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plit le demi-décilitre avec de nouvelle eau, & l’on verse cette eau dans le verre ; on agite & laisse reposer ; on décante la liqueur, dont on emplit un demi-décilitre ; on la vide dans un verre, & l’on sature cette dissolution avec la liqueur d’épreuve.

Cette dernière opération demande beaucoup d’attention, afin de n’employer exactement que la quantité de la liqueur d’épreuve nécessaire. Pour cela, on met un doigt sur l’ouverture b de l’alcalimètre, & l’on incline le tube afin de verser de la liqueur d’épreuve dans la dissolution alcaline : comme l étranglement du tube ne permet à la liqueur de sortir qu’autant qu’il rentre, par l’ouverture b, de l’air pour remplir l’espace vide, on est maître de laisser sortir la liqueur aussi lentement que l’effervescence le nécessite.

Les plus mauvaises potasses exigeant au moins 20 grammes ou 40 divisions de la liqueur d’épreuve pour être saturées, on continuera donc de verser, jusqu’à ce que l’on s’aperçoive que l’on a vidé cette quantité ; alors, après avoir remué la dissolution avec un brin de bois, on en prendra une goutte, avec laquelle on touchera un morceau de papier teint d infusion de violette ; & si le liquide verdit le papier, on versera un peu de nouvel acide, puis on essayera encore la dissolution ; on continuera à verser de la liqueur d’épreuve & à essayer la dissolution jusqu’à ce qu’elle ne verdisse plus le papier ; alors on redressera le tube, & l’on remarquera combien on a versé de liqueur d’épreuve, d’après le degré auquel le niveau de la liqueur correspondra.

Plus l’alcali sera fort, plus il contiendra d’alcali réel, & plus il emploîra de liqueur d’épreuve pour être saturé. Mais quelle que soit cette quantité, indiquée par la graduation, l’auteur de l’alcalimètre conclut que le degré indiqué par l’instrument fait connoître le nombre de centièmes de son poids effectif d’acide sulfureux à 66 degrés que l’alcali a employé, & voici comme il le prouve.

Nous avons, d’une part, mis en dissolution 10 grammes ou cent décigrammes de sel, & comme on n’a employé que la moitié de la dissolution, on n’a saturé que 100 demi-décigrammes de ce sel ; de même on a versé, dans l’alcalimètre, 36 grammes de la liqueur d’essai, que l’on divise en 72 parties égales ; chaque partie contient donc un demi gramme de liqueur ; mais cette liqueur est composée de 9 parties d’eau sur une d’acide à 66 deg. ; elle ne contient donc qu’un dixième d’acide, & chaque degré un demi-dixième de gramme d’acide effectif, & par suite un centième de l’alcali dissous : chaque degré d’acide d’épreuve employé correspondra donc à un centième de la potasse éprouvée.

Pour essayer les soudes, les cendres de Sicile, les bourdes, les védasses, le natron, les cendres de tabac, il faut les pulvériser, afin de faciliter leur dissolution.

J’ignore la cause qui a déterminé l’auteur de cet instrument à faire les essais des soudes sur une quantité un peu plus considérable que pour les potasses, ce qui rompt le rapport établi entre les proportions d’acide saturant & les quantités d’alcalis saturés. Decroisil propose de faire les essais sur 10 grammes & demi.

À la suite de la description de son alcalimètre, l’auteur indique les degrés ordinaires des diverses soudes du commerce ; les resultats de plusieurs milliers d’essais faits pendant vingt-cinq années lui ont donné :

Potasse d’Amérique, 1re. sorte, de 60 à 63cent.

Potasse caustique, en masse rougeâtre, d’Amérique, 1re. sorte 60 — 63

Potasse d’Amérique, 2e. ſorte 50 — 55

Potasse caustique, en masse grisâtre, d’Amérique, 2e. sorte 50 — 55

Potasse blanche de Russie 52 — 58

Potasse blanche de Dantzick 45 — 52

Potasse bleue de Dantzick 45 — 52

Soude d’Alicante 20 — 23

Natron 20 — 23

Soude & natron de qualité inférieure 20 — 23

Un bon alcalimètre devroit indiquer la quantité réelle d’alcali contenue dans le sel que l’on eprouve ; celui-ci n’indique que les proportions d’acide employées pour saturer l’alcali : ce rapport pourroit suffire, si le mode d’essai ne présentoit d’ailleurs quelqu’imperfection.

Les alcalis du commerce sont composés : 1o. d’alcali ; 2o. de muriate & de sulfate de potasse & de soude ; 3o. de terre calcaire, de magnésie, &c. Les deux premiers sels se dissolvent dans l’eau ; les terres restent & forment une masse, un précipité insoluble.

En saturant un demi-décilitre de la dissolution décantée, on ne sature pas la moitié de la dissolution alcaline, car l’autre demi-décilitre contient de la dissolution & le précipité ; la quantité de dissolution est d’autant moindre, que celle du précipité est plus considérable : on sature donc plus que la moitié de la dissolution, & ce plus est variable & indéterminé, d’où il suit que l’on ne peut pas regarder l’essai comme donnant un résultat exact & comparatif

Vauquelin avoit fait connoître, long-temps avant que Decroisil publiât son alcalimètre, une méthode d’essayer les potasses beaucoup plus exacte, en ce qu’elle donnoit la quantité positive d’alcali qu’elle contenoit. Voici en quoi consiste cette méthode[1].

On prend une quantité quelconque de potasse purifiée à l’alcool & bien sèche ; on la sature exactement avec de l’acide nitrique dont la densité est déterminée, soit avec l’aréomètre, soit avec la

  1. Annales de Chimie, tom. XL, pag. 274 & ſuivantes.