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d’abord un ovale d’un rouge foible, qui s’étend : une tache verte paroît au centre ; cette tache, d’un vert tendre, s’élargit également par la pression : une tache rouge paroît au centre ; lorsqu’elle s’est étendue, une tache verte lui succède ; l’élargissement des surfaces rouge & verte, ainsi que la succession des taches verte & rouge, au centre des anneaux, se continue.

En se servant, comme Newton, de deux glaces taillées en forme de prismes, les couleurs en étoient plus vives, & leur nombre augmentoit ; on y distinguoit du bleu, de l’orangé, du rouge-pourpre, du vert-tendre & du pourpre languissant ; la succession des couleurs étoit Tache noire ; anneau blanchâtre, jaune, pourpre-foncé ; bleu, orangé, pourpre ; bleu-verdâtre, vert-jaunâtre, rouge-pourpré : vert, rouge : vert-tendre, rouge languissant : vert-foible, rouge-foible : vert totalement affoibli, rouge totalement affoibli.

Chauffant les glaces avec la flamme d’une bougie, les couleurs se retiroient vers les bords ; elles disparoissoient, quoique les glaces restassent toujours adhérentes. Les anneaux colorés, formés par le contact de deux objectifs chauffés également, paroissoient n’éprouver aucune variation, quoique la chaleur fût assez forte pour rompre l’objectif inférieur qui étoit exposé à l’action de la flamme de la bougie. Voilà donc une différence remarquable produite par l’action de la chaleur sur les glaces & sur les objectifs.

Quoique les couleurs des plaques disparussent si facilement par l’action de la chaleur, Mazeas est cependant parvenu à en former de nouvelles, en plaçant deux plaques de verre au-dessus d’un brasier : les chauffant graduellement, & frottant, par le moyen d’une verge de fer, le verre supérieur sur l’inférieur, il parvint à former des anneaux colorés, quoique les verres fussent prêts à rougir par l’action du feu. Ces anneaux paroissoient tant que les verres étoient fortement comprimés ; ils disparoissoient dès que la compression cessoit ; & on les faisoit reparoître en frottant & comprimant de nouveau.

Placés sous le récipient d’une machine pneumatique, ni les couleurs des anneaux des plaques de verre, ni celles des objectifs, n’éprouvoient aucun changement dans le vide, soit dans le diamètre des anneaux, soit dans la nature & la succession des couleurs, soit dans leur intensité.

Après avoir étamé une des glaces, les anneaux colorés cessoient de paroître, quelque frottement qu’on leur fit éprouver, & quelqu’adhérence qu’elles contractassent par ce frottement.

Du suif placé entre les verres, chauffé, comprimé & frotté, donna des anneaux colorés par réflexion & par réfraction. Les couleurs observées étoient le rouge, le vert-jaune, le bleu & le violet. Le maximum d’intensité des couleurs par réfraction avoit lieu après une certaine durée de frottement, après quoi elle diminuoit, quoique l’épaisseur de la couche de graisse fût devenue plus mince ; mais aussi l’intensité des couleurs par réflexion augmentoit. Chauffant les verres enduits intérieurement de suif, les couleurs fuyoient vers les bords du verre, quoique le suif n’ait pas même été fondu, & elles revenoient ensuite en refroidissant. Ayant séparé les verres au moment où les couleurs disparoissoient, on observa toujours un enduit de suif sur chaque surface.

La même épreuve, tentée sur la cire d’Espagne, la poix-résine, la cire commune, le sédiment d’urine, a produit le même résultat ; la cire commune ne rendoit pas les couleurs si sensibles, à cause de la trop grande transparence de ses molécules, & le sédiment d’urine les rendoit plus vives.

En séparant subitement les verres qui avoient produit des anneaux colorés par le frottement & la pression seule, sans l’interposition d’autres substances, Mazeas aperçut sur leur surface une vapeur très légère qui forma différentes couleurs, mais qui s’évanouissoient bientôt avec les vapeurs qui les formoient. En appliquant l’haleine, les vapeurs, qui y adhéraient quelque temps, y formoient, avant de s’évanouir, une variété de couleurs surprenante. Ces couleurs, pour être produites, exigeoient une épaisseur particulière de vapeurs qu’il étoit difficile d’obtenir.

Une goutte d’eau coulée entre deux verres ne donna aucune couleur par sa compression ; mais en la faisant mouvoir par la compression, elle laissa de grandes taches qui prenoient successivement différentes couleurs avec une rapidité surprenante, & présentoient aux yeux une variété de nuances qui les charmoit.

Appliquant l’haleine sur une glace & la frottant contre une autre, il se forma des anneaux colorés, mais ils étoient ténébreux & dispersés avec confusion dans l’endroit où se trouvoient les vapeurs ; chauffant les verres, les couleurs devinrent plus belles, & reprirent peu à peu le même ordre que celles qui se forment sans l’application de l’haleine.

Des glaces entre lesquelles on voyoit des anneaux colorés, furent plongées dans l’eau : ce liquide pénétra peu à peu entre les glaces ; on voyoit la lame d’eau s’insinuer sur les couleurs des anneaux sans en changer la position, l’ordre ni la situation ; mais elles devenoient plus foncées & plus ténébreuses : mettant les verres au-dessus de la flamme d’une bougie, les couleurs disparurent & revinrent successivement, suivant que l’on en approchoit ou reculoit la flamme : mouillant les lames davantage, les frottant à l’ordinaire, les couleurs reparurent, & le même phénomène eut lieu.

Quoiqu’il semble que l’on puisse conclure de tous ces faits, 1o. qu’il est nécessaire de frotter les glaces pour engendrer les couleurs ; 2o. que les couleurs une fois produites restent les mêmes, soit que l’on chasse l’air interposé, soit que l’on