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de grandes irrégularités, même sur les eaux d’un même lieu prises plusieurs fois de suite. La moyenne des densités, entre 35° nord, o, & 25° sud de latitude, est de 1,0286, & celle des résidus salins 3,65.

On voit dans ce tableau que la densité des eaux de mer n’augmente depuis l’équateur jusqu’au 35e. deg. nord d’une part, & jusqu’au 25°,55 sud de l’autre, que d’une manière très-irrégulière ; mais ce qu’il y a de remarquable, c’est que la salure de ces eaux ne suit pas la même loi, ce qui peut dépendre de ce que les résidus salins n’auront pas été calcinés au même degré.

Non-seulement la proportion de sel & la densité de l’eau augmentent à la surface, à mesure que l’on s’écarte de l’équateur, mais elles augmentent encore dans la profondeur. L’eau prise à quelques cents pieds de profondeur contient toujours plus de sel que celle de la surface. Cette augmentation dans la proportion du sel, avec la profondeur où l’eau est prise, a fait présumer à quelques géologues que le fond de la mer, à de grandes profondeurs, devoit être recouvert de sel à l’état solide.

Au reste, l’équilibre des couches superposées peut avoir lieu, dans une eau tranquille, avec une densité uniforme[1] dans toutes les couches, ou avec une densité croissante d’une manière quelconque, de la surface au fond. Dans ce dernier cas, il sembleroit possible que le fond de la mer fût plus salé que sa surface ; mais si l’on suppose un état primitif d’une densité uniforme dans toute l’étendue des mers, il seroit impossible, d’après l’opinion de Gay-Lussac, que la salure fut plus grande aujourd’hui au fond qu’à sa surface, au moins d’une manière sensible : la densité de toute la masse ne pourroit augmenter qu’aux dépens de l’eau évaporée à sa surface ; mais comme cette quantité, assez petite par elle-même, est d’ailleurs compensée annuellement par les eaux de pluie, elle ne peut évidemment influer sur la salure de la mer d’une manière appréciable.

M. Gay-Lussac a négligé ici un élément, c’est la précipitation qui se forme naturellement dans une eau tranquille, qui tient un sel en dissolution, précipitation qui produit, au bout d’un temps plus ou moins long, des couches d’une densité croissante de la surface au fond. Il existe dans les opérations de la nature & dans celles des arts, un grand nombre d’exemples de ces précipitations naturelles.

Wilcke a remarqué dans la mer Baltique, que la direction du vent occasionnoit des différences dans le degré de salaison & dans la pesanteur spécifique des eaux. Cette densité, ramenée à la température de 13,33 R, étoit :

Vent d’est ……1,0039

— d’ouest …… 1,0067

— de nord-ouest ……1,0098

Tempête d’ouest 1,0118

Puisées à sa surface ou près du rivage, les eaux de la mer ayant une saveur amère & très-désagréable, tandis que celle qu’on retire à de grandes profondeurs n’est que salée : on présume que cette amertume est due aux substances animales & végétales qui y sont accidentellement mêlées près de sa surface.

Les eaux des mers, renfermées dans des bassins qui ne communiquent à l’Océan que par une ouverture, comme la Méditerranée, la Mer-Noire, la Mer-Rouge, la baie d’Hudson, la mer Baltique, &c., sont moins salées que celles de l’Océan. Cette dernière ne contient, dans les temps ordinaires, que 0,018 de sel, & dans les tempêtes de l’ouest 0,023, tandis que celle de l’Océan contient, quantité moyenne, 0,039.

Si l’on pouvoit considérer la Mer-Morte ou Lac-Asphaltique, contenu dans l’intérieur des terres en Syrie, comme analogue aux autres mers, elle seroit une exception, en ce que ces eaux sont beaucoup plus salées que celles de l’Océan, leur pesanteur spécifique étant de 1,2403, & la quantité de sel qu’elles contiennent, étant de 0,444.

Diverses hypothèses ont été données sur la salure des eaux de la mer : les uns l’attribuent à des masses de sel existantes dans le fond de la mer ; d’autres, à la formation continuelle de sel marin, par la réunion de ses élémens, qui se rencontrent épars dans l’Océan ; d’autres, aux fleuves & aux rivières qui charient les sels que leurs eaux ont dissous à la surface des terres des continens & des îles.

Une question assez intéressante a été long-temps agitée par les géologues ; c’est celle de la diminution des eaux de la mer. Les uns assurent, d’après les coquillages marins que l’on trouve dans des masses de pierre qui forment de très-hautes montagnes, que ces eaux ont primitivement couvert tout le globe & qu’elles ont ensuite diminué ; ils donnent pour cause de cette diminution, de vastes excavations existantes dans l’intérieur de la terre, & dans lesquelles les eaux se sont retirées ; d’autres prétendent que la masse des eaux est encore la même, mais qu’elle a été déplacée par des grands mouvemens survenus au globe de la terre. Voyez GÉOLOGIE, DENSITÉ DE LA TERRE, MER.

Eaux de la mer rendues potables. Eau de la mer, purifiée au point de la rendre potable.

C’est une question bien importante que celle de rendre les eaux de la mer potables. La solution de ce problème rendroit un service essentiel aux navigateurs, qui éprouvent des souffrances horribles lorsqu’ils sont privés de cette substance si utile à la vie.

  1. Annales de Chimie & de Physique, tome IV, page 435.