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de Vaux a fait voir, à l’Académie des Sciences, que des toiles & des feuilles de papier, enduites d’un encolage de terre d’alun, n’étoient plus inflammables. Montgolfier a employé avec succès le même moyen pour préserver de l’incendie les ballons qu’il avoit fait construire en toile.

Eau bouillante ; aqua fervens ; kochen wasser. État de l’eau élevée à une température telle que le liquide, vaporisé par la chaleur, s’élève sous forme de gaz, en traversant l’eau, & produit un mouvement particulier, auquel on a donné le nom d’ébullition. Voyez ÉBULLITION.

Eau bouillante (Jets d’). Jets d’eaux thermales dont la température est à peu près celle de l’eau bouillante.

Toutes les fois que de l’eau parvient sur les foyers des chaleurs internes, analogues à ceux qui produisent les volcans, l’eau se vaporise ; cette vapeur exerce une très-forte action sur les masses qui l’environnent, jusqu’à ce qu’elle puisse s’échapper ou se condenser. Lorsque la vapeur trouve des issues par lesquelles elle puisse sortir, alors elle se dégage sous forme de nuage, si toute l’eau a été vaporisée, ou sous forme de jet d’eau & de vapeur, si une partie est restée à l’état liquide : nous allons rapporter, pour exemple des jets d’eau bouillante, celui du Geyser qui existe en lslande.

L’Islande est une île volcanique qui contient un assez grand nombre de sources d’eaux thermales : dans les unes, les eaux sortent aussi paisiblement que des sources ordinaires ; dans les autres l’eau est lancée périodiquement à des hauteurs plus ou moins élevées. L’eau des premières sources a une température modérée ; on les nomme eaux tièdes : les autres ont une température très-élevée ; elles sont situées au milieu d’une plaine près de Shalhot. Le lieutenant Ohlsen, qui les visita en 1804, a donné la description suivante de leurs jets[1] :

« Nous arrivâmes au Geyser le 16 août, à trois heures & demie de l’après-midi. Chemin faisant, nous vîmes, de très-loin, une éruption du Geyser ; il s’éleva dans l’atmosphère une colonne de fumée qui paroissoit s’unir avec les nuages ; mais elle disparut en peu de temps. Lorsque nous approchâmes de la fontaine, le bassin étoit tranquille, & l’on ne voyoit monter que de très-légères vapeurs. Le guide nous dit que l’éruption auroit bientôt lieu, & nous restâmes debout sur le bord du bassin. On entendit subitement un bruit souterrain, comme si on eût tiré un coup de canon sous terre ; la roche trembla & parut comme se soulever, & l’eau commença à s’agiter dans le bassin. Tout étranger ou tout homme qui n’auroit pas déjà vu l’éruption du Geyser, auroit pris la fuite ; mais les personnes qui connoissoient déjà le phénomème me dirent que je pouvois rester sur les bords sans danger. Deux coups souterrains, encore plus forts que le premier, suivirent : l’eau se souleva avec un bouillonnement considérable, & fut poussée par vagues vers les bords du bassin ; après quoi arriva une petite éruption dont la hauteur fut d’environ quarante pieds ; elle ne dura que quelques secondes, & l’eau redevint, pour un moment, tranquille dans le bassin. Bientôt après on entendit plusieurs violentes détonations, environ trois par seconde. Le rocher trembla de nouveau & si fortement, qu’on eût cru qu’il alloit se fendre de tous côtés & tomber en une multitude de morceaux. L’eau fut de nouveau élevée dans l’air avec un bouillonnement encore plus considérable que dans l’autre éruption, & poussée plus impétueusement vers le bord du bassin ; en forte que quelques vagues l’inondèrent pour la première fois. Dans le même moment arriva la plus grande éruption. L’eau s’élança rapidement dans l’air en colonne continue, & accompagnée d’une grande quantité de vapeur & de fumée. Cette colonne se partagea en plusieurs jets plus ou moins considérables ; quelques-uns n’étoient pas continus, mais d’autres leur succédoient aussitôt, & ils se suivoient coup sur coup, comme des fusées volantes. Quelquefois, après être montés verticalement, ils se séparoient ensuite en se dirigeant obliquement ; leur hauteur étoit plus ou moins considérable. Une mesure, prise dans une éruption suivante, donna une hauteur de 201 pieds danois. L’eau retomba perpendiculairement dans le bassin ; seulement quelques jets obliques lancèrent de l’eau sur les bords, & les jets les plus minces, qui s’élevèrent le plus haut dans l’air, retombèrent en une pluie fine. »

Il est vraisemblable, dit le lieutenant Ohlsen, que ces sources tirent leurs eaux des petites rivières qui courent dans le marais, car la profondeur trouvée du Geyser s’étend beaucoup plus au-dessous du marais, où ces petites rivières coulent.

Eau bouillante (Température de l’). Degré de chaleur auquel l’eau entre en ébullition.

Le degré de chaleur auquel l’eau entre en ébullition est très-variable. Sa température dépend : 1o. de son degré de pureté ; 2o. de la pression à laquelle elle est soumise. L’eau peut tenir en dissolution des substances dont la densité soit plus grande ou plus petite que la sienne, & dont le degré de l’ébullition soit plus ou moins élevé. Lorsque l’eau est mélangée avec des substances plus légères, dont la température de l’ébullition est moins élevée, ce liquide, ainsi altéré, bout à une température moindre que celle de l’eau pure ; c’est ce qui a lieu par exemple, pour les mélanges d’eau & d’alcool. Mais lorsque l’eau tient en dissolution des sels, des terres, & en général des matières plus denses qu’elle, la température de son ébullition est toujours plus élevée que celle de l’eau pure.

Quant à la variation occasionnée par la pression

  1. Journal des Mines, tome XXXI, page 5.