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Plusieurs naturalistes ont rangé cette substance parmi les bitumes ; d’autres la regardent comme un produit des végétaux ; d’autres enfin comme un produit du règne animal, sans être d’accord sur l’espèce d’animal qui le produit. Il résulte de toutes ces hypothèses que l’on a faites sur l’ambre gris, que la véritable origine est inconnue, car on peut faire des objections sur toutes.

Nous devons à Bouillon-Lagrange une analyse assez bien faite de l’ambre gris[1], d’où il résulte que cette substance est composée de :

Adipocire 52,7

Résine 30,8

Acide benzoïque 11,1

Charbon 5,4

100

Le plus grand usage de l’ambre gris est pour la toilette. On l’emploie en médecine dans plusieurs affections convulsives, & notamment dans le tétanos.

AMBRE JAUNE, SUCCIN ; electrum, succinum ; bernstein, agistein ; subst. mas. Bitume concret que la mer rejette sur certaines côtes, & qu’on trouve enfoui dans des terrains d’alluvion.

Le fuccin a plusieurs couleurs, depuis le jaune jusqu’au brun, en passant par le rouge ; mais le plus souvent il est d’un jaune-foncé. Il est plus ou moins opaque ; on en trouve de transparent, dont la réfraction est simple. Il a l’éclat de la cire & une cassure conchoïde. Le commerce l’offre en morceaux de diverses grosseurs, dont plusieurs renferment des insectes & autres corps étrangers. Sa pesanteur spécifique est entre 1,075 & 1,085.

Il se fond à une température de 288 degrés centigrades, & coule comme de l’eau. Après le refroidissement, il n’a plus les mêmes propriétés ; ce qui est occasionné par le commencement de décomposition qu’il a éprouvé.

Quand on frotte l’ambre jaune, il répand une odeur agréable, & acquiert, comme les corps résineux, mais plus énergiquement encore, la propriété d’attirer les corps légers, propriété que les physiciens modernes ont nommée électricité, du nom electrum, que les Grecs donnoient à cette substance, peut-être à cause de la ressemblance de sa couleur avec un alliage d’or. Les Latins l’appeloient succinum, parce qu’ils pensoient, suivant Pline, qu’il étoit formé d’un suc résineux. Les Arabes l’appeloient karabé.

On extrait cette substance pour le compte du gouvernement dans la Prusse ducale. L’ambre jaune abondoit autrefois sur le bord de la mer Baltique ; il y accompagnoit des cailloux roulés & différentes substances, surtout du bois fossile. Quelques parties détachées étoient entraînées par les vagues, & les habitans du pays profitoient de la marée montante pour les pêcher avec de petits filets. Depuis quelque temps, le succin est exploité à deux cents pieds de la mer, par le moyen de plusieurs galeries & de quelques puits, dont l’un a 98 pieds de profondeur. On trouve aussi de l’ambre jaune en Allemagne, en France & ailleurs.

Plusieurs substances agissent sur l’ambre jaune ; l’eau le dissout foiblement ; l’alcool en prend depuis jusqu’à de son poids. Les acides sulfurique & nitrique le dissolvent ; le premier produit une liqueur rousse ; le second se décompose en partie : les acides légers n’ont pas d’action sur lui. Il forme un composé savonneux avec la potasse caustique. L’huile grasse le ramollit & le rend propre à être soudé.

Chauffé fortement au contact de l’air, il s’enflamme & brûle avec une flamme d’un jaune-verdâtre, il répand une vapeur jaune-verdâtre d’une odeur agréable. Distillé dans une cornue, il donne du gaz acide carbonique, du gaz hydrogène carboné, de l’esprit de succin, de l’huile de succin & de l’acide succinique.

Un grand nombre de naturalistes considèrent l’ambre jaune comme un suc résineux qui a coulé d’un arbre, & qui, enfoui dans la terre par l’effet de quelque bouleversement, s’est imprégné des vapeurs minérales & salines, &, avec le temps, a pris de la consistance. Cette opinion se rapporte avec la fiction des poëtes anciens, qui feignoient que les sœurs de Phaéton ayant été changées en peuplier, lorsqu’elles déploroient la mort de leur frère, ces arbres avoient continué de répandre, chaque année, des larmes dorées qui étoient autant de gouttes d’ambre jaune ; & avec l’assertion de Martonius, qui rapporte que les chimistes retirent de la résine de sapin une masse semblable au succin.

AMMONIAQUE ; ammonium ; ammonium ; subst. masc. L’un des trois alcalis, & qui se distingue des deux autres par son odeur vive, piquante, & par sa grande volatilité.

Il a déjà été parlé de cette substance sous le nom d’alcali volatil (voyez ALCALI) ; mais comme elle n’étoit pas encore parfaitement connue à cette époque, nous avons cru devoir rapporter ici quelques résultats qui puissent compléter la connoissance que l’on doit en avoir.

On l’obtient ordinairement sous forme gazeuse, transparente & sans couleur. Sa saveur est âcre, caustique, mais plus foible que les alcalis fixes ; il ne détruit pas, comme eux, les matières animales avec lesquelles on le met en contact.

Son odeur est très-piquante ; elle excite le larmoiement : on s’en sert comme excitant dans les cas de foiblesse, soit sous forme liquide, c’est-à-dire, dissous dans l’eau, soit sous forme solide, sous l’état de carbonate ; il est alors vendu sous le nom de sel volatil d’Angleterre.

  1. Annales de Chimie, tom. XLVIII, pag. 68.