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la lumière ; & quoique cette dernière ne soit pas encore absolument connue, on peut regarder cette solution à peu près comme on regarde, en géométrie, celles qui réduisent un problème de la quadrature du cercle, & qui passent alors pour suffisantes.

» Il est bon d’indiquer ici une erreur qui pourrait faire illusion à ceux qui seroient tentés de travailler sur cette matière, parce qu’elle se présente assez naturellement. S’il est vrai que les anneaux soient formés, diroit-on, par la première surface, & que la seconde ne serve qu’à les rassembler en les réfléchissant sur le carton, ne pourroit-on pas, en substituant à cette seconde surface une lentille réfringente, les rassembler sur un autre carton placé au-delà & au foyer de cette lentille ?

« Au premier coup d’œil cette objection peut faire illusion ; mais en faisant attention que la lentille qui pouvoit les rassembler par sa figure est d’une nature réfringente, on s’aperçoit aisément que, réfractant sous des angles différens les couleurs dont les anneaux sont composés, elles les confondent de façon qu’il ne pourroit en résulter qu’un mélange de couleurs qui rendroit nécessairement la lumière blanche. »

M. M. ayant répété avec soin les expériences du duc de Chaulnes, & ayant appliqué le calcul à ces expériences, conclut que ses observations concourent à confirmer l’idée que s’étoit faite M. le duc de Chaulnes sur la manière dont la lumière est décomposée dans le miroir qui procure le phénomène des anneaux colorés, & laisse à soupçonner que les vapeurs dont l’air est plus ou moins chargé, peuvent, en s’attachant au miroir, faire, quelqu’imperceptibles qu’elles soient, la fonction des corps diffringens.

Il observe que de deux miroirs concaves dont il s’est servi, l’un donne des anneaux colorés sans être garnis de l’enduit ordinaire & sans qu’on souffle dessus, & que l’autre, qui en donne par une portion de la surface où l’enduit a été appliqué, n’en donne point par une autre portion qui n’a pas été revêtue de cet enduit ; qu’il a aussi un verre plus convexe qui, quoique non étamé par-derrière, peut tenir lieu d’un miroir concave, si on présente la surface plane aux traits de la lumière, & donne de beaux anneaux colorés quand on souffle alors dessus, mais qui n’en procure plus du tout quand les vapeurs qu’on y a ainsi répandues se sont dissipées.

Enfin, il remarquoit : « 1o. qu’il est constaté par les belles expériences du duc de Chaulnes, que la diffraction des rayons opérée par les corps mis en avant du miroir suffit pour produire des anneaux colorés.

» 2o. Qu’il paroît que l’intervention des corps diffringens y est nécessaire.

» 3o. Que, selon les calculs faits sur les résultats des observations & d’après les lois de la réfraction, quelques-uns de ces résultats ne permettent pas qu’on accorde une forme sphérique aux corps diffringens qui procurent ceux-ci. »

Herschel a répété avec soin toutes les expériences de Newton ; il les a variées de différentes manières, afin de s’assurer si l’explication de l’illustre physicien anglais étoit conforme aux faits. Ces expériences ont été publiées dans la deuxième partie des Transactions philosophiques de l’année 1807. Le Mémoire qui les contient a été traduit en français par G. A. Prieur. Cette traduction a été imprimée dans le 70e. & le 71e. volumes des Annales de Chimie, pages 154 & 293 du 70e. volume, & page 5 du 71e.

Par ces expériences, Herschel prouve, 1o. que deux surfaces sont essentielles à la formation des anneaux concentriques par réfraction & réflexion ; 2o. que ces deux surfaces doivent avoir une régularité de construction & être propres à former un contact central ; 3o. que les rayons d’un côté ou de l’autre doivent passer à travers le point de contact, ou passer près de ce point à travers une des surfaces pour être réfléchis par l’autre ; 4o. & que, dans tous ces cas, il se formera une suite d’anneaux dont le centre commun sera à la même place, même où les deux surfaces se touchent.

Il prouve ensuite, 1o. que les anneaux concentriques ne peuvent être formés par une réflexion & transmission alternatives des rayons de la lumière ; 2o. que les accès alternatifs de facile réflexion & de facile transmission, s’ils existent, ne se montrent point suivant les différentes épaisseurs d’une lame mince d’air ; 3o. que les accès alternatifs de facile réflexion & transmission, s’ils existent, ne se manifestent pas selon les différentes épaisseurs d’une plaque mince de verre ; 4o. que les anneaux colorés peuvent être complétement formés sans aucune plaque mince ou épaisse, soit de verre, soit d’air ; 5o. enfin, il conclut que toute la théorie relative à la grandeur des parties des corps naturels & de leurs interstices, que Sir I. Newton a fondée sur l’existence des accès de facile réflexion & de facile transmission, exerçant différemment, selon la différente épaisseur des lames mêmes, dont il suppose que sont formées les parties des corps naturels, demeure privée de tout appui.

Si toutes les expériences qui viennent d’être rapportées ne détruisent pas entièrement & complétement l’opinion de Newton sur la formation des anneaux colorés, elles l’affoiblissent au point que l’on ne peut plus s’appuyer sur les conséquences qu’elles présentent. D’abord il est hors de doute que les anneaux colorés obtenus par la réflexion de la lumière sur un miroir concave, dépendent de l’aspérité de la première surface du miroir, & que tous les calculs faits par Newton pour déduire ce phénomène des épaisseurs des tranches de verre traversées, afin de les ramener aux accès de facile réfraction & de facile transmission, sont inutiles ; cependant on ne peut s’empêcher d’ad-