Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T2.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans le cas où les sels seroient d’une composition constante, on pourroit construire des aréomètres en suivant une méthode que nous avons indiquée[1] pour la construction des salinagrades. Voyez Salinagre.

Mais dans les manufactures & dans les usines où l’on fabrique des sels, où on les sépare des substances qui les contiennent, & où il est nécessaire de connoître le point de concentration où l’on doit arrêter l’évaporation, soit pour ajouter à la dissolution les substances propres à compléter le sel, comme dans les sulfates d’alumine, on ajoute des sulfates alcalins pour former l’alun ; soit pour faire cristalliser les sels les moins solubles, & les séparer ainsi des autres sels avec lesquels ils sont en dissolution, comme dans les mélanges de sulfate de fer & d’alumine, où l’on fait cristalliser le premier, &c. : dans toutes ces manipulations, un aréomètre à sel, grossier, comme ceux de Baumé, Vallet, Cassebois, suffit. La densité que l’on prend se compose de la quantité & de la proportion des sels dissous & de la température de la dissolution. La température peut être appréciée à l’aide d’un thermomètre ; mais les quantités ou les proportions des différens sels ne peuvent être connues, que par l’analyse. Ainsi il suffit d’avoir les densités par approximation, pour bien conduire ces sortes d’opérations.

Une considération essentielle dans ces sortes d’aréomètres, c’est qu’ils soient construits avec une substance qui soit peu fragile, afin que les ouvriers puissent les manier sans crainte, & qui ne soit pas attaquable par les sels ou par les acides libres qui peuvent exister dans les dissolutions. Voilà donc le fer, le cuivre, en quelque sorte exclus de la construction de ces aréomètres. Quant aux autres métaux, le choix dépend de la nature des sels que l’on traite.

Après avoir construit ces aréomètres & les avoir lestés pour qu’ils se tiennent perpendiculairement dans les liquides, on détermine les deux points constans de la graduation que l’on veut employer, afin que ces aréomètres soient comparables ; on leste l’instrument de manière qu’il s’enfonce dans l’eau distillée jusqu’à l’extrémité supérieure de la tige où l’on marque 0 ; on le plonge ensuite, soit dans une dissolution saline que l’on puisse obtenir partout de la même manière, soit dans une substance d’une densité supérieure à celle de l’eau, & que l’on puisse avoir partout à la même densité, & l’on marque le point d’enfoncement ; on divise l’espace entre ces deux points en un nombre de parties égales, convenues, & l’on continue cette graduation jusqu’à l’extrémité supérieure de la tige.

Tous les instrumens dont la tige est divisée en parties égales, indiquent des degrés uniformes de submersion ou de volume de l’instrument ; & l’on peut toujours rapporter ces degrés à des pesanteurs spécifiques, lorsque l’on connoît les rapports qui existent entre les volumes des différens degrés. & la pesanteur spécifique de l’un des degrés, ou seulement lorsque l’on connoît la pesanteur spécifique de deux degrés différens.

En effet, connoissant le volume  ; & la pesanteur spécifique correspondante =  ; connoissant également le volume , on aura sa densité correspondante = par cette proportion  : donc .

Ne connoissant que la pesanteur spécifique de deux degrés différens, on arrive au même résultat par deux opérations : 1o. en déterminant les rapports des volumes de la graduation ; 2o. en cherchant, par l’analyse, la pesanteur spécifique correspondante à chaque degré. Soit & les densités connues, soit le volume correspondant à , on aura correspondant à par cette proportion , donc  ; connoissant & & le nombre de divisions égales entre ces deux points, on aura pour le volume de chaque division ; alors on détermine la pesanteur spécifique correspondante à chaque division par la proportion , & la pesanteur spécifique correspondante à qui est .

On voit qu’il est assez indifférent que la tige d’un aréomètre soit divisée en parties égales qui indiquent des volumes, ou en parties inégales qui indiquent des densités, puisque l’on peut toujours, par une opération très-simple, ramener l’une des graduations à l’autre ; & comme il est plus commode pour les personnes qui fabriquent ces instrumens, de les diviser en parties égales représentant des volumes, qu’en parties inégales représentant des densités, on a préféré la première division à la seconde.

Aréomètre universel ; areometrum universale ; universal areometer. Instrument avec lequel on peut mesurer les densités de toute espèce.

Assier Perricat, constructeur d’instrumens en verre, est l’auteur de cet aréomètre, qui est beaucoup moins universel que celui de Nicholson, puisque le premier n’est employé que pour déterminer, par approximation, les rapports de densité des liquides, tandis que le second, celui de Nicholson, peut servir à la fois de balance ordinaire, de balance hydrostatique & d’aréomètre universel. (Voyez Aréomètre de Nicholson.) Comme l’aréomètre d’Assier Perricat fils n’a encore été décrit que dans les Annales de Chimie[2], nous allons transcrire ici ce que cet ingénieur pour la construction des instrumens de verre en a publie.

« Cet aréomètre porte trois échelles ou gradua-

  1. Annales de Chimie, tom. XXVII, pag. 118
  2. Annales de Chimie, tome XLVIII, pag. 330.