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est assez grand pour qu’on puisse y introduire le doigt armé d’un linge. Par ce moyen, l’instrument se trouve nettoyé & séché en un instant.

» Fig. 95 est la coupe verticale de grandeur naturelle, & fig. 95 (a) une coupe horizontale du bouchon. Sut la ligne A B on distingue le segment F qui facilite la sortie excédante de la liqueur, & la rentrée de l’air. Ce segment s’obtient en usant le corps du bouchon dans toute sa longueur de C en D, sur une largeur de cinq millimètres environ.

» On voit que, pour régler l’instrument à la contenance très-juste d’un décagramme d’eau distillée, il suffit d’obliger son bouchon à s’enfoncer davantage pour diminuer la capacité, ou d’user ce bouchon de D en E, pour que le flacon puisse en tenir un peu plus. Le premier effet s’opère en mettant un peu de fable fin & humide entre l’orifice & le bouchon, qu’on tourne rapidement : on obtient le second effet en frottant le bouchon par son biseau DE, sur une table de fer fondu, couverte aussi de sable fin & humide.

» Chaque aréométritype porte un numéro qui se trouve répété sur son bouchon & sur les trois parties d’une boîte de métal G H I, représentée dans la fig. 95 par des lignes ponctuées. Elle est destinée à le transporter au besoin, & à en représenter très exactement la tare, au moyen des petits poids additionnels qu’on peut renfermer dans la petite boîte inférieure, ou double fond K ; par ce moyen, on évite la confusion de ces objets, & la perte de temps que prendroit le rétablissement de la tare lors de chaque essai.

» À défaut de poids de tare, & pour les remplacer promptement, on grave sur le flacon le poids total du flacon & du bouchon vide.

» Voici comment on fait usage de cet instrument : après avoir essuyé & séché le flacon & le bouchon, on l’emplit du liquide dont on veut avoir la pesanteur spécifique ; on y enfonce le bouchon qui fait refluer le liquide, on essuie parfaitement l’extérieur, & l’on pèse le tout avec de bonnes balances. Si du poids obtenu on retranche celui du flacon & du bouchon, le nombre de centigrammes que donne la différence est exactement la densité ou la pesanteur spécifique du liquide.

» Soit, par exemple, 43 g.,27 le poids du bouchon & du flacon vide, & 57g.,38 celui de l’aréométritype rempli d’un liquide plus pesant que l’eau, la différence 57g.,38 – 43g.,27 = 1411, sera la pesanteur spécifique du liquide, celle de l’eau étant 1000 ; & si le poids de l’instrument, plus de l’alcool, étoit de 51g.,54, la différence 51g.,44 – 43g.,27 = 818, donneroit 0,818 pour la pesanteur spécifique de l’alcool.

» Quand on a la tare exacte du flacon, c’est le nombre de centigrammes, ajouté à cette tare, qui représente la densité du liquide. »

Il est inutile d’observer que cette manière de déterminer la densité est fondée sur ce principe : que la pesanteur spécifique d’un corps est le rapport qui existe entre le poids du volume donné de ce corps, & celui d’un même volume d’eau distillée, pris pour unité. Or, comme l’aréométritype contient exactement mille centigrammes d’eau distillée, la somme des centigrammes du même volume de liquide doit représenter exactement sa pesanteur spécifique.

Decroisil indique quelques précautions qu’il est bon de prendre en se servant de son instrument, soit pour ne rien perdre du liquide, soit pour ne pas s’exposer à l’action d’un liquide caustique, soit aussi pour ne pas laisser la moindre parcelle d’air. Il faut, après avoir rempli l’aréométritype, poser un entonnoir sur le vase d’où sort la liqueur à peser ; puis tenant l’aréometritype entre le pouce & l’index, & l’inclinant convenablement au-dessus de l’entonnoir, on enfonce le bouchon pour faire refluer le trop-plein, de manière que l’extravasion se fasse entre les doigts sans les mouiller. Cela étant fait, on saisit l’aréométritype en posant un doigt sur le bouchon, & un autre sous le flacon, puis on l’essuie exactement. Mais si c’est une liqueur caustique, on plonge l’instrument dans l’eau, ou sous un filet d’eau, pour le bien rincer à l’extérieur avant de l’essuyer avec un linge fin, ou avec du papier très-flexible. Cela étant fait, & les doigts étant toujours dans la même position, on renverse l’aréométritype, le bouchon en bas, & l’on observe s’il n’y entre pas quelques bulles d’air, qui rendroient l’essai inexact & obligeroient de recommencer.

Cet instrument, dont il est facile de doubler, tripler, décupler la capacité, peut devenir d’un usage précieux dans les usines, les manufactures, les ateliers où l’on fabrique, où l’on emploie des sels, des acides, &c., parce que tous les ouvriers peuvent juger, par le poids seul, du degré de rapprochement, de force & de saturation des liquides qu’ils traitent ou qu’ils emploient. Il est des circonstances où il est plus avantageux de plonger l’aréomètre dans la chaudière, & d’observer à la fois le degré de la liqueur & de sa température.

ARGILE ; argilla ; thon. sub. f. Terre composée d’alumine & de silice, souvent aussi d’oxide de fer & de chaux.

Cette terre est tendre, avec cassure terne & terreuse ; elle répand, par l’insufflation, une odeur particulière ; elle happe à la langue.

Avec l’eau, elle forme une pâte qui a de l’onctuosité, une sorte de ténacité ; elle se laisse alonger dans diverses directions sans se briser.

Desséchée, cette pâte conserve de la solidité ; exposée à un feu suffisant, elle en acquiert encore davantage, & devient tellement dure, qu’elle peut étinceler avec le briquet ; alors elle a perdu la propriété de former une pâte avec de l’eau

On emploie l’argile à différens usages ; elle sert