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mirer comment, à l’aide du calcul, un homme de génie parvient à démontrer que ie résultat qu’il obtient peut dépendre de l’opinion qu’il adopte, & comment il arrive, par la force de son raisonnement, à faire adopter son opinion, quoique l’expérience prouve rigoureusement qu’elle dépend d’une autre cause.

Quant à la formation des anneaux colorés par la superposition de deux objectifs d’un grand foyer, il seroit encore possible que ce fût la belle loi que Newton a déduite de son observation qui l’ait séduit & l’ait déterminé à adopter l’opinion que ces anneaux sont dus aux épaisseurs des tranches d’air traversées ; mais les résultats que l’on obtient sont-ils aussi exacts que Newton l’annonce ? J’avouerai que l’observation que nous en avons faite nous-mêmes, nous a fait naître beaucoup de doutes à cet égard. Il est excessivement difficile de prendre la mesure des rayons des cercles des diverses couleurs, & de la prendre exactement, surtout en plaçant son œil au-dessus des anneaux ; & ces rayons sont si petits, que Newton pouvoit trouver une toute autre loi que celle qu’il a adoptée ; ensuite la pression des objectifs & la forte pression qu’il faut leur donner pour obtenir le point noir au centre des anneaux, doit nécessairement déformer la surface du verre, & détruire cette sphéricité de laquelle l’illustre géomètre anglais déduit la loi des épaisseurs des tranches. Les physiciens qui ont cherché à repéter cette expérience, ont aperçu les variations dans la forme des anneaux qui résultent des pressions inégales, & la difficulté que l’on éprouve à obtenir des cercles parfaits.

En supposant que la loi des rayons des cercles colorés fût bien exactement celle qui existoit dans les expériences de Newton, rien n’annonce, 1o. que les épaisseurs des tranches d’air soient celles qu’il en déduit ; 2o. que la même loi existe dans des expériences faites avec d’autres disques. Il avoue lui-même qu’il a trouvé de grandes différences en se servant de différens objectifs, & que la loi qu’il annonce n’est qu’une moyenne entre un grand nombre d’observations. Herschel, qui a voulu mesurer également ces anneaux, avoue que la tentative d’en prendre les mesures absolues est sujette à une grande inexactitude. Il est facheux que ces expériences n’aient pas été répétées avec beaucoup de soin par des observateurs exacts. Nous desirerions d’autant plus que ces expériences fussent répétées, que nous n’avons pas été satisfaits de celles que nous avons faites dans le dessein de vérifier les résultats de Newton.

D’une expérience faite en introduisant de l’eau entre ses objectifs, Newton conclut une loi d’épaisseur de tranche des différentes substances, pour produire les mêmes couleurs, & cette loi est celle du sinus d’incidence a celui de réfraction, lorsque la lumière passe d’un milieu dans un autre. Ne seroit-il pas possible que Newton, seduit par cette loi si simple, se fût dispensé de répéter l’expérience, & eût commis ici une erreur semblable à celle qui a retardé pendant si long-temps la construction & l’usage des objectifs achromatiques ? Pourquoi cette expérience n’a-t-elle pas été répétée ? Doit-on adopter aveuglément tous les résultats annoncés par ce génie sublime ? N’est-il pas homme ? & les erreurs reconnues jusqu’à présent dans plusieurs de ses expériences d’optique, ne devroient-elles pas obliger les physiciens à répéter de nouveau toutes celles-qui ne l’ont pas encore été ? Nous nous rappelons d’avoir entendu des savans dignes de confiance, attribuer le resserrement des anneaux colorés, dans l’expérience de Newton, au resserrement & à la compression par l’eau de la substance qui contribue à leur formation. Au reste, pourquoi ces anneaux conserveroient-ils, dans le vide, le même diamètre que dans l’air ? Admirateur enthousiaste du grand-homme qui a, en quelque sorte, créé la partie de l’optique qui concerne les couleurs, nous avons cru que Mazeas n’avoit pas observé avec assez de soin ce qui se passoit dans le vide ; nous avons voulu répéter l’expérience ; nous avons en conséquence placé sous le récipient d’une machine pneumatique deux objectifs que nous avoit procurés Arago, & qui formoient d’assez beaux anneaux colorés ; nous prîmes avec un micromètre la mesure exacte du diamètre du cercle rouge le plus grand ; nous fixâmes le micromètre, & nous fîmes le vide à quatre millimètres de pression, le diamètre resta le même. Vingt-quatre heures après, le vide s’étant conservé assez exactement, le diamètre n’avoit pas éprouvé de variation ; nous rendîmes l’air, & tout resta encore dans le même état.

Toutes ces considérations portent à conclure que la cause de la formation des anneaux colorés n’est pas encore parfaitement connue ; que, quelqu’autorité que puisse avoir l’opinion de l’homme qui l’a expliquée & que l’on a adoptée de confiance, il est nécessaire de faire de nouvelles expériences avant de prononcer, & qu’il y auroit de la légereté au moins à partir des lois établies par Newton, pour arriver à de nouveaux résultats.

ANNÉE ARABE ; annus arabicus ; arab jahr. s. f. C’est une année lunaire composée de 12 mois, qui sont alternativement de 30 & de 29 jours ; quelquefois aussi elle contient 13 mois. Voici leurs noms : 1o. muharram, de 30 jours, 2o. saphar, 29 ; 3o. rabia, 30 ; 4o. second rabia, 29 ; 5o. jomada, 30 ; 6o. second jomada, 29 ; 7o. rajab, 30, 8o. schaaban, 29, 9o. samaden, 30 ; 10o. shawal, 29 ; 11o. dulkaadeh, 30 ; 12o dulheggia, 29, & de 30 dans les années hyperhémères ou embolismiques. On ajoute un jour intercalaire à chaque 2e., 5e., 7e., 10e., 13e., 15e., 18e., 21e., 24e., 26e., 29e. année d’un cycle de 30 ans, & les années sont embolismiques ou de 355 jours ; les autres communes de 354.