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explication fut adoptée, & l’oxigène fut regardé comme l’alcaligène, comme le principe alcalifiant.

Soumettant par voie de synthèse le potassium & le sodium à l’action de l’oxigène, celui-ci se combine promptement avec la base, & régénère la potasse & la soude. La combinaison avec le potassium peut se faire à la température ordinaire ; il ne se dégage point de lumière, & la chaleur n’est sensible qu’au commencement de l’expérience. Pour faire combiner l’oxigène avec le sodium, il faut élever ce dernier à une haute température & c’est au moment où le métal entre en fusion, que la combustion a lieu en produisant beaucoup de chaleur & de lumière. Voyez POTASSIUM, SODIUM, BARIUM, CALCIUM, STRONTIUM.

Voilà donc que l’oxigène qui, depuis les belles expériences de Lavoisier, avoit été considéré comme le principe acidifiant, se trouve être aussi le principe alcalifiant : aussi l’oxigène devient le principe de deux propriétés que l’on avoit regardées comme opposées.

Parmi les alcalis, il en est un qui paroît devoir ses propriétés à une autre cause, c’est l’alcali volatil ; car quelles que soient les recherches qui ont été faites pour y trouver de l’oxigène, elles ont été sans succès : on peut voir à ce sujet les belles expériences de Berthollet fils[1]. Cependant Davy voulant absolument y admettre cette substance, a pensé que l’hydrogène & l’azote pouvoient bien n’être que les oxides d’un même métal, auquel il a donné le nom d’ammonium. Berzelius & plusieurs autres chimistes ont adopté cette opinion, & ont cherché à la fortifier de toutes les raisons que fournit l’analogie. Mais toutes ces raisons ne sont pas assez puissantes pour admettre l’oxigène comme un de ses principes constituans.

Nous voyons ici comment un esprit de système peut égarer des hommes doués d’une haute intelligence, & qui ont rendu de grands services aux branches de connoissances qu’ils cultivent : Newton a bien proscrit l’achromatisme des lunettes !

Si l’hydrogène contenoit de l’oxigène, comme le suppose Davy, quelle action joueroit cet oxigène dans l’hydrogène sulfureux & dans les acides hydro-chlorique & hydriodique ?

Tant que l’existence de l’oxigène ne sera pas prouvée dans l’ammoniaque, on sera obligé de considérer l’hydrogène ou l’azote comme étant le principe alcalisant. Si c’est l’hydrogène, alors cette substance produit, comme l’oxigène, deux effets différens ; elle devient principe acidifiant & principe alcalifiant, & la combinaison de ces deux principes forme de l’eau qui ne jouit d’aucune des deux propriétés.

Dans le cas où l’azote seroit l’alcalifiant de l’ammoniaque, il en résulteroit que l’azote combiné avec l’oxigène deviendroit un acide, & avec l’hydrogène un alcali.


ALCALIMÈTRE ; alcalimetrum ; alkalimeter ; subst. masc. Instrument avec lequel on mesure le degré de force, ou la quantité d’alcali que contient le sel du commerce que l’on vend sous ce nom.

Decroisil est l’auteur de cet instrument. Sa méthode est fondée sur la supposition que les alcalis purs sont saturés chacun par une proportion déterminée d’acide sulfureux à un degré donné.

L’alcalimètre de Decroisil[2] se compose d’un tube de verre a c (fig. 96), gradué de manière à ce qu’il indique la quantité du volume d’acide qu’il contient. Le tube doit avoir environ 25 centimètres de long, & 15 millimètres de diamètre. La partie inférieure est fermée hermétiquement ; la partie supérieure est étranglée, & de manière à former un entonnoir & à forcer le liquide à s’écouler lentement par une ouverture presque capillaire de 15 millimètres environ. Au-dessous du col en b est un trou pour permettre l’entrée ou la sortie de l’air, en vidant ou en remplissant le tube.

Pour faciliter le transport de cet instrument, on le place dans une espèce d’étui sans fond & en fer-blanc, ayant un couvercle e ; la seconde partie est un tube ouvert par les deux bouts ; un renflement g g sert à fixer le couvercle.

Ce tube doit contenir aisément 38 grammes d’acide sulfurique préparé, comme il va être indiqué, & chaque division doit correspondre à 5 décigrammes de la liqueur.

Comme il est nécessaire que l’acide employé soit toujours au même degré de concentration, & qu’il soit en même temps assez affoibli pour ne pas se combiner avec trop de précipitation, on prépare à l’avance une provision d’acide composé d’une partie d’acide sulfurique au 66e degré de l’aréomètre de Baumé, & de 9 parties d’eau : cet acide se nomme liqueur d’épreuve.

On verse d’abord, dans le tube, {unité|2|grammes}} de la liqueur d’épreuve, & l’on marque 72 ; puis on introduit, par demi-gramme, 36 grammes de l’acide, ce qui produit 72 divisions que l’on marque successivement, en écrivant 0 à la dernière & 72 à la première. Pour vérifier la division, on vide le tube, on y remet de nouvel acide jusqu’à la division 72, puis on y verse 36 grammes d’acide en une seule fois, alors le tube doit être rempli jusqu’au point 0.

Quand on veut essayer un alcali, de la potasse, par exemple, on en pèse un décagramme, & l’on verse dessus les d’un demi-décilitre d’eau environ. Lorsque l’alcali est dissous, on met la dissolution dans un demi-décilitre, que l’on remplit d’eau ; alors on le vide dans un verre conique, on rem-

  1. Mémoires d’Accueil, tome II, pag. 268.
  2. Annales de Chimie, tom. LX, pag. 23 & suivantes.