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pas d’autres objets plus foiblement éclairés ; & cette impression, qui éblouit réellement, se prolonge plusieurs instans.

Du moment où l’on passe d’un lieu plus éclairé dans un autre plus obscur, la pupille s’ouvre ; elle se ferme, au contraire, si l’on passe dans un endroit plus éclairé. Ce mouvement de la pupille a pour objet de faciliter la vision, & d’empêcher l’effet d’une trop forte lumière. Comme l’éblouissement dure quelque temps, on ne peut attribuer son effet à l’ouverture de la pupille ; on a donc été obligé de le faire dépendre de la durée des sensations foibles ou fortes. Voyez VUE, VISION.

ÉBULLITION ; ebullitio ; blasenwerfen ; s. f. Mouvement tumultueux d’un liquide que le calorique fait élever en bulles.

Il faut distinguer l’ébullition de l’effervescence. Ce dernier provient du dégagement d’un gaz existant, ou formé dans un liquide par la décomposition d’une substance ou la formation d’un composé nouveau. L’ébullition, au contraire, est produite par la vaporisation du liquide contre les parois du vase les plus échauffées, & par le mouvement tumultueux que ces bulles occasionnent, en traversant le liquide, pour se porter à la surface & s’évaporer. L’effervescence peut avoir lieu à toute température, sous une même pression ; l’ébullition ne peut exister qu’à une température donnée, sous une pression donnée.

C’est à la propriété qu’ont les liquides d’être de très-mauvais conducteurs de chaleur, que l’on attribue la propriété qu’ils ont de bouillir. En chauffant le vase qui contient un liquide, celui qui touche immédiatement les parois s’échauffe davantage que la masse ; il la traverse pour se porter à la surface. Le vase continuant à s’échauffer, les parois parviennent à une température capable de vaporiser le liquide ; alors il traverse la masse sous forme de vapeur, & la succession des bulles de vapeur produit l’ébullition.

Sous une pression donnée, chaque liquide entre en ébullition à des températures différentes. Ainsi, sous une pression de l’atmosphère faisant équilibre à une colonne de 28 pouces de mercure, les différens liquides entrent en ébullition.

TABLE CORPS. TEMPÉRATURE. Ether 29°,33 R. Ammoniaque 48,00 Alcool 64,00 Eau 80 Muriate de chaux 88,08 Acide nitreux 96 Carbonate de potasse 101,33 Acide sulfurique 168 Phosphore 232 Huile de térébenthine 232,66 Soufre 239,11 Huile de lin 252,44 Mercure 279,11

Mais les températures de l’ébullition varient, pour chaque liquide, avec la pression. Si la pression diminue, la température est plus foible ; si elle augmente, elle est plus forte. Ces variations ont été observées avec beaucoup de soin pour l’eau. (Voyez EAU BOUILLANTE.) Il paroît, d’après les expériences du professeur Robison, que, dans le vide, tous les liquides bouillent à une température inférieure de 64,5 R., à celle qui leur est nécessaire pour bouillir sous une pression de 28 pouces de mercure. Ainsi le terme de l’ébullition de l’alcool seroit de – 1°,5, celui de l’eau 15,5, celui du phosphore 168,5, & celui du mercure 214,6.

Tout fait croire, d’après les expériences de Gay-Lussac[1], que la substance du vase dans lequel on fait bouillir, exerce aussi une influence sur la température de l’ébullition. Ce savant a observé que l’eau-distillée dans du verre, bout par bonds & avec difficulté ; mais dès que le vase est ôté du feu, & même quelques secondes après que l’eau a cessé de bouillir, si l’on jette dans le vase une pincée de limaille de fer, l’eau entre aussitôt en pleine ébullition.

Gay-Lussac a mesuré la température de l’eau au moment où elle entroit en ébullition dans les vases de verre ; il la trouva de 101°,232 centig. En mettant dans le vase du verre pilé très-fin, la température de l’ébullition est descendue à 100°,329 ; & en y mettant de la limaille de fer, elle s’est fixée à 100 deg. La grandeur du vase, ni la quantité plus ou moins grande de limaille, n’a rien changé à la température de l’ébullition.

Quoiqu’il soit très-probable que cette différence dans la température de l’ébullition, dépende principalement de la propriété conductrice de la chaleur, du fer & du verre, il seroit bon de répéter ces expériences avec différens liquides & avec diverses substances.

De même que la température de l’ébullition éprouve de très-grandes différences en raison du liquide que l’on veut faire bouillir, de même les liquides plus ou moins purs présentent des différences dans la température de leur ébullition. Ainsi, de l’alcool mélangé d’eau, de l’eau tenant en dissolution des sels, entrent en ébullition à une température plus élevée que l’alcool & l’eau pure, & les acides nitrique & sulfurique, mélangés d’eau, entrent en ébullition à une température plus basse que ces mêmes acides beaucoup plus concentrés.

ÉCHAPPEMENT ; hemmung ; s. m. Mécanique adaptée aux montres & aux pendules, par laquelle le régulateur reçoit le mouvement de la dernière roue, & ensuite modère le mouvement de cette roue pour régler le mécanisme.

  1. Annales de Chimie, vol. LXXXII, p. 174. — Ann. de Chimie & de Physique, tome VII, pag. 307.