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l’on juge par l’espace que le mercure ne remplit pas dans le tube, du degré de raréfaction que l’air a éprouvé.

On voit que l’échelle pyriforme diffère des éprouvettes barométriques (voyez ÉPROUVETTE, BAROMÈTRE TRONQUÉ), en ce que, dans ces derniers, c’est l’élasticité de l’air restant que l’on mesure, & que, dans celui-ci, c’est réellement la proportion de l’air resté.

Nairn ayant comparé les résultats indiqués par l’échelle pyriforme & l’éprouvette ordinaire, a souvent trouvé de grandes différences entre les deux indications ; il attribue ces différences aux vapeurs élastiques qui se dégagent pendant la raréfaction, & qui affectent plus les éprouvettes que cet instrument.

ÉCHO ; ηχος ; son ; écho ; écho ; wieder schall. Son, voix plusieurs fois répétées.

En musique, le nom d’écho se transporte à ces sortes d’airs ou de pièces dans lesquelles, à l’imitation de l’écho, l’on répète de temps en temps, & fort doux, un certain nombre de notes. En poésie, l’écho se dit d’une sorte de vers dont les derniers mots ou les dernières syllabes ont un sens qui répond à la demande qui est contenue dans le vers. En peinture, l’écho est la répétition de la lumière, comme au sens propre c’est la répétition du son

La répétition du son & de la voix a du être observée dans tous les siècles : il est peu de pays où l’on n’aperçoive des échos. Les hommes isolés, les pasteurs ; les peuples nomades ont pu entendre des échos, parce que c’est dans les bois, les lieux solitaires, les rochers, qu’ils se remarquent principalement. Cependant presque tous ceux qui ont été décrits, & que l’on se plaît à citer, se font remarquer dans des lieux habités, & où il existe des édifices.

Il y avoit, dit-on, au sépulcre de Metella, femme de Crassus, un écho qui répétoit cinq fois ce qu’on lui disoit. Gassendi assure que cet écho a répeté huit fois le premier vers de l’Eneïde. On parle d’une tour de Cysique où l’écho se répétoit sept fois. Près de Milan est un écho qui répète plus de quinze fois[1]. On prétend qu’un écho existant près de Roseneath en Écosse, répète une mélodie trois fois, chaque fois dans un ton plus grave ; À Muyden, non loin d’Amsterdam, Chladni dit avoir entendu un écho, formé par un mur elliptique, dont le son très-renforcé paroissoit sortir de terre.

À trois lieues de Verdun est un écho qui a été décrit par l’abbé Teinturier[2] ; il est produit entre deux grosses tours, détachées d’un corps-de-logis : ces tours sont éloignées l’une de l’autre de 16 toises. L’une a un appartement bas, de pierre de taille, voûté ; l’autre n’a que son vestibule qui soit voûté. En se plaçant au milieu de la ligne qui joint les deux tours, un mot, prononcé d’une voix assez élevée, est répété douze à treize fois, par intervalles égaux, & toujours plus faiblement. Si l’on sort de cette ligne, jusqu’à une certaine distance, on n’entend plus d’écho ; enfin, en se plaçant sur la ligne qui joint une des tours au corps-de-logis, on n’entend plus qu’une répétition.

Kircher, Scotte, Misson, parient d’un écho existant au château Simonette, dans les deux ailes parallèles, en avant du château. Placé à une fenêtre de l’une des ailes, les sons que l’on y formoit, y étoient répétés jusqu’à quarante fois. Monge a été visiter ce château, & il a observé l’écho tel qu’il a été décrit par Kircher. Adisson dit avoir observé, en Italie, un écho qui répétoit cinquante fois le bruit d’un pistolet : il seroit possible que ce fût le même dont parle Kircher, & que Monge a été voir.

Robert Plot[3] annonce qu’il existe à Woostock, dans la province d’Oxford, en Angleterre, où fut assassinée la belle Rosamonde, maîtresse de Henri III, un écho qui répète distinctement dix-sept syllabes pendant le jour, & vingt pendant la nuit.

Barthius assure[4] avoir fait l’épreuve d’un écho placé sur les bords du Rhin, près Coblentz, & qu’il y a remarqué dix sept répétitions. Ce qui lui a paru le plus extraordinaire, c’est que l’on n’entendoit presque point la voix de celui qui chantoit, mais bien la répétition qui se faisoit de sa voix, & toujours avec des variations surprenantes : l’écho sembloit tantôt s’approcher, & tantôt s’éloigner : quelquefois on entendoit la voix très-distinctement, & d’autres fois on ne l’entendoit presque plus ; l’on n’entendoit qu’une seule voix, & l’autre plusieurs ; l’un entendoit l’écho à droite, & l’autre l’écho à gauche.

Un écho aussi singulier a été observé à Genetay[5] par le P. Don Quesnel, bénédictin. Cet écho a cela de particulier, que celui qui chante n’entend point la répétition de l’écho, mais seulement sa voix ; au contraire, ceux qui écoutent n’entendent que la répétition de l’écho, mais avec des variations surprenantes ; car l’écho semble tantôt s’approcher & tantôt s’éloigner ; quelquefois on entend la voix très-distinctement, & d’autres fois on ne l’entend presque plus : l’un n’entend qu’une seule voix & l’autre plusieurs ; l’un entend l’écho à droite, & l’autre à gauche. Enfin, selon les différens endroits où sont placés ceux

  1. Transactions philosophiques, 480, no . 8.
  2. Histoire de l’Académie des Sciences, année 1710, page 18.
  3. Histoire naturelle de la province d’Oxford, par Robert Plot.
  4. The Stace, liv. VI, v. 30. Notes sur la Thébaïde.
  5. Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1692.