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du commerce avoient deux formes cristallines différentes ; que les uns étoient constamment sous forme cubique, & les autres ſous forme d’octaèdre, présuma que cette différence, qui dépend de l’action des molécules, est une des causes de leurs divers effets.

Roard & Thenard observant que de très-petites quantités de fer produisoient de grandes variations dans les teintures, recherchèrent, par la ſynthèse, à composer des aluns analogues à ceux du commerce, puis à essayer leurs actions comparatives. Ils ont trouvé[1] que les aluns purs, auxquels ils ont ajouté de fer, produisoient ſur la cochenille & sur la gaude les mêmes couleurs que l’alun de Rome ; qu’ajoutant de fer aux aluns purs, on avoit des effets semblables à ceux des aluns de Bouvier & de Curaudeau ; qu’en ajoutant , les effets étoient ſemblables à ceux des aluns de Javelle ; & enfin qu’en ajoutant , les effets étoient analogues à ceux des aluns de Liége. Ainsi, tout paroît faire croire que l’action des aluns dans la teinture dépend principalement de la quantité ou de la proportion de fer qu’ils contiennent.

Nous devons observer que l’alun de Rome est ordinairement recouvert d’une couche mince de terre rose, qui est composée, d’après Vauquelin, de

Silice 31

Alumine 61

Oxide de fer & de nickel 8

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& que plusieurs aluns contiennent de l’ammoniaque.

AMALGAMATION ; amalgamatio ; amalgamation ; ſub. fém., de αμα-γαμειν, joindre ensemble. Opération par laquelle on combine le mercure avec l or & l’argent, pour séparer ces deux derniers métaux des substances avec lesquelles ils ſont mélangés dans les mines.

Le mercure a beaucoup d’affinité avec l’or, l’argent, le platine, le plomb, l’étain, le zinc, le bismuth, le cuivre, &c Il ſe combine à froid avec ces métaux & les dissout, mais il n’a aucune affinité avec leur oxide D’après cela, rien n’est plus facile que de combiner l’or, l’argent & le platine avec le mercure, & les séparer ainsi du cuivre, du plomb & des autres métaux avec lesquels ils ſont mélangés.

Il ſuffit de soumettre les métaux à l’action du feu. L’or, l’argent, le platine, laissent dégager leur oxigène s’ils en contiennent ; le cuivre, le plomb & les autres métaux conservent l’oxigène & s’oxident même pendant la calcination. Triturant ensuite ces substances avec du mercure, celui-ci ſe combine avec l’or, l’argent & le platine, & les ſépare des autres métaux oxidés avec desquels ils étoient combinés.

C’est ſur ce principe d’action de l’oxigène que ſont fondées les diverses opérations d’amalgamation, à l’aide desquelles on ſépare l’or, l’argent & le platine.

La propriété qu’a le mercure de se vaporiser à une foible temperature, fait encore employer avec beaucoup d’avantage l’amalgamation pour combiner des métaux ; ainsi, en recouvrant du cuivre avec une couche d’amalgame d’or, exposant ensuite le métal au feu, le mercure s’évapore & l’or reste uni. On peut encore dorer & argenter, &c. en couvrant la surface d’un métal avec du mercure, & plaçant dessus des feuilles d’un autre métal. L’action du feu vaporise le mercure, & les métaux restent unis.

AMBIGÈNE, de αμβι, autour ; & γενναω, engendrer ; ambigena ; ambigène. Espèce d’hyperbole qui a une de ſes branches infinies inscrite & l’autre circonscrite à ſon asymptote.

AMBLIGONE, du grec αμϐλυς, obtus, & γωνια, angle ; ambligonium ; ambligone. Angle obtus qui a plus de 90 degrés, qui est plus grand qu’un angle droit. Voyez ANGLE OBTUS.

Ambligone (Triangle). Triangle qui a un angle plus grand qu’un angle droit.

AMBRE, de l’arabe ambor, dont les Espagnols ont fait ambar, & les Italiens ambra ; electrum, ambra ; agistein, bernstein, amber. Substance combustible. On distingue deux sortes d’ambre, qui ont des couleurs & des qualités, & probablement des compositions différentes, l’Ambre gris & l’Ambre jaune.

AMBRE GRIS ; ambra grisea ; ambre, subst. m. Substance solide, opaque, de couleur grise, entremêlée de taches jaunes & noires, d’une nature de cire ou d’huile concrète, tenace, molle, flexible, très-aromatique. Son odeur est d’autant plus agréable, qu’il a été gardé plus long-temps.

La pesanteur spécifique de l’ambre gris varie, selon Brisson, de 0,78 à 0,92. Il se fond comme la cire, sans former d’écume, mais à une température de 50 degrés centigrades, tandis que la cire jaune fond à 61 degrés ; si l’on porte la chaleur à 100 degrés, il se volatilise sous la forme d’une fumée blanche, & laisse pour résidu une trace de charbon. Il est insoluble dans l’eau ; les acides ont très-peu d’action sur lui ; les alcalis le dissolvent & forment un savon avec lui.

On trouve de l’ambre gris dans l’estomac du cachalot ; on le rencontre nageant sur la mer dans les environs des Moluques, près Madagascar, Sumatra, aux côtes de Coromandel, du Brésil, d’Afrique, de la Chine & du Japon. Les fragmens d’ambre gris que l’on trouve dans le cachalot ont ordinairement une grosseur considérable.

  1. Annales de Chimie tom. LVIII, pag. 83.