Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T2.djvu/791

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

obtient des fils de la grosseur de ceux des vers à soie, & qui ont une flexibilité merveilleuse. Ces fils peuvent être tellement fins, que Brisson dit avoir vu une perruque faite de fils de verre.

Nous allons encore citer Réaumur, en rapportant un exemple de la ductilité de quelques substances animales. Les araignées ont, vers l’anus, six mamelons percés d’une immensité de trous par lesquels sortent leurs fils. On peut, sans s’écarter de la vérité, porter à mille les trous des filières placées à l’extrémité de chaque mamelon, qui, dans les grosses araignées, ne sont pas plus gros que la tête d’une petite épingle. Le diamètre des fils qui sortent par cette ouverture, exigent nécessairement une grande ductilité dans la matière qui les produit.

Chaque araignée pond, à la fois, quatre ou cinq cents œufs ; chaque œuf contient une araignée qui, en naissant, est moins que la cinq centième partie du volume de leur mère ; par conséquent, leurs mamelons & leurs ouvertures étant proportionnels à leur grandeur, sont moindres que la cinq centième partie de ceux des grandes araignées. Les jeunes araignées filant aussitôt qu’elles ont rompu le sac qui les enveloppoit, que l’on se figure la finesse des fils qui sortent par chacune des mille filières contenues dans chaque mamelon. Cependant, les toiles qu’elles en forment sont assez fortes pour les porter & pour arrêter les animaux qui doivent servir à leur nourriture.

Jusqu’ici nous n’avons examiné que les fils des araignées ordinaires ; mais il existe des espèces d’araignées si petites, à leur naissance, qu’on ne sauroit les discerner avec le microscope : on en trouve ordinairement une infinité en un peloton ; elles ne paroissent que comme une multitude de points rouges ; cependant, elles filent leurs toiles comme les autres, quoique ces toiles soient imperceptibles. Quelle doit être la ténuité ou la finesse de l’un des fils de ces toiles ! Le plus petit cheveu doit être, à l’un de ces fils, ce que la barre la plus massive doit être au fil d’or le plus fin. Voyez DIVISIBILITÉ.

DUELLE : mesure linéaire & poids des Romains. Il en faut 3 pour une once, 12 pour une livre, & 36 pour un pied. La duelle linéaire = 8 scripules, = 0,3171 pouce, = 0,856 centimètre. La duelle poids = 8 scripules, = 36 siliques, = 175, 1/3 grains, = 11,3129 grammes.

DUENECH : noir, très-noir, épaissi, ou la matière de la pierre philosophale devenue très-noire.

DUFAY (Charles-François de Cisternay), physicien & chimiste, né à Paris le 14 septembre 1698, mort le 16 juillet 1739.

Son père, capitaine dans le régiment des Gardes, lui fit donner une éducation littéraire & militaire. Le jeune Dufay entra, à l’âge de quatorze ans, lieutenant au régiment de Picardie ; il étudia la chimie, accompagna le cardinal de Rohan à Rome, revint à Paris, où il fut reçu à l’Académie des Sciences, section de chimie : alors il quitta le service pour se livrer entièrement aux sciences.

L’Académie étoit divisée en six sections : géométrie, astronomie, mécanique, anatomie, chimie & botanique. Dufay s’adonna tellement à chacune de ces sciences, qu’il écrivit sur toutes. Il est jusqu’à présent, dit à cette occasion Fontenelle, le seul qui nous ait donné, dans tous les six genres, des Mémoires que l’Académie jugea dignes d’être présentés au public. »

Après avoir débuté avec succès sur la phosphorescence du baromètre, les sels de chaux, jusque-là inconnus aux chimistes, il s’occupa des recherches nouvelles sur l’aimant, de la faculté qu’ont différentes substances de s’imbiber de lumière, & de la répandre dans l’obscurité ; enfin, de l’électricité.

On trouve dans les Mémoires de l’Académie des Sciences pour 1733, une foule de faits curieux & nouveaux que l’on doit à Dufay ; mais ce qui distingue particulièrement ces Mémoires de tous ceux qui avoient été publiés avant lui, c’est la distinction qu’il fait, dans son quatrième Mémoire, de deux sortes d’électricité : l’une qui appartient au verre, & l’autre qui appartient à la résine ; distinction qui paroît avoir servi de base aux deux principales théories, celle de l’électricité positive & négative de Francklin, & celle de l’électricité résineuse & vitrée de Symmer.

Son dernier travail académique est celui qu’il a entrepris pour déterminer, d’une manière exacte, la mesure de la double réfraction dans le cristal d’Islande. Ce qui l’a conduit à un résultat assez remarquable, c’est que toutes les pierres transparentes, dont les angles sont droits, n’ont qu’une seule réfraction, & que toutes celles dont les angles ne sont pas droits, en ont une double, donc la mesure dépend de l’inclinaison des angles.

En 1732, Dufay fut nommé surintendant du Jardin du Roi. Les soins qu’il donna à ce jardin, les plantes nouvelles qu’il y fit cultiver, les fonds qu’il obtint, les embellissemens qu’il fit exécuter, rendirent ce jardin un des plus beaux & des plus utiles de l’Europe. Enfin, en mourant, il écrivit à M. de Maurepas pour l’inviter à faire tomber le choix de son successeur sur le célèbre Buffon.

DUHAMEL (Jean-Batiste), physicien, né à Vire en Normandie, en 1624, mort à Paris le 6 août 1716.

Fils d’un avocat distingué, il fit ses études à Caen, & entra à l’Oratoire en 1643. À l’âge de dix-huit ans, il publia une explication des Sphériques de Théodose, avec une Trigonométrie fort