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duisît alors aucune étincelle visible dans le trajet de l’électricité. »

Eau de cristallisation ; aqua cristallisationis ; krystallisation wasser. Eau entraînée par les substances qui se solidifient, & qui se combine avec les cristaux qui se forment dans ce liquide.

Tous les cristaux qui se forment dans l’eau, entraînent de l’eau de cristallisation. Sa quantité influe sur leurs formes, leurs transparences & leurs solidités. Il en est, comme les cristaux de gypse, qui deviennent opaques, lorsqu’on leur enlève leur eau de cristallisation. Cette eau est, dans les cristaux, à l’état solide.

Eau de Luce ; aqua Luce ; Lucien wasser. Eau spiritueuse, d’une odeur forte & vive, employée à l’extérieur pour faire revenir les personnes qui se trouvent mal, & pour calmer les douleurs qui proviennent de la piqûre des insectes.

Pour obtenir cette eau, on dissout 10 à 12 grains de savon blanc dans 4 onces d’alcool ; on y mêle 1 gros d’huile de succin rectifié, & l’on filtre. On ajoute ensuite de l’ammoniaque liquide très-concentré, jusqu’à ce que le liquide, qu’on agite dans un flacon, ait acquis une belle couleur de blanc de lait mat. S’il se forme une pellicule à la surface, on ajoute un peu d’alcool.

Eau de mer ; aqua marina ; séewasser. Eau qui couvre une grande partie de la surface de la terre.

La masse d’eau qui couvre la surface de la terre, à laquelle on a donné le nom de mer, d’Océan, est immense : on estime au quart de la surface totale du globe de la terre, la partie occupée par les continens & les îles. Ainsi, la surface de la mer doit être environ le 0,75 de celle du globe terrestre ; quant à sa profondeur, il a été impossible de la déterminer par l’expérience. Au défaut d’expérience, Laplace a cherché à y suppléer par l’analyse, & il a trouvé qu’en supposant que les marées fussent produites par l’attraction réunie du soleil & de la lune, il falloit, pour faire coïncider les causes aux effets, que les profondeurs des mers fussent uniformes & qu’elles eussent environ 2 myriamètres de hauteur ; ce qui porteroit le volume des eaux de la mer à 133 000 myriamètres cubes.

Puisée à la surface ou près du rivage, l’eau de la mer a une saveur amère & très-désagréable ; mais retirée à une grande profondeur, elle n’est que salée : sa pesanteur spécifique varie entre 1,0269 & entre 1,0285. Sa température à la surface varie comme celle de l’air. Toutes les observations faites jusqu’à présent font présumer que la température diminue avec la profondeur. À profondeur égale, les eaux de la mer sont plus froides vers les pôles que vers l’équateur. Perron[1] ne craint pas d’avancer que les abîmes les plus profonds des mers, de même que les sommets de nos montagnes les plus élevées, sont éternellement glacés, même sous l’équateur.

Toutes les analyses qui ont été faites des eaux de la mer font voir qu’elle est composée de muriate de soude & de magnésie, & de sulfate de chaux. La proportion de ces sels varie entre 0,033 & 0,045. D’après Pages, cette proportion croîtroit depuis l’équateur, où l’eau contient 0,033, jusqu’à 45°, où elle contient 0,45. En effet, sa pesanteur spécifique paroît être la plus petite à l’équateur, & aller en augmentant à mesure que l’on s’approche du 45e. deg. Cependant plusieurs observations semblent contrarier ce résultat. Nous allons présenter ici le tableau des pesanteurs spécifiques des eaux de la mer, prises à la surface, à differens degrés de latitude, déterminées par les expériences de Bladh, & réduites par Kirwan à la température de 13°,33 R.[2].

Latitude. Longitude. Densité.

N. 59°,39 Or. 8°,48 1,0272.

— 57,18 — 18,48 1,0269

— 57,01 Oc. 1,22 0,0272

— 54,00 — 4,45 1,0271

— 44,32 — 2,04 1,2776

— 44,07 Or. 0,09 1,0276

— 40,41 — 0,30 1,0276

— 34,40 — 1,18 1,028

— 29,50 15 — 0,00 1,0281

— 24,00 Oc. 2,33 1,0284

— 18,28 — 3,24 1,0281

— 16,36 — 3,37 1,0277

— 14,56 — 3,46 1,0275

— 10,30 — 3,49 1,0272

— 5,50 — 3,28 1,0274

— 2,20 — 3,26 1,0271

— 1,25 — 3,30 1,0270

S. 0,16 — 2,40 1,0277

— 5,10 — 6,00 1,0277

— 10,00 — 6,05 1,0285

— 14,40 — 7,00 1,0284

— 20,06 — 5,30 1,0285

— 25,45 — 2,22 1,0281

— 30,25 Or. 7,12 1,0279

— 37,37 — 68,13 1,0276

De nouvelles observations faites par M. Lamarque, officier très-distingué, qui a recueilli de l’eau de la mer à diverses latitudes pendant sa traversée de Rio-Janeiro en France, en 1806[3], présentent

  1. Annales du Muséum d’histoire naturelle.
  2. Kirwans’,Geol. Essays, pag. 350.
  3. Annales de Chimie & de Physique, tome IV, p. 426 & suivantes.