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deux ou trois pouces de longueur ; si l’eau, ainsi filtrée, conserve encore un aspect trouble, on y ajoutera nouvelle quantité de cette poudre, jusqu’à ce qu’elle soit devenue parfaitement claire ; alors on passera la quantité entière de cette eau à travers une chausse, dont la grandeur doit être proportionnée à la quantité d’eau.

Depuis 1790, le procédé de Lowitz a éprouvé divers perfectionnemens. On ne mêle plus le charbon avec l’eau que l’on veut clarifier, on en forme des filtres à travers lesquels on fait passer de l’eau. Enfin, lorsque cette eau contient des matières étrangères en suspension, on la fait passer à travers deux filtres différens : les premiers peuvent être de sable, de pierres & même d’éponges ; ils servent à retenir les substances tenues en suspension : le second, est un filtre de charbon, dont l’objet est de détruire toute odeur & saveur étrangères à l’eau. Enfin, on donne aux eaux un mouvement qui leur fait reprendre l’air qui leur est nécessaire, pour détruire leur fadeur & leur donner la saveur qui distingue les eaux potables. Voyez EAU.

Eau (Compressibilité de l’) ; compressibilitas aquæ ; compressibilitaes der wasser. Propriété de l’eau, d’être très-peu compressible. Voyez COMPRESSION, COMPRESSIBILITÉ.

Eau (Composition de l’) ; compositio aquæ ; zusammen setzung der wasser. Opération par laquelle on forme de l’eau en combinant du gaz oxigène avec du gaz hydrogène.

Pendant long-temps on a regardé l’eau comme un corps simple ; les anciens philosophes la considéroient comme un des quatre élémens dont ils supposoient que toutes les matières du globe étoient composées. Cependant, plusieurs physiciens du 17e. & du 18e. siècle la soupçonnèrent composée. Boyle & Margraff, ayant distillé la même eau un grand nombre de fois, obtinrent un peu de terre ; Eller, en broyant de l’eau dans un mortier, obtint aussi de la terre qu’il crut provenir de l’eau ; Van-Helmont ayant fait croître des arbres par le simple contact de l’eau, en conclut que l’eau pouvoit être convertie dans toutes les substances qui se trouvent dans le végétal. Comme, parmi toutes ces expériences, la seule qui pouvoit réellement favoriser l’opinion de la conversion de l’eau en terre, étoit la distillation répétée d’une même eau, Lavoisier crut devoir recommencer l’expérience[1], en y apportant cette exactitude qu’il avoit introduite en chimie ; mais il aperçut bientôt que la terre que l’on obtenoit, provenoit des vaisseaux distillatoires.

Dès que l’on se fut assuré que l’air n’étoit pas une substance simple & élémentaire, qu’il existoit plusieurs espèces d’air qui avoient des propriétés différentes, & auxquelles on donna le nom de gaz ; que les uns brûloient & que les autres favorisoient la combustion & la respiration ; que d’autres éteignoient la lumière & tuoient les animaux qui les respiroient, on chercha à réunir ces gaz les uns avec les autres, à les brûler, pour en obtenir des composés nouveaux.

Schéele est le premier qui ait fixé son attention sur les phénomènes qui ont lieu pendant la combustion de l’hydrogène. Enflammant du gaz hydrogène au bout d’un tuyau communiquant à un matras posé sur l’eau[2], & rempli de gaz oxigène, l’eau monta dans le matras, remplit les de sa capacité ; alors la flamme s’éteignit. D’où le chimiste suédois conclut que l’hydrogène s’étoit combiné avec l’oxigène, & qu’il y avoit eu production de chaleur.

Macquer[3], en 1776, enflamma en présence de Sygaud de Lafond, du gaz hydrogène contenu dans un flacon ; il appliqua une soucoupe de porcelaine blanche sur la flamme, pour voir s’il se déposoit de la suie ; la voûte du vase, au lieu d’être noircie, étoit tapissée de quelques gouttes d’eau ; mais il crut cette eau accidentelle.

Buquet & Lavoisier firent détoner, en 1777[4], un mélange de gaz oxigène & de gaz hydrogène. Buquet soupçonnoit que le produit devoit être de l’acide carbonique ; Lavoisier, au contraire, s’attendoit à la formation de l’acide sulfurique ou sulfureux : n’ayant obtenu ni l’un ni l’autre des résultats qu’ils attendoient, ils abandonnèrent ce genre de recherche.

Pendant l’hiver de 1781 à 1782, Lavoisier refit de nouveau ces expériences ; il les fit en présence de Gingembre[5]. Ils remplirent un flacon, d’une capacité de six pintes, avec du gaz hydrogène ; ils l’enflammèrent, &, avant de boucher le flacon, ils y mirent deux onces d’eau de chaux. Cette expérience a été répétée trois fois, sans pouvoir reconnoître le produit de la combustion.

En 1781, Waltèr & Priestley enflammèrent un mélange de gaz oxigène & de gaz hydrogène ; ils trouvèrent, dans une expérience après la combustion, que le poids total étoit diminué ; dans une autre, ils obtinrent 30 grains d’eau, mêlée d’un peu d’acide nitrique, en brûlant 37,000 grains de gaz hydrogène avec 19,800 gr. de gaz oxigène ; enfin, dans une troisième expérience, les parois du vase se couvrirent intérieurement d’une substance fuligineuse, que Priestley soupçonna provenir du mercure employé pour remplir le vaisseau.

  1. Mémoires de l’Académie royale des Sciences, année 1770, page 73.
  2. Chimie de Schéele, tome I.
  3. Dictionnaire de Macquer.
  4. Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1781, page 470.
  5. Idem.