se former un spectre coloré L, ayant le rouge r le moins réfrangible du côté K, & le violet v le plus réfrangible du côté opposé. On retire ce prisme, & l’on place le prisme B dans la direction du rayon solaire ; ce rayon, en le traversant, se réfracte, & forme de l’autre côté du rayon direct un spectre M, dont le rouge r est dirigé vers K, & le violet v du côté opposé. Superposant les deux prismes, & les plaçant ainsi dans la direction du rayon, on aperçoit aussitôt un spectre blanc K, N ou O, dont la position dépend de la différence de la déviation que chacun des prismes occasionne. Si les prismes sont de même substance, le spectre réfracté se trouve au même point que le spectre direct ; mais si l’un des prismes produit une plus grande déviation que l’autre, le spectre blanc s’écarte de la position du spectre direct, en se portant du côté où se dirige naturellement le spectre, lorsqu’il passe à travers ce prisme. L’angle qui fait cette direction avec celle du rayon direct, dépend de la différence qui existe entre les forces de déviation de chacun des prismes.
L’appareil à trois prismes diffère du premier en ce qu’il est composé d’un prisme de cristal, ou de flint-glass A, fig. 182 (a), fixé sur une tige, & de deux prismes B, C, de verre ordinaire : ces deux derniers se meuvent sur des charnières D, E, pour s’ajuster contre le premier, ou s’en séparer. Le premier prisme A est posé sur sa base ; il a son arête par le haut ; il peut tourner sur une charnière qui divise la tige en deux parties au point F.
On sépare les deux prismes latéraux en les renversant, & l’on place l’appareil de manière que le rayon solaire passe à travers le prisme du milieu A. On obtient par ce moyen un spectre coloré au-dessous de la direction du rayon solaire. En renversant le prisme du milieu, & le faisant tourner sur la charnière de la tige, l’on dispose l’un des deux prismes B ou C de manière que le rayon solaire puisse passer à travers, & l’on obtient un spectre coloré au-dessus de la direction du rayon direct ; nous ne rappellerons pas que dans ces deux spectres, le rouge est dirigé vers le rayon direct.
Replaçant le prisme du milieu dans sa première position, relevant les deux prismes latéraux pour les faire coïncider avec le premier, faisant ensuite passer le rayon solaire à travers le système des trois prismes, on obtient un spectre incolore, si les angles des trois prismes ont été bien déterminés ; & la direction des rayons émergens fait un angle avec celle des rayons incidens, si les deux substances ont des dispersions différentes, c’est-à-dire, si N – n diffère de M – m ; & lorsque les dispersions sont égales, c’est-à-dire, que l’on a N – n = M – m, les rayons émergens décolorés sont parallèles au rayon incident.
Appareil de Leslie pour le calorique ; instrumentum Leslicum pro calore ; calorische zubereitung von Leslie. Instrument dont Leslie a fait usage dans ses expériences du calorique rayonnant, & avec lequel on peut les répéter & en exécuter de nouvelles.
Cet appareil se compose de plusieurs miroirs métalliques servant de réflecteurs, de vases creux, pour en former des foyers de chaleur rayonnante, de thermomètres différentiels pour mesurer cette chaleur, & d’écrans pour interposer entre les foyers de chaleur & les thermomètres qui apprécient leur température.
Quoique les miroirs puissent être faits d’un métal dur, brillant, coulé, puis douci & poli avec soin, Leslie a préféré de les faire construire en fer-blanc ambouti au marteau, pour leur donner la courbure qui leur convient, puis planés au marteau, pour leur procurer le brillant & le poli qui leur sont nécessaires. La courbure qu’il faisoit donner à ses miroirs étoit celle d’un paroboloïde de révolution : il s’est servi quelquefois de réflecteurs ellipsoïdaux, mais rarement de segmens de sphères.
Une des grandes difficultés qu’il ait éprouvées, étoit de trouver un artiste assez adroit pour exécuter l’ambouti & le planage avec la précision nécessaire. Les surfaces paroboloïdes étoient exécutées à l’aide de segmens de paroboloïdes en bois d’acajou qui servoient de modèle ; & lorsque le réflecteur & le segment ne coïncidoient pas parfaitement, l’ouvrier parvenoit, à l’aide de coups de marteau donnés avec beaucoup d’adresse, à ramener la surface concave aux formes de la surface convexe.
Leslie a préféré les miroirs de fer-blanc à ceux de métaux plus durs & plus brillans, à cause de la modicité de leur prix, & parce qu’ils suffisoient pour les résultats qu’il vouloit obtenir.
Il donnoit aux vases creux, servant de foyers de chaleur, la forme d’un cube dont les côtés avoient trois, quatre, six & même dix pouces ; l’une des faces servoit de base. Au milieu de la face supérieure de chacun de ces vases d’étain, étoit un orifice dont le diamètre varie entre un demi-pouce & un pouce, & il s’élève à peu près à la même hauteur. Il adaptoit à cet orifice un couvercle qui traversoit un thermomètre dont la boule répondoit au milieu de la masse du liquide.
Cette forme avoit l’avantage, 1o. de pouvoir présenter les faces sous différens angles, ou sous différentes inclinaisons avec la droite menée du centre du réflecteur au centre du vase, & de s’assurer ainsi de l’influence qu’avoient sur les résultats les différens degrés d’obliquité ; 2o. en plaçant sur chaque face des matières différentes, ou en changeant leur manière d’être, de procurer les moyens de multiplier les recherches sans nouveaux appareils. Ainsi, une des quatre faces verticales du vase étoit maintenue propre & brillante ; la face opposée étoit recouverte d’un pa-