Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T3.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que celui de Monge est un résultat définitif, qui suppose plusieurs essais préliminaires que ce savant n’a pas cru devoir publier. Cette seule considération doit nécessairement donner à Monge l’antériorité de la découverte.

Depuis, l’expérience de la décomposition de l’eau a été répétée avec beaucoup de soin, en employant la méthode de Lavoisier & de Laplace, c’est-à-dire, en brûlant, d’une flamme continue, l’un des deux gaz dans un ballon rempli de l’autre. La première expérience exacte, qui ait été faite avec beaucoup d’appareil, en se servant de deux gazomètres imaginés par Meusnier (voyez GAZOMÈTRE), est celle que Lavoisier fit publiquement en 1784 dans son laboratoire, en présence d’un grand nombre de savans français & étrangers, & à laquelle nous fûmes présens.

gr. = grains de gaz hydrogène, ayant été brûlés avec gr. = grains de gaz oxigène, en tout , ils ont obtenu gr. = . La différence de poids est en plus, pour l’eau obtenue, de 30 grains. Le rapport en poids des deux gaz employés est à peu près comme 14 à 86. Dans une autre expérience, Lavoisier trouva que les proportions en poids de l’hydrogène à l’oxigène étoient comme 15 est à 85.

Plusieurs expériences sur la composition de l’eau ont été faites ensuite : d’abord, en 1788, par Lefebvre de Gineau[1], au Collége de France, en présence de Lavoisier, Monge, Berthollet, Leroy, Bayen, Pelletier, &c ; on y brûla plus de 280 gros des deux gaz, dans la proportion de 15,2 de gaz hydrogène & de 84,8 de gaz oxigène ; ensuite, en 1790, par Fourcroy, Vauquelin & Seguin[2]. On a brûlé, en 185 heures, 7249 grains des deux gaz, dans la proportion de 85,66 de gaz oxigène & 14,34 de gaz hydrogène, & l’on a obtenu 7245 grains d’eau. Cette dernière expérience paroît être une des plus exactes qui ait été faite. Voyez COMPOSITION DE L’EAU.

Comme Fourcroy, Vauquelin & Seguin n’ont pas eu égard au gaz saturé d’eau, qui, d’après Saussure, est de 10 grains par pied cube à 14°, il est juste d’en tenir compte pour déterminer le poids réel des gaz. D’après cette correction, on auroit les rapports suivans en poids :

Oxigène 87,41

Hydrogène 12,59

100


& la proportion des mêmes gaz en volume seroit, d’après Humboldt & Gay-Lussac :

Gaz oxigène 100

Gaz hydrogène 200

Nous ne croyons pas devoir rapporter ici l’expérience à l’aide de laquelle nous avons obtenu de l’eau, en comprimant fortement un mélange des gaz oxigène & hydrogène dans les proportions convenables. Voyez COMPOSITION DE L’EAU, COMPRESSION DES GAZ.

Eau (Conductricité de l’) ; conductores secultas aquæ ; leiterische das wasser. Propriété de l’eau pour propager des effets.

On n’applique ordinairement la qualité conductrice des corps qu’au calorique, à l’électricité & au galvanisme.

D’après les expériences de Rumfort, l’eau paroît être un mauvais conducteur du calorique (voyez CONDUCTEUR DU CALORIQUE) ; elle est, au contraire, un très-bon conducteur de l’électricité ; car il suffit de mouiller un tube de verre ou de résine avec ce liquide, ou avec sa vapeur, pour qu’ils perdent à l’instant leur vertu électrique (voyez CONDUCTEUR DE L’ÉLECTRICITÉ) : elle devient presque isolante pour transmettre le galvanisme. Voyez CONDUCTEUR DU GALVANISME, ÉLECTRICITÉ, ÉLECTROMOTEUR, GALVANISME.

Eau (Conduits d’). Tuyaux ou canaux qui servent à conduire les eaux. Voyez CONDUITS D’EAU.

Eau (Congélation de l’) ; congelatio aquæ ; gefrierung das wasser. Transformation de l’eau en glace. Voyez CONGÉLATION, CONGÉLATION DE L’EAU.

Eau convertie en terre. Opinion de quelques philosophes, & en particulier de Bertrand, qui considèrent l’eau comme un des élémens primitifs de la formation du globe. Voyez EAU (Composition de l’).

Eau d’Archimède (Épreuve de l’). Moyen pratiqué par Archimède pour connoître, par la pesanteur spécifique d’un composé, la proportion des composans. Voyez ÉPREUVE D’EAU D’ARCHIMÈDE, DENSITÉ, PESANTEUR SPÉCIFIQUE.

Eau de chaux ; aqua calcis ; kalk wasser. Eau qui contient environ une partie de chaux en dissolution dans 600 parties d’eau.

Eau (Décomposition de l’) ; disjunctio aquæ ; zersetzung  das wasser, Procédé par lequel on décompose l’eau & l’on obtient ses deux élémens.

On peut décomposer l’eau, soit en l’exposant à l’action de diverses substances qui ont plus d’action sur l’un de ses élémens que l’autre élément qui y est combiné ; tels sont des métaux, le soufre, le phosphore échauffés, les dissolutions métalliques, l’acte de la végétation, &c. L’un des gaz se dégage, l’autre reste combiné. Voyez DÉCOMPOSITION DE L’EAU, GAZ HYDROGÈNE.

  1. Journal de Physique, année 1788, tome II, p. 447.
  2. Annales de Chimie, tome VIII, p. 230.