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chant ce poids de la pesanteur de l’eau, on auroit la densité avant l’imbibition.

Rarement on trouve, en voyageant, de l’eau distillée pour pouvoir prendre exactement la densité des corps dont on a besoin, & l’on se trouve par-là obligé de se servir de l’eau que l’on rencontre. Il est facile, dans cette circonstance, de déterminer la pesanteur spécifique du corps : Il suffit pour cela de connoître celle du liquide que l’on emploie ; mais pour avoir la densité du liquide, il est nécessaire de déterminer préalablement le poids de l’instrument, & celui des corps dont on est obligé de charger la cuvette, pour l’enfoncer jusqu’à la ligne de flottaison dans de l’eau distillée à la température où l’expérience doit se faire.

Ainsi, supposons le poids de l’aréomètre de 160 gram., celui des poids nécessaires pour l’enfoncer jusqu’à la ligne de flottaison dans l’eau distillée, à 14 d. centigrades de température, égal 20, le volume de l’eau distillée à cette température, déplacé par l’instrument, sera de 180 gram. Supposons qu’il faille 21 g.,22 pour enfoncer l’instrument jusqu’à la ligne de flottaison dans l’eau dont on se sert, & que sa température soit également de 14 d. centigrades, la densité de cette eau = , sera à celle de l’eau distillée = , comme 181,22 : 180,00 ; d’où il suit que la densité du liquide sera

Maintenant, si le corps pesé dans l’air 21 g.,22 – 13 g.,87 = 7 g.,35, & dans l’eau 21 g.,22 – 15 g.,49 = 5 g.,73, la différence sera de 7 g.,35 – 5 g.,73 = 1 g.,62, & la densité

On voit, d’après ces exemples, quel avantage l’aréomètre de Nicholson doit avoir sur tous les aréomètres ordinaires, & combien il doit être précieux pour les minéralogistes & pour tous les savans qui voyagent.

Aréomètre pour les voyages ; areometrum acidicum ; areometer für die saueren. Instrument pour déterminer le degré de concentration des acides, c’est-à-dire, la proportion d’acide réel ou d’acide à un degré donné que contient celui que l’on essaie.

Baumé, Vallet, Cassebois & beaucoup d’autres ont fait des aréomètres pour les acides ; mais ces instrumens, dont les degrés étoient divisés en parties égales sur les tiges, & dont les points extrêmes étoient déterminés, soit par des dissolutions de sel marin, soit par toute autre méthode indépendante de la nature & de la composition des acides, pouvoient bien faire distinguer deux acides semblables, mais ne pouvoient pas faire apprécier quelle distance existoit entre deux acides qui avoient des degrés différens.

Il a été facile, comme on l’a vu en parlant de l’aréomètre de Baumé, d’indiquer à quelle pesanteur spécifique correspond chaque degré de la tige de l’instrument divisé en parties égales ; il est également facile de graduer, ainsi que l’a fait Brisson[1], la tige d’un aréomètre de manière à ce qu’il indique des pesanteurs spécifiques ; mais ni les tables de densités correspondantes aux graduations en parties égales, ni la graduation en divisions qui indiquent les densités, ne peuvent faire connoître la force réelle des acides. Il faut, pour graduer un aréomètre à acide, que sa graduation se déduise de l’expérience, c’est-à-dire, en plongeant l’instrument dans des combinaisons données d’acide très-fort & d’eau, ou d’après la loi qui résulte de ces combinaisons, après avoir fixé deux termes extrêmes sur la tige de l’instrument.

Si l’acide & l’eau se mélangeoient simplement, & que la densité fût une moyenne déduite des poids & des densités des deux substances, il seroit facile de déterminer la loi que la graduation doit suivre ; mais lorsque l’on mêle de l’eau & de l’acide, ces deux substances se combinent, de la chaleur se dégage, & le volume résultant est moindre que la somme des deux volumes.

Ainsi, pour graduer exactement un aréomètre pour les acides, il faut d’abord déterminer l’acide étalon dont on fera usage ; puis combiner cet acide avec des proportions d’eau différentes, & plonger son aréomètre dans toutes les combinaisons ; marquer sur la tige l’intersection de la surface des liquides, & tracer le numéro correspondant aux proportions du mélange.

Comme cette manière de graduer les aréomètres à acides, quoique simple, deviendroit très-difficile, à cause des variations que pourroient présenter les combinaisons qui n’auroient pas été faites avec assez de soin, on pouroit faire d’abord, avec tout le soin que de semblables expériences exigent, les combinaisons des proportions d’acide & d’eau, puis prendre les densités de toutes ces combinaisons à une température donnée, & dresser une table des densités comparées aux proportions des acides étalons & de l’eau.

Plusieurs chimistes distingués, parmi lesquels sont Kirwan & Davy, ont cherché à déterminer, par l’expérience, les pesanteurs spécifiques des différentes combinaisons d’acide & d’eau. Comme nous avons aussi, de notre côté, un grand nombre d’expériences semblables, & que celles de Kirwan & de Davy se trouvent dans tous les ouvrages de chimie, & notamment dans le Dictionnaire de Klaproth, nous nous contenterons de rapporter ici les résultats de nos propres expériences sur les acides muriatique, nitrique & sulfurique. On verra, en les comparant à celles de Kirwan & de Davy, les différences qu’elles peuvent présenter.

Nous observerons que toutes nos pesanteurs spé-

  1. Dictionnaire de Physique de l’Encyclopédie, tom. I, pag. 26.