salubres par les matières organiques corrompues qu’elles contiennent ; les eaux que l’on transporte sur les vaisseaux, en les contenant dans des tonneaux, se corrompent également, ainsi que toutes celles qui ont séjourné sur des matières végétales & animales. On peut assainir ces eaux par l’ébullition ou par la distillation ; mais, dans ce dernier cas, il faut faire passer à travers un courant d’air atmosphérique, afin de les en imprégner, détruire leur fadeur & les rendre plus agréables.
Cuchet & Schmitt ont formé, à Paris, un établissement dans lequel ils épurent les eaux, les rendent limpides & potables en les faisant passer à travers des éponges, les filtrant ensuite à travers du charbon en poudre, puis les faisant tomber en forme de pluie dans de vastes réservoirs, afin qu’elles puissent se saturer d’air pendant leur chute.
Vers la fin du siècle dernier[1], Lowitz avoit déjà fait connoître le moyen de dépurer l’eau corrompue, en la faisant filtrer à travers de la poussière de charbon ; il avoit même proposé de mettre de la poussière de charbon dans les tonneaux qui devoient contenir l’eau sur les vaisseaux. Berthollet a proposé depuis de charbonner les tonneaux intérieurement. La dépuration de Lowitz a obtenu partout le plus grand succès. Voyez EAU (Clarification de l’).
Il existe une diversité d’opinions sur les eaux de neige & de glace. Carradori prétend qu’elles ne contiennent pas d’oxigène ; Hassenfratz, Humboldt & Gay-Lussac assurent, au contraire, qu’elles contiennent plus d’oxigène que les eaux ordinaires. Hassenfratz a trouvé jusqu’à 0,40 de gaz oxigène dans l’air provenant de l’eau de pluie. Les personnes qui font usage, dans leur boisson, d’eaux de pluie ou de neige, remarquent qu’elles procurent plus de chaleur interne que l’eau ordinaire. Ces eaux, mélangées dans le vin, donnent plus de ton à l’estomac.
Gay-Lussac & Humboldt se sont assurés, en faisant bouillir des eaux de rivière, de neige & de glace, que l’eau de glace fondue donnoit à peu près moitié plus d’air que l’eau ordinaire, & que celle de la neige en donnoit le double. L’air provenant de l’eau de la Seine contenoit presque 0,328 d’oxigène, celle de la glace 0,335, & celle de la neige 0,348.
Exposée à l’action de l’air, l’eau en absorbe promptement ; si l’on expose à l’action d’autres gaz de l’eau qui contient déjà de l’air, une portion plus ou moins grande de ces gaz est absorbée ; mais celui sur lequel l’eau paroît avoir la plus grande action est le gaz oxigène. Humboldt & Gay-Lussac se sont assurés qu’en exposant 100 parties de gaz oxigène à l’action de l’eau, ce liquide en avoit absorbé 77 parties, & avoit laissé dégager 37 parties de gaz azote.
Enfin Thenard est parvenu à combiner avec l’eau plus de six fois son volume d’oxigène.
Assez ordinairement les habitans des départemens éprouvent, en arrivant à Paris, quelques dérangemens que l’on attribue à un effet laxatif des eaux de la Seine qu’ils boivent. C’est une erreur qu’il seroit bon de détruire. Le dérangement a également lieu, soit que l’on ne boive pas d’eau, ou que l’on fasse usage d’eau bouillie ou clarifiée. On peut attribuer, avec plus de raison, le dérangement que les étrangers éprouvent, aux suites du voyage qu’ils viennent de faire, & à la situation morale & physique dans laquelle ils se trouvent, qui est très différente de celle dans laquelle ils étoient chez eux. Les partisans des effets laxatifs des eaux de la Seine les attribuent à une grande quantité de matière étrangere, spécialement due aux immondices qui y sont portées par les égouts. Il suffit de comparer la quantité de matière & d’eau impure qui se mêlent aux eaux de la Seine en traversant Paris, avec la masse d’eau qui les reçoit, pour se convaincre de leur peu d’influence : la proportion est moindre que d’un cent millieme. Les eaux recueillies aux barrieres des deux extrémités de la Seine, dégustées & analysées avec le plus grand soin, n’ont donné aucune différence appréciable.
L’eau est répandue avec tant d’abondance sur la surface de la terre ; elle passe si facilement à l’état solide & à l’état gazeux, sans changer de nature ; elle exerce une si forte action sur un grand nombre de corps ; elle se présente dans un si grand nombre d’opérations, qu’il n’est pas étonnant qu’elle ait été regardée, pendant long-temps, comme un élément ou un principe commun à un grand nombre de composés. Cependant Boyle, Margraff, Eller, Van-Helmont, avoient cru qu’elle pouvoit être convertie en terre ; mais cette conversion avoit été fortement combattue, & l’eau est restée au nombre des élémens jusque vers la fin du siècle dernier, que Monge, en France, & Cawendish, en Angleterre, prouvèrent simultanément l’un & l’autre que l’eau étoit un composé de 85 parties pondérables d’oxigène & 15 parties pondérables d’hydrogène. Les expériences de ces deux savans, attaquées de toutes parts, furent répétées publiquement avec beaucoup de soin par Lavoisier, Meusnier, Lefebvre-Guéneau, Fourcroy, Vauquelin, Séguin, &c. &c, & le concours des résultats obtenus ne laissa plus aucun doute sur la composition de l’eau. Voyez COMPOSITION DE L’EAU, DÉCOMPOSITION DE L’EAU, EAU (Composition de l’), EAU (Décomposition de l’).
Eau acidulée ; aqua acidulata ; sauer wasser. Eau contenant de l’acide carbonique. Voyez EAUX AÉRÉES, EAUX MINÉRALES FACTICES.
Eau (Adhésion des molécules d’). Force avec
- ↑ Annales de Chimie, tome XVIII, page 88.