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rouge, jaune, vert, bleu, pourpre ; rouge, jaune, vert, bleu, violet ; rouge, jaune, blanc, bleu, noir.

« Les trois premières suites de rouge & de bleu étoient d’une couleur fort foible & fort sale, surtout la première, où le rouge paroissoit presque blanc. Dans ces trois suites, il n’y avoit à peine aucune autre couleur sensible que le rouge & le bleu, quelquefois le bleu seulement, surtout dans la seconde suite, mais il tiroit un peu sur le vert.

» Le quatrième rouge étoit aussi foible & sale, mais il ne l’étoit point tant que les trois précédens. Après cela venoit peu ou point de jaune, mais quantité d’un vert qui d’abord tiroit un peu sur le jaune, & ensuite venoit un vert de saule assez vif & bien marqué, lequel après cela dégéneroit en une couleur bleuâtre, mais qui n’étoit suivie ni de bleu ni de violet.

» Dans la cinquième suite, d’abord le rouge tiroit sur le pourpre ; il devint ensuite plus éclatant & plus vif, mais non pas plus net. À ce rouge succédoit un jaune fort éclatant & très-foncé, mais en petite quantité ; il se changea bientôt en un vert abondant, un peu plus net, plus chargé & plus vif que le vert précédent. Après cela venoit un excellent bleu, un bleu céleste très-éclatant, & ensuite un pourpre qui étoit en plus grande quantité que le bleu & plus approchant du rouge.

» Dans la sixième suite, le rouge fut d’abord une couleur d’écarlate très-belle & très-vive, & bientôt après il devint plus éclatant, étant fort net, fort vif, & le plus beau de tous les rouges. Après un vif orangé vint un jaune foncé, brillant & copieux, qui étoit aussi le meilleur de tous les jaunes, lequel se changea premièrement en jaune-verdâtre ; mais le vert, entre le jaune & le bleu, étoit en petite quantité, & si lavé qu’il ressembloit plutôt à un blanc-verdâtre qu’à un véritable vert. Le bleu qui parut immédiatement après, devint fort bon, & d’un fort beau bleu-céleste, très-vif, quoiqu’un peu inférieur au bleu-céleste précédent ; & le violet étoit foncé avec peu ou point de rouge, & en plus petite quantité que le bleu.

» Enfin, dans la dernière suite, le rouge parut d’abord une teinte d’écarlate approchant du violet, qui se changea bientôt en une couleur plus brillante, tirant sur l’orangé ; & le jaune qui suivit, fut d’abord assez bon & assez vif ; mais dans la suite il devint plus foible, jusqu’à ce que, par degrés, il se termina en un blanc parfait ; & si l’eau étoit fort visqueuse & bien délayée, ce blanc se répandoit & se dilatoit lentement sur la plus grande partie de la bulle, devenant toujours plus pâle vers le haut, où enfin il s’étendoit en plusieurs endroits ; & à mesure que ces cercles se dilatoient, ils paroissoient d’un bleu-céleste assez bon, mais assez obscur & sombre. Pour le blanc qui se trouvoit entre les taches bleues, il diminua jusqu’à ce qu’il devînt semblable aux mailles du réseau irrégulier, & bientôt après il s’évanouit, laissant toute la partie supérieure de la bulle d’un bleu obscur, tel que celui que je viens de décrire ; & ce bleu-là se dilatoit vers le bas de la même manière que le blanc dont il vient d’être question, jusqu’à envelopper quelquefois toute la bulle. Cependant sur le haut, qui étoit plus obscur que le bas, & qui paroissoit aussi plein de plusieurs taches bleues de figure ronde, un peu plus sombres que le reste, il paroissoit une ou plusieurs taches extrêmement noires ; & au dedans de ces taches, on en voyoit d’autres d’un noir plus foncé. Ces dernières se dilatoient continuellement, jusqu’à ce que la bulle vint à crever.

» Si l’eau n’étoit pas fort visqueuse, les bulles éclatoient dans le blanc, où se trouvoient des taches noires, sans aucun mélange sensible de bleu ; & quelquefois elles éclatoient dans le jaune ou le rouge précédent, & même dans le bleu du second ordre, avant que les couleurs moyennes eussent le temps de se déployer. »

On peut voir par cette description, quelle grande ressemblance il y a entre ces couleurs & celles qui s’engendrent dans la lame d’air & qui ont été décrites : celles-là sont rangées dans un ordre tout contraire, parce qu’elles commencent à paroître dans la partie de la bulle qui est la plus épaissie, & qu’il est plus commode de les compter depuis la partie la plus basse & la plus épaisse de la bulle, jusqu’à la plus haute qui correspond à la partie la plus mince.

Regardant la lumière transmise par la bulle, celle-ci laissoit voir des couleurs contraires & opposées à celles qu’elle faisoit voir par une lumière réfléchie. Ainsi, lorsque l’on voyoit la lumière des nuées réfléchie de la bulle dans l’œil, se présentant sous couleur rouge dans sa circonférence apparente, elle paroissoit bleue si l’on regardoit dans le même temps, & immédiatement après, la couleur des nuées à travers la bulle ; & au contraire, lorsque, par une lumière réfléchie, la bulle paroissoit bleue, elle paroissoit rouge par une lumière transmise.

Quoiqu’il fût bien reconnu qu’une bulle de savon suspendue au bout d’un tube dut être plus mince dans sa partie supérieure, & que son épaisseur dût augmenter graduellement jusqu’à sa partie inférieure ; quoique les anneaux colorés, observés par réflexion & par transmission, présentassent des couleurs qui étoient dans une analogie aussi exacte que possible avec celles des anneaux colorés formés par deux objectifs, comme il a été impossible d’apprécier les diverses épaisseurs des différentes bulles ; on n’a pu vérifier dans cette expérience, si les épaisseurs des tranches correspondoient à celles que l’on avoit déterminées pour l’air & pour l’eau ; mais il scmbloit, d’après l’ordre successif des couleurs des anneaux, qu’il existoit une analogie aussi parfaite qu’on pouvoit la desirer.

En recevant sur une surface blanche de la lumière réfléchie d’un miroir concave étamé, on