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des tonneaux, dans des citernes, éprouvent au bout d’un temps, ou à certaines époques, une odeur & une saveur désagréables, analogues à celle de la fermentation putride. En examinant ces eaux avec attention, on voit que cette odeur & cette saveur sont occasionnées par des animalcules qui y ont pris naissance, ou par des plantes qui y ont végété. On détruit cette saveur & cette odeur en filtrant l’eau à travers de la poussière de charbon seule, ou de la poussière de charbon imbibée d’acide sulfurique. Voyez CLARIFICATION DES EAUX.

Eau régale ; aqua regalis ; kœnigs wasser. Mélange d’acide nitrique & muriatique. Voyez ACIDE NITRO-MURIATIQUE.

Eau (Vaporisation de l’) ; vaporisatio aquæ ; verdampfung das wasser. Opération par laquelle on fait passer l’eau à l’état de vapeur, par l’action du feu. Voyez VAPORISATION.

Exposée à l’action de la chaleur, l’eau se vaporise : cette vaporisation varie avec sa température, la pression à laquelle elle est soumise, & la sécheresse du milieu dans lequel elle est placée. Cette vaporisation est soumise à une loi que Dalton, Bettancourt & divers physiciens ont assignée. Cependant il est des circonstances où cette vaporisation éprouve des anomalies.

Si l’on a deux corps solides, que l’un soit échauffé au rouge, que l’autre soit beaucoup moins échauffé, on observe qu’une goutte d’eau, tombant sur le corps le moins chaud, s’étend en une lame très-mince & se vaporise promptement, tandis qu’une semblable goutte d’eau, tombée sur le corps très-chaud & presque rouge, forme un globule qui se meut très rapidement sur son axe, & qui ne se vaporise que très-lentement.

Deslandes, directeur de la verrerie de Saint-Gobin[1], avoit remarqué, depuis long-temps, que de l’eau jetée sur du verre en fusion, prenoit, sur la surface du verre, la forme d’une sphère, & qu’elle s’y maintenoit fort long-temps & ne s’évaporoit que successivement. Le volume d’un bon verre d’eau fut jeté dans un creuset plein de verre en fusion. Cette eau prit aussitôt la forme sphérique, sans le moindre bruit ; elle prit ou parut prendre une couleur rouge, semblable à celle du creuset & du verre qu’il contenoit ; elle roula sur sa surface à peu près comme le plomb qui se consomme dans une coupelle ; l’eau diminua peu à peu de volume, & il fallut environ trois minutes pour qu’elle fût entièrement évaporée.

Klaproth a fait plusieurs expériences pour constater ce fait : que la durée de la vaporisation étoit d’autant plus grande, toutes choses égales d’ailleurs, que le corps étoit élevé à une température plus forte : il versa, pour cet effet, de l’eau dans une cuiller chauffée foiblement, & dans une capsule chauffée au rouge-blanc.

Vaporisation dans une cuiller.

TABLE À CRÉER

DURÉE DE LA VAPORISATION.

RANG

des gouttes.

Dans une capsule.

TABLE À CRÉER

DURÉE DE LA VAPORISATION.

RANG

des gouttes.

Dans une cuiller d’argent, dix gouttes d’eau se réunirent en un globule dont la durée fut de 200 secondes ; il fut consommé, sans évaporation. Trois gouttes d’eau, dans une capsule d’argent, formèrent un globule dont la durée a été de 240 secondes, & l’évaporation momentanée. La durée d’une goutte d’eau dans une capsule de platine fut de 50 secondes ; un globule de trois gouttes a duré 90 secondes. Klaproth croit que l’eau ne peut pas s’évaporer dans ces expériences, & qu’elle subit une véritable décomposition.

Une goutte d’eau suspendue à l’extrémité d’un fil métallique, & placée au milieu de la flamme d’une bougie, y reste long-temps avant de se vaporiser.

Non-seulement la température influe sur la vitesse de l’évaporation de l’eau, mais la nature de la substance, la faculté qu’elle a d’être ou de ne pas être mouillée par l’eau, y a également une grande influence ; ainsi, deux cuillers d’argent, chauffées à une même température, élevée de quelques degrés au-dessus de la chaleur de l’eau bouillante : si l’une a sa surface nette, & que celle de l’autre soit enduite de noir de fumée ; une goutte d’eau, jetée sur la première, s’étend & se vaporise aussitôt ; une goutte d’eau, jetée sur la seconde, prend une forme sphérique & y demeure fort long-temps dans un mouvement continuel avant de se vaporiser.

  1. Journal de Physique, année 1778, tome I, page 30.