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EAU


EAU ; ὕδωρ ; aqua ; wasser s. f. Fluide insipide, visible, transparent, sans couleur, sans odeur, presqu’incompressible, très-peu élastique.

Ce liquide est un des plus répandus sur la surface de la terre. Comme il a la propriété de dissoudre un grand nombre de substances, on le trouve rarement pur, si ce n’est lorsque l’on recueille directement des eaux pluviales ; mais on l’obtient facilement à l’état de pureté en le distillant.

Sa grande abondance, sa présence sur tous les points de la surface de la terre, & la facilité avec laquelle l’eau peut être amenée à l’état de pureté, l’a fait choisir de préférence comme unité, pour déterminer la pesanteur spécifique de tous les corps & pour fixer l’unité de poids ; mais comme elle éprouve des variations dans sa pesanteur, lorsqu’elle est plus ou moins échauffée, il étoit essentiel de bien connoître la loi de sa dilatation. Des expériences faites avec beaucoup de soin, par Thomas Yong & par plusieurs autres physiciens, ont déterminé cette loi avec beaucoup d’exactitude, Voyez DILATATION DE L’EAU.

Un décimètre cube d’eau distillée, pris à 4° R., température de sa plus grande condensation, forme le gramme, qui équivaut à 18 grains 827 millièmes de l’ancien poids de marc de Paris. Il suit de-là que le litre, contenant un décimètre cube, doit peser 1 000 grammes, & que le poids du pied cube d’eau seroit de 70 liv. 0 onc. 36,7 grains, ou 70 liv. 223 grains.

Quoique l’eau soit habituellement sous l’état liquide, cependant elle est susceptible de passer à l’état solide, lorsque sa température est au-dessous de zéro. (Voyez GLACE, CONGÉLATION DE L’EAU.) Elle se rencontre aussi fréquemment à l’état de vapeur, disséminée dans l’air. Voyez VAPEUR, HUMIDITÉ, VAPORISATION.

En observant la surface du globe, on voit qu’elle est recouverte d’une couche d’eau plus ou moins profonde, connue sous le nom de mer ; qu’à travers ces eaux, s’élèvent deux grands continens & une immensité d’îles de diverses grandeurs ; que sur ces continens & ces îles, sont dispersés çà & là des réservoirs d’eau plus ou moins grands, auxquels on donne le nom de mers, de lacs, d’étangs ; enfin, que des sommets les plus élevés des continens & des îles, des eaux s’écoulent dans la mer & donnent naissance aux fleuves, aux rivières, aux torrens & aux ruisseaux qui sillonnent leur surface.

L’action réciproque de l’eau & de l’air, modifiée par la température, détermine des vaporisations & des précipitations successives de l’eau dans l’air : vaporisations & précipitations qui donnent naissance aux nuages, aux brouillards, à la rosée, à la pluie, à la neige, à la grêle, &c., & à tous les météores aqueux que l’on observe dans l’atmosphère. (Voyez BROUILLARD, GRÊLE, NEIGE, NUAGE, PLUIE, ROSÉE, SEREIN.) C’est ainsi que les vastes réservoirs qui contiennent les eaux en cèdent une portion à l’air, que celui-là les transporte & les abandonne, & que celles qui tombent sur la surface des continens & des îles, produisent, en s’écoulant, les fontaines, les ruisseaux, les torrens, les rivières, les fleuves, les lacs, &c. Voyez FONTAINES, SOURCES, RUISSEAUX, TORRENS, RIVIÈRES, FLEUVES, LACS, ÉTANGS.

Par sa grande abondance, par ses divers états, par ses propriétés physiques sur un grand nombre de corps, l’eau remplit une foule de fonctions dans la nature & dans les arts. Rassemblée en masses immenses dans les bassins de la mer, dit Haüy, entraînée par un mouvement progressif sur le lit des fleuves & des rivières, l’eau sert de véhicule aux navires & à différentes espèces de bâtimens, pour établir, par les voyages & par le commerce, une communication entre les peuples de diverses contrées : elle devient, par son impulsion, le moteur d’une multitude de machines aussi utiles qu’ingénieuses ; & si l’homme a, en sa disposition, une puissance supérieure à celle qui agit dans ce cas, il la doit au même liquide converti en vapeur. L’eau est l’élément dans lequel vivent une infinité d’êtres organisés ; elle sert de boisson à l’homme & aux animaux qui peuplent la terre & les airs ; elle est un des principaux agens de la végétation ; c’est dans son sein que se sont formés une multitude de minéraux & ces précieuses substances métalliques, auxquelles l’industrie humaine semble donner une nouvelle existence, en les élaborant pour nos usages.

On donne le surnom de potables aux eaux qui sont bonnes à boire. Pour qu’une eau ait cette qualité, il est essentiel qu’elle n’ait pas d’odeur, & que sa saveur ne soit ni désagréable, ni fade, ni piquante, ni salée, ni atramentaire. La meilleure est celle qui ne contient aucune matière étrangère & qui tient une certaine quantité d’air en dissolution, environ.

Toutes les eaux ne réunissent point les conditions nécessaires pour être potables ; elles peuvent être altérées par les substances qu’elles tiennent en dissolution. Les eaux de sources, de puits, & même les eaux courantes dissolvent, pendant leur sejour dans la terre, les substances sur lesquelles elles ont de l’action ; les principales sont le sulfate de chaux, le carbonate de chaux. Lorsqu’elles sont en trop grande proportion, les eaux cessent d’être salubres. Les eaux stagnantes sont in-