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tions appropriées à trois espèces de liquide, & une quatrième échelle pour indiquer la température, au moyen d’un thermomètre à mercure que porte l’instrument.

» La première échelle, dont le premier terme 10 est fixé vers le milieu de la tige, finit vers le haut par 60 à 80 degrés ; elle sert à reconnoître les diverses pesanteurs ou légèretés spécifiques de l’eau distillée, des eaux-de-vie, de l’alcool, des éthers. La pesanteur de l’eau distillée est ici représentée par 10 degrés. Il ne faut point, pour faire usage de cette échelle, à l’effet de peser les fluides que l’on vient d’énoncer, ajouter le poids supplémentaire ou plongeur, destiné à la troisième échelle.

» La seconde échelle, remarquable par sa brièveté, commence au même point de la longueur de la tige que 10, premier terme de la première échelle ; son premier terme 0 représente aussi l’eau distillée ; ses degrés montant de bas en haut, jusqu’à 15 environ, indiquent la légèreté des vins & des vinaigres ; ceux en descendant servent à faire connoître, dans ces mêmes fluides, la pesanteur supérieure à celle de l’eau distillée : pour cet usage, le plongeur est encore inutile.

» Enfin, la troisième échelle, dont le terme 0 est situé au sommet de la tige, & qui comprend, jusqu’en bas, environ 70 à 80 divisions ou degrés, est destinée à indiquer des pesanteurs spécifiques très-supérieures à celle de l’eau distillée, ce qui nécessite une augmentation de poids dans l’instrument, afin qu’il puisse s’enfoncer, dans celle-ci, jusqu’au point 0 de cette échelle. On produit cet effet au moyen d’un second lest qui s’accroche à l’instrument, & que l’on nomme plongeur. Ce poids est placé dans une casse particulière de celui de l’aréomètre : lorsqu’il est lesté, il sert à connoître, au moyen de cette troisième échelle, les pesanteurs spécifiques des eaux chargées de sels, des eaux-fortes, des acides vitrioliques & des sirops, suivant l’aréomètre de Baumé. »

Quoique l’auteur de cet instrument n’ait pas fait connoître la manière dont il a déterminé les deux termes fixes qui doivent le rendre comparable, on voit qu’il a adopté la méthode de Baumé que nous avons fait connoître. Voyez Aréomètre de Baumé.

Depuis long-temps on fait usage d’aréomètres universels. Muschenbroeck[1] a donné la description d’un aréomètre à poids (voyez Aréomètre à poids)[2], qui n’a qu’une seule échelle, & qui remplit exactement le même but que celui d’Assier Perricat ; mais il le construit en similor, ce qui empêche qu’il puisse être plongé dans les acides. Si cet instrument eut été construit en verre, avec ses deux poids additionnels, il auroit un grand avantage sur celui que nous venons de décrire. L’aréomètre de Fahrenheit, celui de Nicholson & le gravimètre de Guyton sont aussi des aréomètres universels beaucoup plus exacts que celui d’Assier Perricat. Voyez Aréomètre de Fahrenheit[3], Aréomètre de Nicholson, Gravimètre de Guyton.


ARÉOMÉTRIE, du grec αραιος, subtil, léger, & de μετρον, mesure ; areometria ; aréométrie ; subst. fém. C’est l’art de déterminer la densité des substances légères, & en petite quantité.

Quoique, dans les substances légères on puisse & l’on doive comprendre les gaz & les liquides, cependant on n’a encore considéré sous le titre d’aréométrie, que l’art de mesurer ou de prendre la pesanteur spécifique des liquides, & l’on a donné le nom d’aréomètre aux instrumens avec lesquels on mesure cette densité. Ces aréomètres ont été perfectionnés de nos jours au point de pouvoir peser les solides, & de donner même leur pesanteur spécifique. Voyez Aréomètre de Nicholson, Gravimètre de Guyton.

On prend la pesanteur spécifique des liquides, comme celle des solides, en comparant le poids d’un volume du liquide avec le poids du même volume d’eau distillée. Ainsi l’aréometrie consiste à donner les moyens de parvenir à obtenir cette comparaison de la manière la plus simple & la plus exacte, &l’on a imaginé pour cet effet les différens aréomètres dont on fait usage.

Plusieurs physiciens, & en particulier l’abbé Bertholon, attribuent l’invention de l’aréomètre à Hypathie, philosophe platonicienne qu’illustrèrent également sa sagesse, sa science & sa beauté, & que le peuple d’Alexandrie, soulevé contr’elle par saint Cyrille, mit en pièces l’an 415 de l’ère chrétienne. Il paroît, d’après les détails que l’on trouve dans le poëme De ponderibus & menfuris[4], imprimé à la suite des ouvrages de Priscien, & que tous les savans reconnoissent pour appartenir à Rhemnius-Famius Polœmon, qui vivoit sous Tibère, Caligula & Claude, conséquemment antérieur de trois siècles à Hypathie, que cette opinion n’est point exacte. Voici la traduction française de la description qu’il donne de l’aréométrie.

« On fabrique en argent, ou en cuivre très-mince, un cylindre dont la longueur égale le diamètre qui sépare les nœuds d’un roseau fragile ; on charge intérieurement sa partie inférieure d’un foible poids de forme conique, qui l’empêche de flotter horizontalement, ou de surnager tout entier : une ligne très-fine, tracée sur sa surface, descend du haut en bas, & porte autant de divisions que le cylindre pèse de scrupules.

  1. Physique de Muschenbroeck, tom. II, pag. 230, §. 1384.
  2. Dictionnaire de Chimie de l’Encyclopédie, tom. I, pag. 258.
  3. Dictionnaire de Physique de l’Encyclopédie, tom. I, pag. 259.
  4. Annales de Chimie, tom. XXVII, pag. 113 & suiv.