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dans la saison des pluies, les lagunes fréquentes le long du rivage se remplissent de même que les puits creusés par les habitants. Des dattiers et d’autres arbres couvrent les îles et les plages. Le fond de la mer, peu profonde, abonde en corail. Un peu de pain, du poisson, du lait de chèvre ou de chameau, rarement la chair de ces animaux, font la nourriture des habitants. Les creux des rochers furent dans les temps anciens et sont encore leurs demeures : c’est delà qu’est venu le nom de Troglodytes, par lequel on les désignait. La misère de ces hommes est si grande qu’ils ne peuvent offrir que de l’eau aux étrangers qui abordent chez eux : sous leur climat brûlant c’est un présent inestimable. Des voyageurs rapportent que les femmes Danakil ont la physionomie fort agréable.

L’empereur d’Abyssinîe prend le titre de Neguça Nagast’z Aitiopia, roi des rois d’Ethiopie ; ce qui l’a fait désigner par quelques voyageurs sous le nom de Grand Négus. Certains écrivains l’ont aussi nommé Prêtre-Jean, par suite de l’ancienne confusion de l’Inde avec l’Ethiopie. On savait que le monarque de l’Abyssinie était chrétien, et on ne crut pouvoir lui attribuer une dénomination plus convenable que celle qui impliquait des fonctions sacerdotales. Ce nom, qui prit naissance au milieu des ténèbres du moyen âge, est une corruption de Presta-Kan, prêtre-roi. Il appartenait à un prince mogol, de la secte des nestoriens ; les relations italiennes le travestirent en Prêtre-Gianni. Le premier voyageur qui parla de ce prêtre Jean 3 le plaça dans l’Inde habitée par des nègres. Or, lorsque les Portugais, dans le cours de leurs découvertes, furent arrivés au Congo, ils apprirent des habitants que, très loin derrière eux, vivait dans l’intérieur de l’Afrique un prince chrétien ; il n’en fallut pas davantage pour transformer le Grand-Négus en Prêtre-Jean.

Quoique doués de bonnes qualités, car ils sont affables, prévenants et hospitaliers, et de dispositions heureuses qui se manifestent chez ceux auxquels l’éducation permet