrivains. En 1792 l’académie fut dissoute, et
rétablie en 1803, sous la dénomination de classe de la langue et de la littérature française, faisant partie de l'institut ; depuis 1815 elle a repris son ancien nom. Plusieurs
membres furent alors éliminés ou nommés par ordonnance
- Saa6 discuter l’éqoîtéde cette mesure, nous nous
borneroas à.feire observer que Louis XIV même lais^ à la mort le droit des éliminations, et à l’académie l’ap^ parence de la liberté dans ses choix> Depuis cette époque, les nominations, faites quelquefois sous l’influence