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ville, 12 deniers ou heller ; il faut 78 deniers pour un rixdaler courant, & 80 pour un rixdaler espèce. L’albus vaut en livre & franc de France :

Livre. Franc.

À Francfort-sur-le-Mein 0,0882 0,0871

À Cologne 0,0496 0,0490

L’albus de Francfort vaut 8 pennins ; il en faut 45 pour un rixdaler courant, 60 pour un rixdaler de convention, & 66 pour le vieux rixdaler espèce.


ALCALIGÈNE ; alcaligenium ; alkalistoff ; subst. mas. Substance que l’on a regardée comme devant être le principe alcalisant.

Il se forme journellement du nitre à base de potasse, & du muriate à base de soude, dans des masses calcaires qui ne contiennent aucun indice de potasse ni de soude, ou au moins aucune partie qui puisse être reconnue par les agens chimiques dont on fait usage. Cette formation ayant porté Hassenfratz & Adet à croire que les élémens de la potasse & de la soude devoient se trouver dans l’air, dont la circulation contribue efficacement à la formation des sels à base de potasse & de soude, ces deux chimistes entreprirent, chez le célèbre Lavoisier, une suite d’expériences longues & délicates pour découvrir, s’il étoit possible, les substances qui contribuoient à leur formation.

Faisant connoître, chez Lavoisier, à plusieurs chimistes, parmi lesquels se trouvoit Fourcroy, les essais qu’ils avoient déjà faits, les resultats qu’ils avoient obtenus & les nouvelles expériences qu’ils se proposoient d’entreprendre, afin de les soumettre aux lumières des savans réunis chez le restaurateur de la science chimique, & en obtenir des conseils qui pussent les guider dans la marche qu’ils devoient suivre, ils firent remarquer que celui des trois alcalis que Berthollet avoit analysé (l’ammoniaque), étoit composé d’hydrogène & d’azote ; que l’azote étant une des parties constituantes de l’atmosphère, une foule de probabilités, réunies aux résultats qu’ils avoient obtenus, les portoit à présumer que l’azote devoit être le principe alcalisant.

Cette conclusion fit un tel effet sur l’esprit de Fourcroy, que, quelques jours après, il annonça dans une de ses leçons à l’Athénée de Paris, que l’azote devoit être le principe alcalifiant ; il lui donna alors le nom d’alcaligène. Apprenant par-là qu’il s’attribuoit d’avance une découverte qui n’étoit pas encore faite, & qui n’avoit pu être conclue qu’en raisonnant sur des probabilités, Hassenfratz & Adet cessèrent la continuation de leurs expériences : ils arrêtèrent & troublèrent même des expériences qui avoient été commencées depuis long-temps, & dont le résultat ne devoit être observé que long-temps après ; ils détruiſirent leur appareil, & cessèrent de s’occuper de cet objet.

L’opinion de Fourcroy fut présentée avec ce charme persuasif & entraînant qu’il mettoit dans toutes ſes leçons : ses auditeurs l’adoptèrent, & bientôt plusieurs chimistes partagèrent l’opinion du célèbre professeur.

Mais les expériences étoient discontinuées, arrêtées ; personne ne s’occupoit de recherches directes & positives sur cette question importante : aucuns faits ne venant confirmer la brillante opinion qui avoit été répandue primitivement, — Fourcroy fut obligé de rétrograder, & d’avouer qu’il avoit mis trop d’empressement à annoncer un principe qui étoit loin encore de pouvoir être prouvé.

Alors Fourcroy imprima[1] : « J’ai soupçonné & annoncé le premier, en 1789, que l’azote, élément bien reconnu de l’ammoniaque, pouvoit bien être le principe général des alcalis, l’alcalifiant ou l’alcaligène. C’est d’après moi que plusieurs chimistes ont regardé, mais trop précipitamment sans doute, cette opinion comme une vérité démontrée. Je dois donc dire ici que, quoique ce soupçon n’ait été renversé par aucune tentative, il n’a pas non plus été converti en un fait prouvé par aucune expérience positive ; que les recherches que l’on a faites pour l’appuyer n’ont point eu encore le succès que j’en avois auguré, & que pour l’admettre comme un point de doctrine, il manquoit une suite de données expérimentales. »

Depuis cet instant, personne ne s’est plus occupé de la décomposition de la potasse & de la soude, & ces deux substances ont été regardées comme simples.

En 1807, Davy soumit la potasse & la soude à l’action de la pile galvanique, & il remarqua qu’il obtenoit par ce moyen deux substances différentes : 1o. de l’oxigène ; 2o. une substance métallique, à laquelle on donna le nom de sodium ou de potassium, selon la nature de l’alcali d’où elle avoit été obtenue. Gay-Lussac & Thenard répétèrent les expériences de Davy avec le même succès : ils ont séparé également le potassium & le sodium en traitant la potasse & la soude avec le fer. Voyez POTASSIUM, SODIUM.

L’action de la pile voltaique appliquée à la chaux, à la baryte, à la strontiane, produisirent de semblables résultats.

Comme il existe de l’eau dans la potasse & dans la soude, & que l’on mouille la chaux, la baryte & la strontiane pour les soumettre à l’action galvanique, on pouvoit expliquer de deux manières ce qui se passe dans l’experience : 1o. que l’eau se decompose, que l’oxigène se dégage, & que l’hydrogène se combine à l’alcali ou à la terre alcaline ; 2o. que l’action de la pile décompose les alcalis & les terres, que l’oxigène s’en dégage, & que la terre reste pure. Cette dernière

  1. Système des Connoissances chimiques, tom. II, p. 186.