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On peut encore décomposer l’eau en ses deux élémens, par l’action galvanique ou électrique.

Par le galvanisme, on fait communiquer deux fils métalliques aux deux pôles différens d’une pile ; on plonge ces deux fils dans l’eau & on les approche l’un de l’autre : lorsqu’ils sont à une distance convenable, l’eau se décompose ; si les fils métalliques sont difficilement oxidables, comme l’or, le platine, on obtient les deux gaz séparément ; si les fils sont d’un métal oxidable, comme le cuivre, le fer, l’un des fils s’oxide, & il ne se dégage que du gaz hydrogène. Voyez ÉLECTROMOTEUR, GALVANOMÈTRE, ÉLECTRICITÉ (DÉCOMPOSITION DE L’EAU.)

Voulant s’assurer si la décomposition de l’eau par la pile galvanique provenoit de l’électricité qui s’y développe, ou d’une action particulière & distincte de l’électricité, Paest Van-Troostswyk & Deiman firent diverses tentatives pour cet objet, & ils parvinrent, après de nombreuses recherches, à décomposer l’eau par l’étincelle électrique. Ils ont pris un tube de verre d’une ligne d’épaisseur & de dix lignes de longueur. L’une des extrémités du tube a été fermée à la lampe, après y avoir introduit un fil d’or de de ligne de diamètre. Dans l’autre extrémité du tube, qui étoit ouverte, on avoit mis un fil semblable qu’on pouvoit mouvoir librement. On remplit alors le tube d’eau, privé d’air par l’ébullition & par la machine pneumatique : le tube fut placé dans l’eau par son extrémité ouverte.

Le succès de cette expérience dépend uniquement de la force de l’étincelle électrique. L’étincelle du conducteur simple de la grande machine de Teylor ne fut pas assez forte ; il fallut employer une bouteille de Leyde. Celle qui a servi à l’expérience avoit une surface couverte de 120 pouces carrés ; si l’étincelle étoit trop forte, le tube casseroit infailliblement.

On écarte les extrémités des deux fils jusqu’à ce qu’on aperçoive que chaque étincelle forme une petite bulle de fluide élastique, qui passe dans la partie supérieure du tube.

Il faut à peu près six cents étincelles pour former une colonne d’un pouce & demi de gaz. Le fluide électrique qui passe à travers, l’enflamme, & il ne reste qu’une petite bulle d’air, qui peut provenir d’un peu d’air contenu dans l’eau. Si l’on continue l’expérience sur la même quantité d’eau, ayant soin de laisser sortir chaque fois la bulle d’air qui s’étoit formée, les inflammations subséquentes ont lieu sans qu’il y ait un résidu d’air.

Cette expérience se répète maintenant dans tous les cours de physique. L’appareil dont on se sert consiste en une bouteille de Leyde A, fig. 742, communiquant par sa partie intérieure avec une machine électrique E ; son armure extérieure communique en B avec le pied d’un tube de verre rempli d’eau. Dans ce tube sont deux tiges métalliques a, b, terminées par des boules ; la tige supérieure b passe dans une boîte à cuir C, dans laquelle elle peut se mouvoir, afin de rapprocher ou d’éloigner la boule b de celle a. La tige D communique à une tige de cuivre E, supportée par un pied de verre F, qui l’isole. L’extrémité G de cette tige se rapproche plus ou moins de la boule K, qui communique à l’intérieur de la bouteille de Leyde.

En faisant mouvoir la machine électrique, la bouteille de Leyde se charge, jusqu’à ce qu’elle soit arrivée à un degré d’intensité qui dépend de la proximité des boules G & K ; alors une étincelle part entre ces deux boules, la bouteille de Leyde se décharge, & il se décompose une petite portion d’eau entre les boules a & b, lorsqu’elles sont à une distance convenable. Continuant de faire mouvoir la machine électrique, les étincelles se suivent, & de l’eau se décompose entre les boules a & b.

Wolaston a également décomposé l’eau, en fixant une feuille d’or, très mince, dans un tube de verre capillaire. Soudant ce tube à l’une de ses extrémités, l’usant ensuite, jusqu’à ce qu’avec une loupe on pût découvrir la pointe de l’or qui commençoit à se faire jour ; plongeant le bout usé du tube dans un vase rempli d’eau qui communiquoit au sol, & approchant l’autre bout du fil du conducteur d’une machine électrique, à chaque étincelle partie de la machine sur le fil, une portion d’eau se décomposoit à l’extrémité du tube. L’intervalle d’air que le conducteur étoit obligé de traverser, pour arriver du conducteur au fil, afin qu’il y eût décomposition d’eau, doit être d’autant plus grande que le fil est plus gros. Pour un fil de de pouce de diamètre, l’intervalle d’air traversé par l’étincelle devoit être de de pouce.

Jusqu’ici la décomposition de l’eau par l’électricité n’étoit obtenue que par des étincelles successives : pour établir une analogie plus complète entre cette décomposition & celle qui a lieu avec la pile galvanique, il falloit pouvoir décomposer l’eau par un simple courant électrique. Voici comment Wolaston y parvint.

« J’introduisis (dit le savant anglais ) dans un tube capillaire, une solution d’or dans l’eau régale, &, en chauffant le tube, je fis évaporer l’acide : il restoit une couche très mince d’or, qui garnissoit l’intérieur du tube, & qui, lorsque je chauffai celui ci jusqu’à l’amollir, devint un fil d’or très-fin, au milieu de la substance du verre.

» En faisant, du tube ainsi préparé, le moyen de communication de l’électricité à travers l’eau, je trouvai que le simple courant de l’électricité faisoit paroître une série de bulles très-petites à l’extrémité du fil d’or, quoique l’autre extrémité, par laquelle ce fil communiquoit avec le conducteur, vitré ou résineux de la machine, fût en contact parfait avec ce conducteur, & qu’il ne se pro-